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Que faut-il encore pour qu’Elisabeth de France soit déclarée bienheureuse ?

MADAME ELISABETH

Madame Elisabeth par Vigée Le Brun, 1783.

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Mathilde de Robien - publié le 06/05/21
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Tandis que la phase diocésaine du procès est en cours depuis 2017, que manque-t-il pour qu’Elisabeth de France, exécutée le 10 mai 1794, soit déclarée bienheureuse ? Eléments de réponse avec l’abbé Xavier Snoëk, postulateur de la cause.

Travailler à la renommée de Madame Elisabeth. C’est la délicate mission qui échoit depuis quatre ans à l’abbé Xavier Snoëk, ancien curé de la paroisse sainte Elisabeth de Hongrie (Paris, IIIe), dorénavant curé de Notre-Dame de Lourdes dans le XXe arrondissement. En effet, si la grande piété de la soeur de Louis XVI, ses actes de charité et l’abnégation dont elle a fait preuve en restant auprès de la famille royale jusqu’au don ultime de sa vie, ont suscité jusque dans les années 1960 une réelle fascination, l’engouement pour sa personne semble s'essouffler. Et pour cause, une méconnaissance à son égard, selon l’abbé Xavier Snoëk : « Aujourd’hui, on ne sait plus vraiment qui elle est », déplore le postulateur. Or sans une certaine renommée, Elisabeth de France perd des chances d’être invoquée, et par là même de provoquer le miracle nécessaire à sa béatification.

Cependant, la princesse est loin d’être oubliée. Chaque année, des messes sont célébrées pour sa béatification, habituellement le 10 mai, date anniversaire de son exécution en 1794. A Paris, cette année, elle aura exceptionnellement lieu le samedi 8 mai à 10h30 en l’église sainte Elisabeth de Hongrie, présidée par l’abbé Pierre Amar, auteur de l’ouvrage Elisabeth de France, Princesse de cœur. « Le lieu n’est pas anodin », souligne l’abbé Xavier Snoëk. L’église sainte Elisabeth se situe en face de l’ancien emplacement de la tour du Temple, dans laquelle fut enfermée la famille royale à partir du 13 août 1792.

Si la cause de Madame Élisabeth a été introduite il y a bientôt 70 ans, en 1953, elle jouit depuis quelques années d'une nouvelle dynamique grâce au travail de son postulateur, soutenu par une nouvelle association de fidèles, et d'une commission historique, nommée en 2017 par l’archevêque de Paris. Cette dernière est chargée de « vérifier la continuité, depuis son décès, de la renommée de sainteté » d’Elisabeth de France. Si Madame de Genlis rapporte dans ses Mémoires qu’une odeur de rose s’est répandue place de la Révolution au moment de son exécution, il s’agit désormais de vérifier l’authenticité des faits relatés dans les documents attestant de sa réputation de sainteté.

Le motu proprio Maiorem hac dilectionem (« Il n’est pas de plus grand amour » - référence à Jn 15,13), promulgué par le pape François le 11 juillet 2017, a ouvert une troisième voie vers la béatification, aux côtés de l’héroïcité des vertus et du martyre : celle de l’offrande de la vie. Le texte évoque une « offrande libre et volontaire de la vie », ainsi qu’une « héroïque acceptation, à cause de l’amour, d’une mort certaine et à brève échéance ». « Un lien entre l’offrande de la vie et la mort prématurée » doit être vérifié. De nouvelles modalités qui justifient pleinement la cause d’Elisabeth. « Elisabeth de France rentre bien dans ce cas », estime l’abbé Xavier Snoëk. « Elle ne peut pas prétendre au titre de martyr dans la mesure où l’acte d’accusation ne fait aucune référence à sa religion. Elle ne meurt pas par haine de la foi. Mais elle meurt de mort violente parce qu’elle est restée auprès des siens par charité. En ce sens, la cause d’Elisabeth de France rentre tout à fait dans le critère du pape François. » Néanmoins, l’offrande de la vie ne suffit pas à la béatification. La reconnaissance d’un miracle survenu après sa mort et par son intercession demeure nécessaire.

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