Sœur André n’a pas fini de surprendre par sa simplicité, son humilité… et son humour ! Devenue la doyenne de l’humanité à la suite du décès de la japonaise Kane Tanaka le 19 avril dernier, la religieuse âgée de 118 ans a fait part de "sa fierté", bien sûr, mais aussi son regret de ne pas pouvoir "rendre aux autres" tout ce qu’ils lui donnent, a-t-elle confié à quelques journalistes venus l’interroger depuis sa maison de retraite à Toulon (Var).
"On dit que le travail tue, moi c’est le travail qui m’a fait vivre, j’ai travaillé jusqu’à 108 ans", assure sœur André. Née le 11 février 1904 à Alès (Gard), Lucile Randon de son vrai nom s’est convertie à 26 ans. Bien qu’issue d’une famille protestante, elle choisit de se faire baptiser dans l’Église catholique. Entrée à 40 ans dans la congrégation Saint-Vincent-de-Paul, elle s’installe rapidement près de l’hôpital de Vichy pour s’occuper des orphelins. Depuis son arrivée en maison de retraite, elle s’est longtemps occupée d’autres pensionnaires plus jeunes qu'elle.
C'est à ma portée, quitte à rester sur terre, autant y arriver.
À la question attendue sur son secret de longévité elle répond avec humour : "Oh ça alors, c’est le bon Dieu qui le sait !" Mais comme en témoigne sa vocation et aux dires de son entourage, c’est aussi sa foi et son sens des autres qui pourraient expliquer sa vitalité. Tous les matins, sœur André assiste ainsi à la messe dans la chapelle du rez-de-chaussée.
Souvent sœur André dit que Dieu l'a oubliée, qu'elle aimerait "se retirer de cette affaire". Et, en même temps, toujours avec humour, sur ce nouveau record elle déclare : "C'est à ma portée, quitte à rester sur terre, autant y arriver". Ce qu’elle espère voir advenir ? "Que les gens s’entraident et s’aiment au lieu de se haïr. Si on partageait tout ça, ça irait beaucoup mieux !"