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Législatives : l’amour plus fort que la peur

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Benoist de Sinety - publié le 16/06/24
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Que répondre aux violences politiques enracinées dans la peur, dont l’affrontement rend le débat impossible ? Le père Benoist de Sinety rappelle l’un des messages de Françoise Hardy : sans espoir nous ne sommes rien, l’amour est plus fort que la mort.

Dans les années 1960, le magazine américain Rolling Stones publia la liste des 200 plus grands chanteurs dans le monde. Un seul Français figurait au palmarès, à la 162e place. Il s’agissait d’une femme, Françoise Hardy, qualifiée par la rédaction de « superstar internationale ». Compositrice, musicienne, chanteuse, auteure : la silhouette élégante, la voix profonde, la présence rare et toujours distinguée, elle chantait avec mélancolie et romantisme le possible du bonheur et l’espoir d’un demain malgré les souffrances et la mort.

Où puiser l’espoir ?

Sa mort, justement, au moment où le pays bascule dans quelque chose d’invraisemblable et d’inquiétant nous donne de réécouter certaines de ses chansons et d’entendre certaines interventions de cette dame plutôt conservatrice, à la douceur amusée. « On est bien peu de choses et mon amie la rose me l’a dit ce matin... Moi j’ai besoin d’espoir sinon je ne suis rien » : ce bien peu de choses qui a besoin d’espoir, n’est-ce pas chacun d’entre nous ?

La pensée ne s’exprime plus sinon par la tactique. La réflexion ne se partage plus sinon sous forme marketée. La dispute ne se manifeste que de manière pulsionnelle.  

Dans ces moments obscurs, la question qui se pose n’est-ce pas de savoir où puiser cet espoir, auprès de qui, à quel prix ? Un ami m’envoie ces lignes lues dans Le Fédéraliste. L’ouvrage recense les 85 essais écrits par différents auteurs américains sous le pseudonyme commun de Publius entre 1787 et 1788. Le but était de convaincre alors les électeurs américains de ratifier le projet de constitution des États-Unis avec un souci du débat et des opinions adverses qui nous fait trouver décidément bien vides nos babillages actuels.

Un torrent de passions colériques et malignes de déchaînera. À en juger par la conduite des parties opposées, nous serons amenés à conclure qu’elles espéreront mutuellement témoigner de la pertinence de leurs opinions et à accroître le nombre de convertis par la clameur de leurs déclamations et l’aigreur de leurs invectives. [...] D’un côté, on oubliera que la jalousie est la compagne habituelle de l’amour, et que le noble enthousiasme pour la liberté peut être infesté par un esprit de méfiance étroit et peu libéral. D’un autre côté, on oubliera également que l’énergie d’un gouvernement est essentielle pour garantir la liberté ; que pour un jugement posé, sain et bien informé on ne peut séparer leurs intérêts ; que des ambitions dangereuses se dissimulent sous le masque spécieux du zèle pour les droits des peuples plus souvent que sous les apparences menaçantes du zèle pour la fermeté et l’efficacité du gouvernement. L’histoire nous apprend que le premier a bien plus souvent que le dernier, ouvert la route au despotisme : que parmi les hommes qui ont renversé les libertés des républiques, le plus grand nombre a commencé sa carrière par une cour obséquieuse au peuple, débutant comme démagogues pour terminer en tyrans. (Le Fédéraliste, éd. Classiques Garnier, p. 79-80).

Le débat impossible

En relisant ces phrases, il saute aux yeux que le plus sidérant dans ce qui nous arrive n’est pas d’abord la montée des extrêmes et la corruption morale des partis de gouvernement. L’une et l’autre sont comme les conséquences de l’impossibilité où nous nous trouvons de pouvoir débattre, dialoguer, communiquer de manière civilisée, en un mot, de faire société. La pensée ne s’exprime plus sinon par la tactique. La réflexion ne se partage plus sinon sous forme marketée. La dispute ne se manifeste que de manière pulsionnelle.

Une société ne peut vivre sans idéal et sans inspiration. En remplaçant le premier par la satisfaction du désir, et le second par les séries Netflix, nous en arrivons là où nous en sommes.

Nous voici alors convoqués à choisir entre deux formes de violences. Et cela n’est pas acceptable. Ce qui semblait inimaginable il y a quelques jours encore semble devenir l’horizon dans un climat de crise de nerfs collective. Ces deux formes d’une même violence s’enracinent dans la peur. L’important n’est pas d’analyser ces peurs, elles sont connues : insécurité de toutes sortes, effondrements devenus désormais effectif des repères ancestraux, sentiment de n’être plus protégé ni considéré... 

L’amour plus fort que la peur

Il s’agit maintenant de chercher à y répondre de manière intelligente. Ce qui, est, de nos jours, un défi ! Et cela ne se fera que si l’on accepte que les traditions de sagesse et de foi puissent y apporter leurs pierres, avec d’autres, mais de manière claire. Une société ne peut vivre sans idéal et sans inspiration. En remplaçant le premier par la satisfaction du désir, et le second par les séries Netflix, nous en arrivons là où nous en sommes.

Il est réjouissant de voir fleurir ici ou là des collectifs de jeunes qui, s’appuyant sur la philosophie et sur leur espérance chrétienne, cherchent à retrouver ce Chemin de justice et de vérité qui est autrement plus sûr que les fausses routes où nous poussent nos paniques et nos désirs farouches de trouver à nos maux, toujours, autant de boucs émissaires. « Il y a tant de belles choses que tu ignores. La foi qui abat les montagnes. La source blanche de ton âme. Penses-y quand tu t’endors : l’amour est plus fort que la mort. Dans le temps qui lie ciel et terre, se cache le plus beau des mystères. Penses-y quand tu t’endors : l’amour est plus fort que la mort » chante pour toujours Françoise Hardy.

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