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Pourquoi je t’aime, ô Thérèse !

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Hélène Mongin - publié le 28/04/23
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Éditrice de Thérèse de Lisieux, Poésies et Prières (Éd. de l’Emmanuel, 2022), Hélène Mongin s’est inspirée du grand poème de Thérèse : "Pourquoi je t’aime, ô Marie" (PN54) pour lui dire à sa manière son affection spirituelle.

"Oh ! je voudrais chanter, Thérèse, pourquoi je t’aime, Pourquoi ton nom si doux fait tressaillir mon cœur…"

Je t’aime parce que tu es ma sœur.

Comme ton cœur tressaillait au nom de notre Mère, le mien tressaille d’une joie profonde, unique, quand j’entends ton nom, Thérèse. Tu avais écrit : "Je suis ta sœur et ton amie, toujours je veillerai sur toi" (RP1, 12v°) et désormais, tu redis cette phrase à chacun d’entre nous. Je t’aime, toi qui t’es faite la petite sœur universelle. Je ne crois pas qu’il y ait dans toute l’histoire de l’Église un autre saint qui ait su comme toi se faire proche de millions de personnes de toutes conditions, nationalités, voire même religions… Tu crées avec chacun une relation forte, personnelle, pleine de tendresse et d’attentions. Tu es la meilleure des amies mais aussi, profondément, une sœur. Avec toi, ce sont les liens du cœur et du sang, ce sang du Christ que tu as recueilli au pied de la Croix, et qui nous rassemble en un seul Corps.

Je t’aime parce que tu es vraiment la fille la plus sympa que je connaisse.

Avant de rentrer dans de grandes considérations mystiques sur les trésors spirituels que tu as apportés au monde (toi qui as dépoussiéré l’Évangile, vaincu le jansénisme, préparé l’Église à l’appel universel à la sainteté de Vatican II, révélé au monde les entrailles de miséricorde de Dieu…), rappelons-le d’abord : qu’est-ce qu’on rigole avec toi ! Tes écrits sont pleins d’humour et aujourd’hui encore, tu ne peux pas t’empêcher de faire des blagues, signant tes grâces avec ces clins d’œil dont tu as le secret. Ce n’est pas le pape François, qui tombe sur une rose dès qu’il t’invoque, qui dira le contraire… 

Je t’aime parce que tu me conduis à Dieu.

Quand je t’ai rencontrée, Dieu était pour moi une ombre encore assez vague et un peu effrayante. Alors, malin, il m’a envoyé quelqu’un dont je ne pourrais jamais avoir peur, une petite fille, toi.  J’ai ouvert tes écrits et tu m’y as répété plus de 4000 fois ton mot préféré : Jésus. Le nom de celui que ton cœur aime, dont tu ne cesses de parler, à qui tu ne cesses de parler. Tu m’as ainsi découvert son visage, le visage du "Dieu qui s’est fait pour moi si petit et je l’aime, car il n’est qu’amour et miséricorde !" (LT 266). Et depuis, tu batailles avec les fausses images que je me fais de Dieu : tu me rappelles qu’il n’est pas un juge colérique, un comptable des péchés, pas plus qu’un superman qui va résoudre tous mes problèmes d’un coup de baguette magique. Non, le Dieu que tu veux me faire découvrir, c’est lui : 

Un cœur brûlant de tendresse

Restant mon appui sans aucun détour

Aimant tout en moi-même ma faiblesse

Ne me quittant pas la nuit et le jour. […] 

Pour ravir mon cœur, te faisant mortel 

Tu versas ton sang, mystère suprême ! 

Et tu vis encore pour moi sur l’autel (PN 23).

Je t’aime parce que tu m’as ouvert la voie de la sainteté.

"Aimer Jésus et le faire aimer" (LT 220), c’est ta mission, et la mission de tout aspirant à la sainteté et grâce à toi, je sais que ce n’est pas Mission impossible ! Ta petite voie, c’est la sainteté pour les nuls : gravir le rude escalier de la perfection, en pratiquant la vertu à la force de nos petits poignets, tu l’as expérimenté, ça, c’est impossible. Toi, maligne, tu prends l’ascenseur : ce sont les bras de Jésus lui-même qui te conduisent au sommet de la montagne de l’amour (cf. Ms C, 3r). Pour monter dans cet ascenseur, une seule condition : être petit, car "plus on est faible, sans désirs, ni vertus [là, je me reconnais bien], plus on est propre aux opérations de cet Amour consumant et transformant..." (LT 197). 

Attention, tu ne nous entraînes pas là dans une spiritualité bisounours où on n’aurait rien à faire ; en fait, tu nous demandes même un certain héroïsme. Mais un héroïsme accessible, celui de toujours lever notre petit pied, comme tu dis : 

Par la pratique de toutes les vertus, levez toujours votre petit pied pour gravir l’escalier de la sainteté. Vous n’arriverez même pas à monter la première marche, mais le bon Dieu ne demande de vous que la bonne volonté. Du haut de cet escalier, il vous regarde avec amour. Bientôt, vaincu par vos efforts inutiles, il descendra lui-même, et vous prendra dans ses bras (CRM 84-85). 

Et cela, tu nous l’enseignes, on peut le vivre dans un carmel comme dans une prison, au travail ou en famille… Tu nous as appris que pour être saint, il ne faut pas être une âme d’élite, prêtre ou consacré, mourir martyr ou faire de grandes choses. Non, ta voie, c’est celle de l’amour dans les petites choses. Et tu es le parfait exemple que cet amour-là est celui qui change le monde, toi qui du fond de ton carmel as répandu ta lumière sur toute l’humanité et révolutionné l’Église.

Bref, je t’aime.

Alors oui, Thérèse, pour toutes ces raisons et bien d’autres, quand j’entends ton nom, mon cœur tressaille et le sourire me revient. Et je n’ai qu’une hâte, découvrir ton sourire. Tes sœurs ont longtemps refusé de diffuser tes photos car elles trouvaient qu’aucune ne montrait ton si merveilleux sourire. Alors, quand j’arriverai au Ciel, je compte sur toi pour m’ouvrir la porte, me faire ton plus beau sourire, et m’embaucher dans la Team Thérèse qui répand le feu de l’amour de Dieu sur la terre.

Abréviations :

RP : Récréations pieuses (les huit pièces de théâtre) de Thérèse 

PN : Poésies numérotées (54) de Thérèse

LT : Lettres de Thérèse (266)

Ms C : Troisième manuscrit autobiographique 

CRM : Carnet rouge de Marie (notes de Sr Marie de la Trinité)

Pratique :

Thérèse de Lisieux, Poésies et Prières, Editions de l’Emmanuel, avril 2022, 228 pages, 14 €
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