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Asia Bibi exhorte le Pakistan à revoir sa législation anti-blasphème

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Cécile Séveirac - publié le 04/12/22
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Acquittée en 2018 après avoir été accusée de blasphème puis condamnée à mort au Pakistan, Asia Bibi s’est exprimée le 1er décembre sur la loi anti-blasphème et a appelé le gouvernement pakistanais à revoir son application.

Asia Bibi, mère de famille chrétienne acquittée en 2018 après presque dix ans de prison pour “blasphème”, s’est exprimée au cours d’une interview vidéo le 1er décembre au Canada, selon les informations de Vatican News. Elle a ainsi appelé à la protection des victimes des lois sur le blasphème dans son pays d'origine. 

"Protégez les innocents plutôt que de les battre dans les commissariats. Les innocents doivent être libérés. De longues peines pour des accusations sans preuves, c’est une grande injustice dans notre pays", dénonce-t-elle. "Au nom de Dieu, ouvrez vos cœurs à la pitié", poursuit-elle. "Le Pakistan n’est pas que pour les musulmans", affirme la mère de famille, ajoutant qu’elle se sent également démunie pour les musulmans qui ont fait preuve de solidarité avec les chrétiens et qui en sont sanctionnés. 

Asia Bibi est également revenue sur sa vie actuelle dans sa patrie d’adoption, le Canada. Elle a notamment évoqué ses difficultés sur place malgré la sécurité qui lui est offerte. La mère de famille déclare occuper un travail modeste, et peiner à s’intégrer en raison de la barrière culturelle que représente la langue. "Les gens pensent que nous gagnons beaucoup d’argent depuis qu’on nous a accordé le droit d’asile. Le gouvernement nous a seulement soutenus durant un an", confie Asia au cours de l’interview. Pour le moment, ses deux filles qui vivent avec elle au Canada sont dans l’impossibilité de suivre des études. Trois de ses enfants vivent avec son époux au Pakistan, où ce dernier cherche toujours du travail. 

Les accusations de blasphème, sources de persécutions au Pakistan

Le Pakistan est une république islamique. On y dénombre 230 millions d’habitants, dont 97% de musulmans (majoritairement sunnites). Les 3% restants comportent des hindous, des sikhs et des chrétiens, dont la majorité sont catholiques. Malgré une Constitution autorisant a priori toutes les confessions, les discriminations sont le lot quotidien de ces minorités. Les lois draconiennes luttant contre le blasphème en sont la preuve, entraînant bon nombre d’abus et de condamnations arbitraires à la peine de mort basées sur de fausses accusations. Emprisonnement, torture, lynchage… tel est le sort réservé aux minorités chrétiennes pakistanaises. Vendredi 2 décembre par exemple, un tribunal à Peshawar (nord du Pakistan, ndlr) a condamné à mort Sana Ullah, un citoyen pakistanais, pour avoir commis un blasphème sur les médias sociaux, rapporte l’Agence Fides. Condamné à 21 ans de prison et à une amende de 1.6 million de roupies, la sentence de mort devra être confirmée par la Haute Cour de Peshawar.

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