À ciel ouvert, jaillissant du sol, les églises abbatiales en ruines se dressent avec une dignité particulière, image de notre humanité blessée. Dépouillées par les hommes, rongées par le temps, elles témoignent d’une vie monastique qui n’a pas été vaine.
Ces abbayes qui nous parlent encore de la gloire de Dieu ont été fondées par saint Bernard ou saint Omer. Elles ont été dotées par Blanche de Castille (Dammarie-les-Lys) ou Louis le Gros (Chaalis). Dans l’histoire de la France chrétienne, elles ont toutes connu une apogée : jusqu’à 900 moines et 1.500 laïcs à Jumièges (Normandie). La Sauve-Majeure (Aquitaine) ou l’abbaye Saint-Mathieu de Fine-Terre (Bretagne) ont offert le gîte à d’innombrables pèlerins en route vers Saint-Jacques-de-Compostelle. À Maillezais (Vendée), on comptait facilement 200 convives. Combien de marcheurs de Dieu ont trouvé refuge et sérénité dans ces bâtiments conventuels qui, aujourd’hui, ne protègent même plus de la pluie ?
La beauté et le silence des ruines monastiques invitent à la paix et à la prière.
Alors, que reste-t-il du message spirituel transmis par ces « fous de Dieu » qui, comme à Aulps (Alpes), se sont installés à l’écart du monde pour se rapprocher des hommes qui cherchaient Dieu ? La beauté et le silence des ruines monastiques invitent à la paix et à la prière. Le rayonnement de ces abbayes force l’admiration. Un texte explicatif, une visite, un musée suffisent à édifier et à nourrir la méditation. Aujourd’hui, deux communautés (offices et retraites) redonnent vie à une abbaye en ruines : des bénédictins à Landévennec (Bretagne) et les Serviteurs de Jésus et de Marie à Ourscamp (Picardie).
Le Pardon de Saint-Maurice de Clohars-Carnoët (Bretagne) ressuscité depuis 2016, une messe pour les 900 ans de la fondation de l’abbaye cistercienne de Trois-Fontaines (Champagne) en 2018, sont l’occasion de raviver la vocation spirituelle de ces abbayes si émouvantes.