Au moment où nous commémorons le 70e anniversaire de l’encyclique “Mit brennender Sorge” qui condamna ouvertement le nazisme, l’Église compte officiellement un nouveau bienheureux, Josef Mayr-Nusser, martyr mort en 1945 pour avoir refusé de prêter serment à Hitler. Il fait partie de ces résistants et saints de l’ordinaire dont la vie bascule soudainement et dont le courage et la foi ont contribué à enrayer la machine nazie.Josef Mayr-Nusser est né en 1910 à Bolzano, dans le Tyrol du Sud. À cette date, la région est intégrée dans l’empire austro-hongrois avant d’être rattachée à l’Italie en 1919, après la Première Guerre mondiale. Or la quasi-totalité de la population est allemande et parle l’allemand, ce qui est le cas de Josef Mayr-Nusser, désormais citoyen italien, mais de culture allemande. C’est parce qu’il est considéré comme Allemand qu’il est intégré de force dans la SS en 1944. À ce moment de la guerre, la SS est devenue l’armature du régime hitlérien. Elle a détrôné l’armée régulière, la Wehrmacht, pour prendre la direction des combats ainsi que le contrôle du pays. Son fanatisme va croissant. Pour Hitler, elle est l’avenir de l’Allemagne et il compte sur elle pour régénérer son peuple et son pays. Le SS doit non seulement adhérer totalement à l’idéologie nazie, mais aussi prêter serment de fidélité à Hitler et jurer de donner sa vie et son esprit pour lui.
Catholique fervent, Mayr-Nusser refuse cet aspect dogmatique et ne souhaite nullement devenir l’un des champions du nazisme. Marié depuis 1942 et il est alors père d’un petit garçon, Albert. Il doit pourtant quitter son épouse et son fils pour rejoindre un camp d’entrainement de la SS, situé en Prusse. C’est là qu’il doit prêter serment à Hitler avant son incorporation dans la SS qui fonctionne comme une église parallèle. Cela, Mayr-Nusser le refuse. Prêter serment à Hitler, ce serait trahir le premier commandement et commettre un acte d’idolâtrie. Il en fait part à l’un de ses amis qui le dissuade de refuser la prestation de serment. C’est pourtant ce qu’il fait, affirmant un « non » clair et franc devant toute l’assemblée des SS réunis. Immédiatement arrêté, il est rapidement jugé et condamné à mort en janvier 1945, puis à la déportation au camp de Dachau. Malade, souffrant de mauvais traitements, il décède le 24 février 1945 sur la route qui le conduit au camp de concentration. Son corps est ramené à Bolzano en 1958. Reconnu martyr de la foi, il a été béatifié le 18 mars dernier.
Nourri par la prière et la méditation
On ne devient pas saint en un seul jour. Toute la vie de Josef Mayr-Nusser est une préparation à ce jour fatidique où il a dû dire non à Hitler. Il s’est ainsi engagé très jeune dans la conférence de Saint-Vincent-de-Paul ainsi que dans l’Action catholique du Trentin, dont il est devenu président à l’âge de 27 ans. C’est un homme qui prie et qui se rend à la messe de façon quotidienne. Il a abondamment lu saint Thomas d’Aquin, ainsi que le théologien Romano Guardini, qui lui a permis de découvrir la figure de Thomas More, ce chancelier du roi d’Angleterre, Henry VIII, qui refuse le schisme avec Rome et qui reste fidèle à la foi catholique. Furieux de ce refus, Henry VIII le fait arrêter, juger et décapité.
Comme laïc, Josef Mayr-Nusser a souvent médité la vie de saint Thomas More, qui a été prêt à sacrifier sa famille, sa position sociale et sa vie pour conserver sa foi. C’est cette figure qui l’a accompagné en Prusse et qui lui a permis d’affronter les épreuves du martyre. Lorsque son corps a été retrouvé, il portait sur lui un chapelet et une Bible, autant de forces spirituelles qui lui ont permis d’affronter les épreuves de la mort. Reconnu aujourd’hui bienheureux, c’est à son tour d’être un modèle de force et de courage face aux idéologies qui veulent étouffer la foi.
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