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Le football, un sport pas si mondial mais très politique

kontrowersje wokół mistrzostw świata w Katarze

Ouverture de la Coupe du monde au Qatar, le 21 novembre 2022.

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Jean-Baptiste Noé - publié le 08/12/22
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La Coupe du monde de football dépasse le strict cadre sportif. Reconnaissance mondiale pour les pays, tant pour ses retombées financières, son image et ses enjeux diplomatiques, la Coupe du monde n’échappe jamais à sa dimension politique, rappelle le géopoliticien Jean-Baptiste Noé.

Nul besoin de remonter aux compétitions sportives des années 1930 pour voir la relation entre compétitions mondiales et enjeux politiques. En 1954, la Hongrie surclasse le championnat, avant d’être surprise en finale face à l’Allemagne de l’Ouest (3-2). Le "onze d’or" hongrois ne remporte pas la compétition, à la surprise de tous, dans une finale qui concentre l’antagonisme politique entre le bloc de l’Est et le bloc de l’Ouest, le monde capitaliste l’emportant in fine sur l’espace soviétique, lors d’un tournoi organisé en Suisse et une finale qui s’est déroulée à Berne, en terrain neutre.

1986 voit la victoire de l’Argentine dans le contexte politique de la fin du régime des colonels. Un retour à la démocratie marqué par un retour au sommet de la planète football. Quatre ans plus tard, l’Allemagne prend sa revanche dans un remake de la finale de Mexico en battant cette fois-ci l’Argentine. Une Allemagne qui n’est pas encore réunifiée, mais dont le mur de Berlin appartient déjà à l’Histoire. Une finale gagnée qui permet de sceller l’unité d’un peuple autour du sport, prémices de la réunification de 1991. 

Une organisation choisie

Le choix des pays organisateurs n’est jamais neutre. Le Qatar en 2022 répond à une logique de déploiement vers les sponsors des pays arabes, eux qui financent grandement le football européen. On a beaucoup glosé sur les conditions d’attribution de l’organisation du championnat, dont la logique politique et financière a supplanté le cadre sportif. Cela n’a rien de nouveau. L’attribution de la coupe du monde 2010 à l’Afrique du Sud répondait à la même logique. Il fallait trouver un pays africain capable de porter une telle organisation. Dans une Afrique du Sud en pleine déliquescence sécuritaire, l’organisation ne fut pas aisée, mais se déroula finalement sans trop de heurts.

Le choix de l’Argentine (1978) et du Mexique (1986) répondait aussi à la nécessité d’intégrer ces pays dans le camp occidental, par opposition au bloc soviétique. Le sport a toujours été perçu comme un supplétif des enjeux politiques, une façon de catharsis des passions mondiales par le biais d’un match sportif. Tous les matches France/Allemagne rejouent Verdun et la bataille de France quand, au rugby, les France/Angleterre ont toujours une saveur d’Azincourt et de Patay. Un combat pacifique, mais non moins réel se joue dans les stades.   

Hégémonie occidentale

Cette compétition sportive est-elle vraiment mondiale ? On peut en douter à la vue de ses participants. Certes les poules regroupent des pays de tous les continents, ce qui correspond à une volonté de la FIFA afin de permettre une expression mondiale du football. Mais depuis ses origines, les pays qui atteignent les trois premières places sont issus de l’Europe de l’Ouest ou de l’Amérique latine. Les Pays-Bas, la Croatie, la Suède, le Portugal, sans réussir à gagner la compétition, se placent régulièrement. Exception notable de la Turquie qui a obtenu la troisième place en 2002, preuve peut-être qu’elle se voyait européenne (ses clubs participent du reste au championnat d’Europe).

Loin d’être mondiale, cette compétition sportive est le reflet d’une domination de l’Occident

En 21e compétition, 8 pays seulement se sont partagé le trophée, 3 pour l’Amérique latine et 5 pour l’Europe. Si le football est un sport universellement joué, c’est autre chose que de disposer d’équipes nationales compétitives. Cela suppose tout un tissu d’irrigation associatif et social afin de disposer de clubs amateurs, de structures pour accueillir les jeunes talents et pour leur permettre de s’épanouir. Ni l’Inde ni la Chine ne sont de grandes puissances du football, ni les États-Unis. Loin d’être mondiale, cette compétition sportive est le reflet d’une domination de l’Occident, dont la place est certes contestée sur les plans économique et idéologique, mais qui demeure hégémonique dans le monde sportif, qui est la traduction d’une puissance économique intérieure.

C’est à ce titre que le sport est bien politique. Non pas parce qu’il sert des projets politiques (ce qui est vrai aussi), mais parce que pour exister, il doit s’appuyer sur une structure sociale et associative qui est le reflet d’une bonne santé politique. D’où l’importance des coupes du monde, qui est perçu comme un thermomètre de la bonne santé des pays.

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