L’abbé Arnaud Montoux, curé de la cathédrale d’Auxerre et postulateur de la cause de béatification de Marie Mélanie Rouget, Marie Noël de son nom de plume, signe avec La Fauvette, la Sybille et le Cavalier, un essai sur l’une des plus grands poètes du XXe siècle. Une “petite voie” de haute spiritualité.
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La Fauvette, la Sybille et le Cavalier. Est-ce là le titre d’un conte ? Oui, si l’on veut, mais d’abord le titre d’un essai sur Marie Noël. Qui ne le sait ? Ce beau nom est celui d’un des plus grands poètes du siècle dernier. Or voici que sa poésie, au-delà de l’admiration des critiques, lui vaudra bientôt la vénération des chrétiens. L’auteur de cet essai est l’abbé Arnaud Montoux, curé de la cathédrale d’Auxerre et postulateur de la cause de béatification de Marie Mélanie Rouget, Marie Noël de son nom de plume.
“Regards croisés sur la ”petite voie de poésie” de Marie Noël” : ce sous-titre dit deux choses. La première, c’est que l’auteur croise en effet les figures sculptées de la cathédrale, dont la Sibylle et le Cavalier, les lettres de direction de l’abbé Mugnier, qui fut son guide spirituel, d’autres présences (on eût aimé celle, tardive, de Gustave Thibon) et l’œuvre de Marie Noël : les poèmes, chansons, psaumes ; la prose, contes, souvenirs et surtout ses Notes intimes (1959, dernière réédition 1998), une sorte de journal mystique où Marie Noël confie à mi-voix son combat contre Dieu, avec Dieu.
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La seconde, c’est que cette œuvre est, elle aussi, une “petite voie” de haute spiritualité. Marie Noël n’a guère quitté Auxerre, où elle a vécu entre ses parents, “vieille fille”, puis vieille dame. À voir sa frêle silhouette glisser chaque matin vers la petite porte de l’immense portail sud de la cathédrale, on pourrait croire qu’elle a mené une vie de béate, confite en dévotion, écrivant, texte et musique, des cantiques pour la chorale paroissiale. Quelle erreur ! Marie Noël est de ces âmes brûlées d’amour qui vivent dans les tourments de la nuit de l’âme.
Cette épreuve de l’Absence, qui l’a menée au seuil du désespoir, elle parvient à l’enchanter dans le rythme de ses poèmes, mais en fait une confession autrement éprouvante, pour elle, pour le lecteur, dans ses Notes intimes. Or, au terme d’un parcours qui n’occulte rien de la violence de son combat, l’abbé Montoux l’affirme en toute clarté : “À travers ses craintes de ne pas savoir répondre à l’appel divin, elle a indiqué le chemin d’une sainteté discrète qui ne se connaît pas vraiment, une sainteté de la créature se laissant faire par Dieu, vivant selon son génie propre, une sainteté qui s’étend à tout le créé se laissant animer par Dieu”.
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Ajoutons que ce livre, très proprement édité, avec photos commentées de la cathédrale d’Auxerre, a une propriété rare dans le genre de l’essai. Il comble les familiers de l’œuvre par cette polyphonie des voix qui se croisent. Il peut aussi constituer une invitation et une initiation pour qui n’aurait pas encore découvert la voix du poète : les nombreuses citations, vers et proses, sont autant de pages bouleversantes dont on ne se détache plus.
La Fauvette, la Sybille et le Cavalier, Les éditions du Mont-Ailé, octobre 2018, 112 pages, 15 euros.