La maison de vente Christie’s à New York doit mettre aux enchères, le 23 avril prochain, un fabuleux un livre d’heures du XVe siècle enluminé de seize miniatures d’une grande finesse. Le 23 avril prochain, la maison Christie’s de New York aura l’honneur de présenter à la vente dix-sept manuscrits enluminés exceptionnels du Moyen Âge et de la Renaissance. Le lot phare de cette vente est sans conteste un livre d’heures parisien enluminé par le maître de Barthélemy l’Anglais. Richement décoré de seize peintures miniatures, il est incontestablement le chef-d’œuvre de l’artiste qui l’a réalisé vers 1440. Il sera exposé exceptionnellement à Paris chez Christie’s du 18 au 23 mars avec les autres manuscrits.
Principal instrument pédagogique de foi et de vie spirituelle dans la sphère privée, le livre d’Heures est ce qu’on pourrait appeler le premier « best-seller » d’usage intensif. Lu et relu, il accompagnait le chrétien au fil de sa journée, signe de l’importance de la prière et de la lecture individuelle à la fin du Moyen Âge.
Qui était le commanditaire ?
On ignore malheureusement tout du commanditaire. Cependant, tout laisse à penser qu’il s’agit d’un membre important de la cour d’Anjou car le maître y travaillait. “Deux écus apparaissent dans le manuscrit mais ils ont été très soigneusement et anciennement repeints d’or (par un autre propriétaire), nous laissant dans l’ignorance de leurs destinataires”, confie Eugenio Donadoni, spécialiste senior du Département des manuscrits chez Christie’s Londres, à Aleteia. Depuis sa création, le livre d’heures est passé entre les mains des plus grands collectionneurs. Parmi eux, Bertram Ashburnham, 4e comte d’Ashburnham (1797-1878) ; Henry Yates Thompson (1839-1928) ; le peintre Charles Fairfax Murray (1849-1919) ; et Sir Alfred Chester Beatty (1875-1968).
Eugenio Donadoni témoigne de l’extraordinaire rareté de ce manuscrit : “Ce livre d’Heures se distingue par son élégance, la richesse de ses couleurs et ses magnifiques compositions.” En parfait état de conservation, les bordures brillantes, richement décorées d’or liquide et d’argent, et la beauté de ses miniatures témoignent du raffinement du maître. Si l’on ignore sa véritable identité, on sait cependant qu’il a décoré de nombreux manuscrits, notamment le “Livre des propriétés des choses” écrit au XIIIe siècle par le frère franciscain Bartholomeus Anglicus d’où le nom qu’on lui a donné.
Un artiste à l’écart des courants artistiques de son temps
Selon les historiens, ce brillant enlumineur apparaît comme une personnalité artistique isolée, à l’écart des courants artistiques de son temps. Mais on peut tout de même situer son activité en France vers Angers et le Mans. “C’est un artiste très original”, développe l’expert. “Son dessin est aigu et heurté, ses couleurs intenses et contrastées, ses effets de lumière fantastiques et ses figures pleines d’expressivité. Le manuscrit de la collection Rosenberg est son œuvre la plus richement décorée”, conclue-t-il.
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L’iconographie reprend les thèmes traditionnels des livres d’heures : les quatre évangélistes en train de rédiger leur Évangile, les scènes de la vie de la Vierge (Annonciation, Visitation, Nativité…). On y découvre également une belle peinture représentant le roi David en prière ainsi que la Crucifixion ou encore la Pentecôte. Estimé entre 1,5 et 2,5 millions de dollars, l’intégralité de la vente sera reversée à des musées pour soutenir leurs départements de livres anciens.
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