Aux abords de l’ancienne cathédrale Sant’Appianu, à Sagone (Corse du Sud), une équipe de l’Inrap vient de mettre à jour 70 tombes paléochrétiennes. De quoi en apprendre un peu plus sur les premiers chrétiens de l’Île de Beauté.
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S’il ne reste aujourd’hui que des vestiges de la cathédrale Sant’Appianu, à Sagone, ce sanctuaire témoigne de la présence chrétienne sur l’île de Beauté dès le Ve siècle. Les équipes de l’Inrap y réalisent des fouilles depuis quelques semaines, notamment à l’extrémité ouest de la nécropole. Ils viennent de mettre au jour un ensemble de sépultures remarquables : 70 tombes chevauchant plusieurs périodes et rites funéraires, témoignant ainsi de l’importance de cet édifice religieux fondé par l’évêque africain saint Appien.
Des personnages religieux de haut rang ?
Selon le responsable de l’opération, Philippe Écard, il pourrait s’agir “de personnages religieux de haut rang”. S’il n’y a pas de mobilier parmi ces tombes, certaines dépouilles sont dans un état de conservation plutôt inespéré compte-tenu de la géologie Corse. Des études complémentaires devraient permettre de déterminer avec précision le sexe, l’âge ou l’état sanitaire des défunts.
Des recherches précédentes avaient déjà révélé l’importance du site et notamment les fondations d’une basilique paléochrétienne ainsi qu’une inscription qui confirmait sa dévolution à saint Appien, Sant’Apiano en Corse. Chrétien nicéen et évêque de Césarée, Sant’Apiano a fui l’Afrique du Nord à la fin du Ve siècle d’où il a été banni après la conquête vandale. Deux églises témoignent de son installation en Corse, l’une à Borgo et l’autre à Sagone donc. Cette dernière, jouissant d’une position stratégique puisqu’elle domine le golfe de Sagone, deviendra cathédrale. Au VIe siècle, les textes attestent que l’église est élevée au rang d’évêché, statut qu’elle conservera jusqu’au XVIe siècle. 36 évêques s’y succéderont jusqu’en 1569.
En mauvais état, le siège épiscopal est finalement transféré à Vico, à quelques kilomètres à peine. La cathédrale est alors laissée à l’abandon et ce n’est qu’au début du XVIIIe siècle qu’elle fait l’objet de travaux de restauration. Vendue après la Révolution, elle est finalement transformée en grange. Ce n’est qu’à partir des années 1960 que le site est partiellement redécouvert et restauré. Depuis 2007, l’ancien siège épiscopal de Sagone fait l’objet d’un programme de recherche et d’un projet de mise en valeur avec notamment la restitution volumétrie d’origine de la cathédrale à l’aide de structures métalliques légères.
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