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Après la Résurrection, le “leadership de l’amour”

ENTREPRENEUR
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Hubert de Boisredon - publié le 01/04/24
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La fête de Pâques n’est pas simplement spirituelle, hors du temps et de notre action dans le monde. Pour le chef d’entreprise Hubert de Boisredon, la résurrection du Christ appelle les dirigeants à se libérer des pressions de « l’homme ancien » pour exercer leur leadership de « manière nouvelle ».

Durant la veillée pascale, plusieurs textes ont interpellé le dirigeant d’entreprise que je suis. Parmi ceux-ci, cette phrase de la lettre de Paul aux Romains m’a interrogé : « Si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts »… et la lecture poursuit : « Nous le savons : l’homme ancien qui est en nous a été fixé à la croix avec lui pour que le corps du péché soit réduit à rien, et qu’ainsi nous ne soyons plus esclaves du péché » (Rm 5, 3b-11). 

Qu’est-ce que cela signifie-t-il pour les dirigeants, leaders et acteurs dans la société ? Quel est ce dirigeant « ancien » mis au tombeau avec le Christ ? Et quelle est cette vie nouvelle promise à ceux qui croient dans la résurrection du Christ ? Ensuite, dans l’Évangile de Marc (16, 1-7), il nous est annoncé que la « très grande » pierre placée devant le tombeau du Christ a été roulée... Quelles impasses dans nos responsabilités de dirigeants cette pierre représente-t-elle ? Et que signifie le fait qu’elle ait été roulée ? Quelle promesse pour notre manière d’être et de diriger ?

Une pression à tous les étages

Nous le savons, le dirigeant d’entreprise ou d’organisations est soumis à de nombreuses injonctions et contradictions. Son leadership s’appuie souvent sur un tempérament volontaire, actif, parfois dominant, qui le conduit naturellement à exercer une forme de pouvoir sur les structures et les personnes qu’il dirige. Par ailleurs, la loi économique le pousse à privilégier la rentabilité de son entreprise, ce qui n’est pas mauvais en soi. Mais la chaîne des intérêts des salariés, des actionnaires, des fonds d’investissement et des placements de retraite pour les épargnants, chacun étant intéressé par la maximisation de son profit, induit une pression à tous les étages. Qu’on le veuille ou non, l’optimisation financière prend une place prépondérante dans l’action du dirigeant. Sa réussite est le plus souvent jugée selon sa capacité à maximiser les profits de la structure qu’il dirige. 

De nombreux dirigeants et leaders se retrouvent divisés en eux-mêmes. D’un côté, beaucoup d’entre eux formulent un idéal qu’ils cherchent à suivre. Et de l’autre, les actes ne sont pas cohérents avec cet idéal.

Enfin, les médias et les réseaux sociaux invitent à cultiver son image. Les prix décernés au meilleur dirigeant, les comparaisons, la culture des sondages pour les leaders politiques, tout cela stimule la préoccupation de veiller à maintenir la meilleure image de soi-même, au point parfois de composer avec son propre idéal et de ne plus agir librement vis-à-vis de ses convictions profondes. Ainsi, de nombreux dirigeants et leaders se retrouvent divisés en eux-mêmes. D’un côté, beaucoup d’entre eux formulent un idéal qu’ils cherchent à suivre. Et de l’autre, les actes ne sont pas cohérents avec cet idéal. D’où un tiraillement plus ou moins conscient qu’ils ne parviennent pas à éviter et qui pour beaucoup est une souffrance. 

La pierre de nos entraves

Cette pierre qui bloque le tombeau symbolise nos impasses, tout ce qui justement nous empêche d’être nous-mêmes, d’être simples et vrais dans notre manière d’exercer notre leadership, notre pouvoir. L’homme ancien est le dirigeant instrumentalisé — parfois de son propre fait — par cette domination de l’argent, du pouvoir et de l’image, au point d’être devenu esclave d’un monde extérieur qui va valoriser la gloire et un succès gagné par des comportements éloignés de son être profond. Chacun de nous — moi y compris — peut s’y reconnaître à des degrés divers.

Notre guide désormais, au lieu d’être le désir d’argent, de pouvoir et de gloire, peut devenir l’Esprit Saint qui souffle et qui nous invite à le suivre.

Ces textes nous questionnent sur notre vie. Quel est le but de notre vie de dirigeants et de leaders ? Est-ce la richesse, le pouvoir, l’image et la gloire ? Ou est-ce autre chose de plus profond qui sommeille en nous ? Allons-nous « déserter » notre idéal ou nous y « engager » ? Ce jour de Pâques est une bonne nouvelle pour les leaders et dirigeants ! Le Christ vient nous délivrer de nos entraves ! Il fait rouler la pierre qui bloque la vie de notre être, la réalisation de notre idéal le plus profond et l’amour de notre cœur. Le dirigeant ancien, et la dirigeante ancienne que nous sommes, ont été fixés sur la croix avec Jésus, pour que nous ne soyons plus esclaves de nos injonctions et de nos illusions, mais que nous devenions pleinement libres de suivre la voie de nos aspirations profondes. Notre guide désormais, au lieu d’être le désir d’argent, de pouvoir et de gloire, peut devenir l’Esprit Saint qui souffle et qui nous invite à le suivre.

Le leadership de l’amour

Quel est le but de notre vie ? Jésus nous indique la voie : aimer. Qu’est-ce que cela signifie pour les dirigeants ? Ce n’est pas de devenir des « bisounours ». Il s’agit plutôt de nous laisser mouvoir de l’intérieur par l’amour. Ai-je de l’amour pour mes collaborateurs ? Ai-je le souci de leur épanouissement et de leur croissance ? Ai-je un désir profond de servir le monde pour le transformer ? Suis-je libre au regard de l’argent que je pourrais gagner, du pouvoir qui m’est confié et de mon image ? Suis-je libre d’oser affirmer mes convictions avec courage et vérité ? Ou vais-je y renoncer pour préserver ma position et assurer de demeurer dans « la ligne du parti » pour être bien vu ?La résurrection du Christ vient libérer en nous le « leadership de l’amour ». Le croyons-nous ? Ce n’est pas un amour mièvre, mielleux, romantique. Non, il s’agit d’un amour courageux, solide, fort, qui ouvrira en nous de nouvelles perspectives pour nos équipes et nos entreprises. Ce qui sera différent sera le but et la manière de le faire. Nous n’agirons plus simplement pour nous, pour notre carrière et notre gloire, mais par souci du bien de notre organisation et du bien commun de la société. Alors notre action prendre tout son sens, et notre leadership également ! Allons nous aussi annoncer cette bonne nouvelle à « nos frères et sœurs » qui agissent dans le monde économique, associatif et politique : en pratiquant ce leadership de l’amour au cœur du monde, « nous verrons le Christ » (Mt 28, 8-15) et nous agirons avec Lui !

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