Plus de 200 prisonniers ont été libérés sur décision unilatérale des autorités du Nicaragua, ce jeudi 9 février, dont deux Françaises âgées de 63 et 43 ans et plusieurs membres du clergé a-t-on appris. Déchus de la nationalité nicaraguayenne en raison de leur statut de "traîtres à la patrie" selon les autorités, les anciens détenus ont trouvé refuge aux États-Unis. Parmi ce groupe de personnes en réalité expulsées se trouvent quatre prêtres, un diacre et deux jeunes séminaristes. Le père Óscar Danilo Benavidez Dávila avait été condamné le 4 février à une peine de dix de prison, et les trois autres prêtres à une peine identique le 6 février. Tous étaient accusés de "complot" contre l’État. Certains médias ont avancé que Mgr Alvarez, évêque de Matagalpa arrêté en août 2022, faisait également partie de la liste des prisonniers relâchés. Aucune confirmation officielle n’a cependant été donnée à ce sujet. Le prélat doit normalement être jugé le 15 février pour complot et diffamation. Selon les informations de Vatican News, il aurait refusé de monter dans l’avion et est actuellement toujours incarcéré.
Le secrétaire d’État américain, Anthony Blinken, a salué l'initiative nicaraguayenne dans un communiqué publié le 9 février 2023, en la qualifiant d’ "étape constructive vers la lutte contre les violations des droits de l’Homme dans ce pays, qui ouvre la porte à un dialogue approfondi entre les États-Unis et le Nicaragua." Mgr Silvio José Baez, évêque auxiliaire de Managua (capitale du Nicaragua, ndlr) et lui aussi en exil forcé depuis 2019, s’est exprimé sur cet événement inédit :
"Je suis profondément heureux que les prisonniers politiques du Nicaragua soient sortis de prison. Je remercie Dieu pour eux ! Ils n'auraient jamais dû être arrêtés", a-t-il écrit sur son compte Twitter. "En les bannissant, la dictature nicaraguayenne commet un autre crime, montrant que ce sont eux qui ne méritent pas d'être nicaraguayens", a-t-il souligné.
De graves persécutions
Depuis plusieurs années, le gouvernement de Daniel Ortega intensifie ses attaques contre les catholiques. Les intimidations et vexations sont nombreuses depuis que l’Église est considérée par le pouvoir comme le soutien majeur des opposants politiques au régime Ortega. Parmi les mesures prises, des expulsions et des condamnations à l’exil, l’interdiction de certaines pratiques religieuses comme les processions, ou encore des arrestations arbitraires.