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Le 13 mars 2013, un pape venu du bout du monde

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Anna Kurian - publié le 12/03/23
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Il y a dix ans, le 13 mars 2013, Jorge Mario Bergoglio était nommé pape. Récit.

"Vous savez que la tâche du Conclave était de donner un évêque à Rome. Il semble bien que mes frères cardinaux soient allés le chercher quasiment au bout du monde…". Le 13 mars 2013, le nouveau pape vient d’apparaître au balcon de la façade de la basilique Saint-Pierre avec ces paroles. Il a pour nom Jorge Mario Bergoglio, il est Argentin, et sa simplicité touche immédiatement les centaines de milliers de personnes rassemblées en ce jour pluvieux, qui restera dans les mémoires comme celui de l’élection du 266e pape. 

Depuis le retrait de Benoît XVI au soir du 28 février, le siège est vacant et l’Église catholique est dans l’attente d’un nouveau successeur de Pierre. Les appartements pontificaux sont scellés. Les 115 cardinaux électeurs ont afflué du monde entier, se sont réunis en congrégations, et sont solennellement entrés en conclave le 12 mars.

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6.000 journalistes présents

Depuis plusieurs semaines, quelque 6.000 journalistes de 76 pays et 26 langues venus investir la Ville éternelle pour couvrir l’événement, se répandent en conjectures, dressant leur liste de “papabili” – faisant fi de ce trait de sagesse attesté au long des siècles : "qui entre Pape en conclave en ressort cardinal". 

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En ce mercredi, deuxième jour du conclave, rien ne filtre de la Maison Sainte-Marthe et de la chapelle Sixtine où les prélats doivent voter pour parvenir à un consensus sur un candidat. On sait seulement que leur premier vote, dans l’après-midi du 12 mars, s’est soldé par une fumée noire, qui s’est échappée de la fameuse cheminée de la chapelle Sixtine, seul moyen de communication des cardinaux avec le monde extérieur. 

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Les heures s’égrènent ; tombe une nuit froide et humide.

La matinée se passe. À 11h39, sous les yeux de nombreux pèlerins et curieux, sort une nouvelle fumée noire. Pas de Pape. D’après le vaticaniste Gerard O’Connell, qui a publié un compte-rendu minuté de l’élection, cette fumée noire illustrait les résultats des 2e et 3e tours de vote. Dans l’après-midi, rapporte le journaliste, les prélats se réunissent à nouveau pour un 4e vote. Puis un 5e qui doit être déclaré nul, suite à une erreur de bulletin. C'est le 6e vote qui élit Bergoglio, avec 85 voix. 

Dehors, tout cela reste inconnu. Les heures s’égrènent ; tombe une nuit froide et humide. Un goéland défraye la chronique, longuement perché sur la cheminée de la chapelle Sixtine où tous les yeux sont rivés. Un signe du Saint-Esprit ? S’envolera-t-il à temps pour ne pas être embrumé par la fumée ? s’inquiètent certains. L’oiseau occupe le temps, tandis que la foule s’épaissit. Ici et là, des fidèles en ont la conviction : c’est pour ce soir. Certains font le pied de grue depuis le matin, accoudés aux barrières. 

La foule retient sa respiration, se concentre, réalise, s’émeut… la fumée est blanche !

19h06. La foule retient sa respiration, se concentre, réalise, s’émeut… la fumée est blanche ! La nouvelle, acclamée par un hourrah déchainé, déclenche l’interruption d’innombrables programmes télévisés pour suivre en direct l’apparition du nouveau successeur de Pierre. Habemus papam… de bouche à oreille, d’écho en écho, la nouvelle se répand et la ville accourt au pied de la basilique, se massant sur la via della Conciliazione, remplissant les artères adjacentes. 

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Mais l’identité du nouveau pape reste encore inconnue. En attendant, sur les ondes et sur la place, on commente, on espère, on prie. Sous les caméras qui tournent en boucle, des jeunes du Centre San Lorenzo, sis à deux pas, déploient une grande banderole au premier rang. On attend. C’est seulement 66 minutes plus tard, qu’apparaît le proto-diacre, le cardinal Jean-Louis Tauran, à 20h12. Sa voix résonne, tremblante d’émotion, dans les haut-parleurs, énonçant la célèbre formule latine : 

Annuntio vobis gaudium magnum, habemus papam 
Eminentissiumum ac reverendissima Dominum, Dominum Goergium Marium Romanae Ecclesiae Cardinalem Bergoglio, qui sibi nomen imposuit Franciscum.

Qui ? Bergoglio ? D’autres noms, comme Ouellet ou O’Malley, Sherer, ou Turkson, ont circulé. Mais Bergoglio, qui est-ce ? Quelques mots circulent. Amérique Latine. Argentine. Jésuite. Peu importe, à en voir les visages réjouis, la foule l’a déjà adopté. Son visage apparaîtra à 20h22, devant 250.000 personnes et des caméras de toute la planète. François est flanqué non pas seulement du doyen du Collège des cardinaux et du maitre des cérémonies pontificales, comme le veut la coutume, mais de son ami le cardinal Hummes, et du vicaire pour le diocèse de Rome, le cardinal Vallini. Habillé d’une simple soutane blanche sans la traditionnelle mozzetta, son style tranche avec celui de ses prédécesseurs.

Avec le peuple, la sympathie est immédiate. Souriant, l’homme en blanc invite l’Église de Rome à entamer "un chemin de fraternité, d’amour, de confiance entre nous". "Prions toujours pour nous : l’un pour l’autre. Prions pour le monde entier afin qu’advienne une grande fraternité", souhaite l’Argentin de 76 ans. Et le souverain pontife pose un geste inattendu : avant de donner sa bénédiction, il s’incline, implorant "une faveur". "Je vous demande de prier le Seigneur afin qu’Il me bénisse : la prière du peuple, demandant la bénédiction pour son évêque". Touchés, frappés, les fidèles se recueillent. Durant une quinzaine de secondes, un profond silence s’invite dans cette soirée historique. 

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"Bonne nuit et bon repos", conclut le pontife après avoir béni Rome et le monde. Après les derniers applaudissements, chacun rentre chez soi, tandis qu’une lumière est allumée au Vatican. Le siège de Pierre est désormais occupé. 

Découvrez en images les dix gestes du pape François qui éclairent son pontificat :

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