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Le sarcophage du bienfaiteur de Notre-Dame livre ses secrets

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La messe du chanoine Antoine de La Porte, vers 1701, Jean Jouvenet.

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Victor Nexon - publié le 14/12/22
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Deux sarcophages en plomb, découverts au niveau de la croisée du transept de Notre-Dame de Paris lors des fouilles réalisées au printemps, commencent à livrer leurs secrets. L’un d’entre eux a été identifié. Il s’agit de celui d’Antoine de La Porte, dit aussi "le chanoine jubilé", personnage clef de la réalisation du vœu de Louis XIII.

C’est l’une des importantes découvertes des archéologues faite à Notre-Dame de Paris avant la reconstruction de la flèche. Deux sarcophages de plomb, retrouvés au niveau de la croisée du transept en février 2022, ont commencé à livrer leurs secrets. Transportés à l’institut médico-légal du CHU de Toulouse, les scientifiques ont tâché, du 21 au 26 novembre, de connaître l’identité des défunts, la cause de leur mort ou encore la date du décès. Si l’un demeure encore inconnu, il a été facile de découvrir l’identité du second.

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Le sarcophage d'Antoine de La Porte.

En effet, trouvé dans un caveau de pierre, le cercueil portait une épitaphe : "cY EST LE CORPS DE MESSIRE ANTOINE DE LA PORTE CHANOINE DE L’EGLISE [mot effacé] DECEDE LE 24 DECEMBRE 1710 EN SA 83e ANNEE. RESQUIETCAT IN PACE." Mais qui était cet Antoine de La Porte, surnommé le "chanoine jubilé" ?

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Le deuxième sarcophage datant du XIVe siècle, le 15 mars 2022.

Un riche prélat, artisan du Voeu de Louis XIII

Antoine de La Porte était un notable qui participa notamment à la restauration de la clôture du chœur de Notre-Dame, participant ainsi au Vœu de Louis XIII qui promit de consacrer le royaume de France à la Vierge si elle lui accordait un fils. Anne d’Autriche tomba finalement enceinte en 1638 et donna naissance au futur roi Louis XIV. Le roi, tenant promesse, déclara prendre "la très sainte et très glorieuse Vierge Marie pour protectrice spéciale de notre royaume".

 En 1698 donc, Louis XIV charge l’archevêque de Paris, Mgr Louis-Antoine de Noailles, de concevoir une nouvelle décoration pour le maître-autel afin d’accomplir la promesse de son père avec l’aide de Jules Hardouin-Mansart, architecte du roi.

Or, l’argent manque. La guerre de Succession d’Espagne (1701-1713) a considérablement appauvri le royaume, et le budget des aménagements est revu à la baisse ; on abandonne, notamment, l’idée de construire un baldaquin au-dessus du maître-autel.

C’est ici qu’intervient le chanoine Antoine de La Porte. Par un don d’un montant exceptionnel en 1708, il permet de relancer les travaux et contribue ainsi à la conception du maître-autel tel qu’on le connaît aujourd’hui. Sous la direction de Robert de Cotte, devenu premier architecte du roi, la clôture du chœur est profondément modifiée et le jubé médiéval fut détruit. On ajoute, notamment, statues d’ange, de Louis XIII et de Louis XIV, ainsi qu’une pietà du sculpteur Nicolas Coustou. 

Trois statues pour honorer la Vierge

Le Voeu de Louis XIII est symbolisé par ces trois sculptures. D’abord, au centre, La Descente de Croix de Nicolas Coustou matérialise le Voeu proprement dit : la Vierge en pleurs trône désormais derrière l’autel principal de Notre-Dame. À droite, Louis XIII agenouillé, tend à la Vierge sa couronne et son sceptre. Enfin, à gauche se trouve son fils Louis XIV, l’héritier tant demandé, main sur la poitrine, témoignant de sa reconnaissance.

Enterré dans la cathédrale, le sarcophage d’Antoine de La Porte a quant à lui été retrouvé, ironie du sort, au beau milieu de quelques beaux fragments de l’ancien jubé, chef-d’œuvre du gothique, dont il contribua à la destruction.

Découvrez aussi en images le chantier de restauration de Notre-Dame :

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