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On commence à y voir clair : il existe des ministres inconnus qui n’ont en matière de morale politique aucune ligne rouge, ou plutôt dont la seule ligne rouge est celle qui protège leur amour propre de ministre inconnu. Ce qu’exprime Sarah El Haïry, inconnue ministre déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et de la Famille, nous fait frémir. Elle souhaite, avec cette fausse bienveillance qui fut celle de Saint-Just appelant au bonheur pour ne préparer que la mort, « ouvrir le débat » sur la gestation pour autrui (GPA).
« On nous a souvent fait le coup »
« Ouvrir le débat » sur des questions de ce genre, nous avons d’expérience où cela nous conduit. Nous l’avons vu sur le mariage, sur l’IVG, sur la fin de vie : « Quand je délibère, les jeux sont faits », disait Jean-Paul Sartre. On nous a souvent fait le coup : le PaCS était censé nous mettre à l’abri du mariage pour tous, le mariage pour tous à l’abri de la PMA, la PMA à l’abri de la GPA. Jacques Chirac l’avait prédit en 1999 : « Le PACS est une formule inadaptée aux besoins des familles car elle ne reconnaît pas la valeur de l’engagement » et aussi : « Il existe d’autre façons d’apporter des solutions raisonnables aux problèmes rencontrés par les couples homosexuels. »
Le gouvernement Jospin était passé en force : il a fait croire que le PaCS serait le rempart du mariage. Un jour, on nous présentera la GPA comme le rempart contre le transhumanisme. Que le président Emmanuel Macron ait redit, avec une constance qui chez lui est assez rare pour nous surprendre, qu’il n’avait jamais changé d’avis et qu’il restait définitivement contre la GPA car elle « met en question la dignité du corps de la femme et sa marchandisation » n’effraie nullement Sarah El Haïry. Le gouvernement est devenu une cour d’école où chacun parle à tort et à travers pendant que le proviseur fait une conférence ailleurs. Parlons de la GPA, avançons, cédons à l’air du temps, courons dans les bras du Prince de ce monde !
D’autres digues sont en train de céder
Comme toujours en matière sociétale, nous assistons à une étrange danse des opinions. Une partie de la gauche qui se faisait championne de l’indignation contre le commerce des ventres est en train de changer d’indignation : elle s’étrangle qu’il puisse encore exister des mamans, de vraies mamans genrées, capables d’engendrer un enfant qui aurait aussi un papa. Un papa et une maman : quelle idée réactionnaire ! Cachez-moi ce couple hétérosexuel que je ne saurais voir ! Certains au gouvernement en appellent à une GPA « éthique », entendez par là une GPA facturée à un tarif raisonnable. À ce train, on va bientôt nous inviter à un débat sur le rétablissement de la peine de mort, pourvu que celle-ci soit éthique, exécutée sur une chaise électrique fonctionnant exclusivement avec une électivité verte ou avec un guillotine recyclée et respectueuse de l’environnement.
Ne soyons pas naïfs : quand un gouvernement prétend délibérer sur une régression sociétale, comme le serait l’autorisation de la gestation pour autrui en France, il a déjà cédé. Cependant le débat officiel n’est pas lancé. Nous sommes encore à l’heure où rien n’est perdu. Il est significatif que les propos les plus forts contre la GPA aient été ceux d’une femme de gauche, Sylviane Agacinski, et qu’un jeune député insoumis comme Louis Boyard ait eu le courage de rappeler que « la marchandisation des corps n’est pas acceptable ». Mais d’autres digues sont en train de céder. François Ruffin, qui il y a un an se disait contre la GPA, désormais se tait. D’où vient ce sourd changement ? De la peur, comme toujours. De la peur de n’être pas moderne. À ce compte, et à bout d’arguments, nous devons nous préparer à entendre les futures Sarah El Haïry nous lancer un jour à la figure, comme le général Millan-Asray, « vive la mort ! » Au moins ce sera clair.