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Églises en péril : le cri d’alarme de Stéphane Bern

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Portail ajouté à la Renaissance sur l'église romane de Moutiers-au-Perche (Orne).

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Bérengère de Portzamparc - publié le 30/06/22
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Il n’a pas mâché ses mots devant les sénateurs. Fervent défenseur du patrimoine français, Stéphane Bern s'est montré très inquiet mercredi 29 juin quant à l’état de nombreuses églises en France "en déréliction". "Les églises ne sont plus fréquentées et elles ne sont plus entretenues", a-t-il alerté.

"J'ai l'impression d'être dans un bateau qui prend l'eau et d'écoper avec une cuillère à soupe !", s’est exclamé Stéphane Bern devant les sénateurs de la Commission de la culture ce mercredi 29 juin. À la tête d'une Mission pour la sauvegarde du patrimoine depuis 2017, Stéphane Bern était entendu pour faire un état des lieux du patrimoine religieux en France. Et il en a profité pour lancer un véritable cri d’alerte. Car cet état des lieux est sombre : "J’ai été choqué par le nombre de petites églises de campagne en état de déréliction" qui "ne sont plus entretenues", faute de pratiquants et de moyens, a-t-il déclaré.

Comme explication, Stéphane Bern constate tout d’abord une déchristianisation réelle du pays, "les églises ne sont plus fréquentées donc plus entretenues", avant d’ajouter qu’il n’y a pas, non plus, de volonté politique. "Ce n’est plus un enjeu électoral d’être élu maire en disant “je vais sauver l’église du village”", mais plutôt en construisant "un stade". Et pourtant quel dommage, s’insurge encore ce passionné du patrimoine. 

La culture et l'art accessible à tous

"L’église de campagne, c’est peut être la seule chose qui reste de culture dans un village, elle peut abriter un tableau, une sculpture, une architecture romane ou gothique, c’est le seul endroit où la culture et l’art sont encore disponibles et accessibles à tous, à proximité", a-t-il rappelé. Et d'ajouter : "C’est pourquoi je me bats contre ceux qui ne veulent plus les entretenir, car ce n’est pas une question de culte, mais de culture et de respect de notre histoire". 

Stéphane Bern explique ainsi que les édifices religieux représentent 30% des dossiers qu’il reçoit à la Mission Bern, "une avalanche de projets", et qu’il est désolé de l’état des édifices qu’il découvre. "Les clochers sont effondrés, des pans entiers de murs sont tombés, on a tellement attendu que ces églises sont dans un état catastrophique, faute d’entretien régulier". Le coût moyen d’une restauration d’église serait de 1,5 millions d’euros, indique encore l’animateur, impossible donc pour une petite commune d’en assurer le financement. "Il faut se mobiliser d’urgence", poursuit-il, d’autant qu’il s’agit d’un "non sens économique!"

La première chose que les gens vont voir quand ils visitent un village, c’est l’église !

"La première chose que les gens vont voir quand ils visitent un village, c’est l’église ! Qui est bel et bien au centre du village comme on disait autrefois”. "Il ne faut pas opposer les pierres aux hommes […] les pierres révèlent les hommes et les hommes réveillent les pierres […]", a-t-il repris. "Qu’on soit religieux ou qu’on ne le soit pas, ce patrimoine c’est notre histoire et on n’a pas le droit de l’abandonner. Aujourd’hui, il y a 45 000 emplois qui sont liés à ces métiers d’art et qu’on est en train de perdre pour certains".

"Nous partageons l’essentiel de votre constat", a convenu le sénateur communiste, Pierre Ouzoulias, rapporteur d’une mission d’information sur l’état du patrimoine religieux dont le rapport sera présenté dans quelques jours. Ce dernier a chiffré à 100.000 le nombre d’édifices religieux dont 40.000 sont encore utilisés pour le culte. Seulement 15.000 seraient protégés et 2.000 à 3.000 édifices seraient en état d’abandon.

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