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Le pape François a effectué un voyage apostolique en Mongolie du 1er au 4 septembre. Curieuse destination quand on sait qu’il s’agit d’un des pays les moins catholiques du monde mais destination cohérente quand on sait que la Mongolie est enclavée entre la Russie et la Chine, l’objectif que François ne cesse d’avoir en ligne de mire tant l’avenir du monde s’y joue. La Mongolie est un État grand comme trois fois la France mais qui ne compte que 3 millions d’habitants, parmi lesquels une petite communauté catholique de 1.400 âmes, encadrée par 25 prêtres dont seulement deux Mongols. L’évêque de toute la Mongolie, Mgr Giorgio Marengo est lui-même italien. Il est aussi le plus jeune cardinal de l’Église catholique.
Respect de la Création
Sans doute le Pape a-t-il voulu, par ce voyage, montrer à nouveau l’importance qu’il accorde aux périphéries dont la Mongolie est une illustration frappante, à la fois par son éloignement et par la petitesse de sa communauté catholique. Celle-ci, accueillie dans la cathédrale Saint-Pierre-Saint-Paul d’Oulan-Bator, en forme de yourte, n’a pu qu’être enthousiaste à recevoir le chef de l’Église dont la présence a aussi suscité l’intérêt des autres confessions, à commencer par la religion dominante, le bouddhisme, pour laquelle le catholicisme ne constitue en aucun cas une menace à son hégémonie. Même attitude de la part du gouvernement mongol dont le pays, une fois n’est pas coutume, a été placé sous les feux de l’actualité. Comme tout régime issu de longues années d’athéisme d’État, une certaine prudence subsiste à l’égard des religions mais dans le cas présent, l’avantage de recevoir une personnalité connue du monde entier l’a emporté sur toute autre considération.
Indépendamment de tous ces engagements qui sont effectivement au cœur de la mission de l’Église, le voyage du pape François a également revêtu un caractère politique.
À l’occasion de ce voyage, le Pape en a profité pour marteler les messages qui lui tiennent à cœur, à commencer par la protection de l’environnement, surtout en ce mois plus spécialement consacrée au respect de la Création. Ainsi le Pape a-t-il salué la tradition mongole de vie en harmonie avec la nature, prônant, une nouvelle fois, un "engagement urgent et désormais incontournable en faveur de la protection de la planète Terre". Il a également lancé un appel contre la corruption qui représente "une menace sérieuse pour le développement de tout groupe humain, en se nourrissant d’une mentalité utilitariste et sans scrupule qui appauvrit des pays entiers".
Message à la Chine
Comme dans bien des pays où le catholicisme est en situation minoritaire, ses membres se rendent visibles par leur action caritative. Le cardinal Marengo avait rappelé avant le voyage du pape que "70% de l’activité de l’Église sont des œuvres sociales, à travers cette attention au prochain dans l’esprit de l’Évangile qui est celui de la gratuité". Pour autant, devant le Saint-Père, sœur Salvia Mary Vandanakara, religieuse de Mère Teresa, n’a pas caché la difficulté de sa tâche.
Le Saint-Père a certes fait allusion à l’accord bilatéral en cours de négociation entre le Saint-Siège et la Mongolie mais il est évident que sa pensée allait aussi et peut-être surtout vers son grand voisin du Sud où la situation des catholiques reste précaire.
Indépendamment de tous ces engagements qui sont effectivement au cœur de la mission de l’Église, le voyage du pape François a également revêtu un caractère politique. Outre sa rencontre avec le président Mongol, Ukhnaa Khurelsukh, le Pape a distillé des messages indirectement destinés aux deux États limitrophes de la Mongolie, la Russie et surtout la Chine. Un an après son voyage au Kazakhstan, le déplacement à Oulan-Bator a été une nouvelle occasion pour François de se rapprocher de l’Empire du Milieu où il espère, en dépit de son âge et de sa santé, mettre le pied un jour.
En demandant "une législation clairvoyante et attentive aux besoins concrets" de la communauté catholique, le Saint-Père a certes fait allusion à l’accord bilatéral en cours de négociation entre le Saint-Siège et la Mongolie mais il est évident que sa pensée allait aussi et peut-être surtout vers son grand voisin du Sud où la situation des catholiques reste précaire, avec ses deux Églises, la nationale et la souterraine, qui ne sont pas sans rappeler l’opposition entre l’Église constitutionnelle et l’Église réfractaire à l’époque de la Révolution française.
Dans les pas de Matteo Ricci
Bien qu’Argentin mais d’origine italienne et aussi jésuite, on sait l’admiration du pape François pour le missionnaire jésuite italien, Matteo Ricci (1552-1610) qui fit découvrir la Chine à l’Occident et entama un processus d’évangélisation du peuple chinois dans le respect de sa culture et de sa tradition. Pour parachever son œuvre, il faudra néanmoins encore de longues manœuvres d’encerclement avant de forcer le passage vers la Cité interdite à la libre expression de la foi.