Il n’est pas courant de voir un religieux en habit et avec des sandales dans un amphi de psychanalyse portant sur les théories de Freud. Mais lorsque la personne en question se trouve être en plus un moine "cloîtré", la situation est encore plus insolite ! C’est pourtant ce qu’a vécu frère Diego, moine colombien, ces cinq années lorsqu’il a repris des études de psychologue à l’université colombienne Luis Amigó.
En racontant son histoire à Aleteia, frère Juan Diego se plonge dans ses souvenirs. Ce moine du XXIe siècle assure n’avoir jamais eu une confiance aveugle en la psychologie. Mais il estimait néanmoins qu’il manquait quelque chose à son apostolat pour renforcer l’accompagnement spirituel sur le chemin de la guérison et de la consolation qui caractérise sa communauté, les Frères Contemplatifs du Carmel. "J’ai prononcé les vœux perpétuels comme moine et dans le cadre de ma mission, j’offre à ceux qui viennent dans notre monastère un accompagnement dans leurs besoins spirituels", explique-t-il. "Je savais pourtant que je voulais faire autrement. C'est alors que le Seigneur m’a donné l'inspiration d’intégrer la spiritualité et la psychologie".
Frère Juan Diego a eu cette idée alors qu’il se trouvait au monastère de sainte Thérèse d'Ávila, en Espagne. "En sortant de là, nous avons rencontré un prêtre qui nous a demandé : 'Vous avez rendu visite à la plus humaine des saintes?'" Sainte Thérèse d’Avila était en effet très humaine, et là j'ai compris que je voulais être un "moine humain". C’est alors que la psychologie m'est venue à l'esprit.
La psychologie dans ma vocation religieuse est un appel dans l’appel, comme disait Mère Teresa de Calcutta.
De retour en Colombie et avec le soutien de son prieur et de la communauté, frère Juan a trouvé la meilleure option, une université qui proposait essentiellement des cours à distance mais où il était néanmoins tenu de se rendre en présentiel le samedi. Ces jours-là, il a échangé la prière, le silence et la solitude de son monastère contre des trajets en métro et des échanges nourris avec les autres étudiants et les professeurs.
Au cours de ses années d'études, il a pu échanger avec des étudiants aux positions parfois diamétralement opposées à les siennes mais là où certains auraient pu être échaudés, frère Juan Diego en garde des souvenirs stimulants et respectueux.
"La psychologie dans ma vocation religieuse est un appel dans l’appel, comme disait Mère Teresa de Calcutta", reprend-t-il. "Avec cela, je peux mieux accompagner les personnes qui viennent à moi afin de les aider à se sentir mieux dans leur vie et à vivre une rencontre avec le Seigneur." Et de conclure : "J’ai toujours pensé que j’étais là (dans ses cours de psychologie, ndlr) afin de répondre à un désir de Dieu : accompagner toujours plus et toujours mieux les âmes blessées sur le chemin de la guérison et de la consolation."