separateurCreated with Sketch.

Les chrétiens doivent-ils s’engager dans la vie politique ?

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Jean Muller - publié le 31/10/16
whatsappfacebooktwitter-xemailnative

L’Étincelle, le parcours qui forme à l’engagement des chrétiens dans la cité.

Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi le vôtre.


Je donne en 3 clics

*don déductible de l’impôt sur le revenu

Régulièrement soulevée, la question de l’engagement du chrétien en politique est aussi importante qu’actuelle. Alors que les élections présidentielles approchent, que les primaires de droite et de gauche sont sur le point de débuter, il est temps pour les chrétiens de se retrousser les manches et de descendre dans l’arène politique. Mais avant, rien de mieux qu’une bonne formation pour ne pas faire fausse route.

Les attaques contre la famille de l’actuel gouvernement socialiste ont fait naître chez beaucoup de chrétiens un désir ardent de s’engager et de reconquérir un territoire trop longtemps abandonné aux mains d’idéologues. Mais comment faire ? Comment discerner, poser des choix justes et prudents, œuvrer pour le bien commun ? C’est notamment pour répondre à ces questions qu’un parcours de formation à l’agir du chrétien en politique a vu le jour.

Aleteia : Comment vous-est venue l’idée de créer ce parcours de formation à l’agir chrétien en politique ?
Alexandre Thébault (concepteur du projet)  : Ce projet est le fruit d’un double constat mûri pendant trois années d’engagement politique. D’abord, les chrétiens ont quelque chose de précieux à apporter à ce monde : l’espérance. Mais si nous voulons que notre action soit efficace, parce que nous sommes chrétiens, nous avons le devoir d’agir autrement. Si nous cédons au syndrome de la blanche colombe, si nous refusons d’accepter que la recherche du compromis n’est pas compromission, si nous nous contentons d’adopter de simples postures qui satisfont notre conscience sans se soucier de leur réceptabilité, si nous refusons d’affronter la réalité qui s’impose à nous, nous ne servirons pas le bien commun.

En politique, tous les coups ne sont pas permis, et autant que les choix posés, la méthode employée et le comportement qui accompagnent la mise en œuvre de ces choix doivent être pensés et discernés. Aujourd’hui, la question n’est plus de savoir s’il faut agir dans la cité, c’est une nécessité. La question est donc de savoir comment nous devons agir si nous ne voulons pas devenir le contre-témoignage de ce que nous professons. Après de longues décennies d’absence, 2013 a marqué un réveil culturel et sociétal sans précédent. De belles initiatives sont nées de ce mouvement, à la fois dans les domaines politiques, culturels et médiatiques.

Ensuite, la résurgence de l’engagement des chrétiens dans la cité a aussi pu prendre la forme d’un repli sur soi et d’un pharisaïsme dont l’exigence de pureté à l’égard de ceux qui s’engagent, de ceux qui ont les mains dans le cambouis rend impossible toute action efficace sur le terrain tant ces derniers sont parfois critiqués et mis au pilori par leurs propres frères. Le catholique a tendance à absolutiser la politique alors qu’elle n’est qu’un pauvre moyen. Le risque de tomber dans l’anathème à tout va est grand. Nous devons être vigilants à ne jamais passer pour des donneurs de leçons afin de ne pas devenir inaudibles. La parole doit être performative et pas seulement déclarative.

Ce sont ces points précis que va questionner l’Étincelle selon un triptyque de base : vérité, charité, espérance avec pour objectif de bâtir des ponts là ou d’autres cherchent à élever des murs.

À qui s’adresse cette formation ? Peut-on y participer sans avoir de formation politique préalable ?
Tout à fait ! Ce parcours de formation s’adresse avant tout aux non initiés. À ceux qui s’intéressent toujours à la vie politique mais qui en sont déçus. L’Étincelle n’est pas d’abord une pépinière de futurs élus. Si cela arrive en fin de parcours, ce sera une bonne chose mais la vocation première de l’Étincelle est de faire émerger, chez l’électeur chrétien, une conscience politique incarnée, réaliste, efficace et cohérente, porteuse d’espoir.

Tout le monde n’est pas appelé à intégrer la sphère politique au sens mandataire du terme. À chacun sa vocation. Mais nous sommes tous appelés à agir, d’une manière ou d’une autre, dans la vie de la cité, non pas pour revendiquer des intérêts catégoriels mais pour la défense du bien commun. Le vote est le premier acte politique d’importance. Le soutien à l’égard de ceux qui s’engagent en est le second parce qu’il est fondamental d’être en renfort de ceux qui sont au front. Un capitaine de navire a besoin d’un solide équipage pour avancer. Un curé de paroisse a besoin de laïcs engagés. Un élu a besoin d’une force citoyenne prête à l’entourer, à le soutenir.


Lire aussi : Élections : Voter ? Oui mais pour qui et selon quels critères ?


Qu’est-ce qui différencie ce parcours d’autres parcours déjà existants (IFP, Ichtus…) ?
L’Étincelle n’est pas un parcours militant ou anthropologique. Ça n’est pas un cycle de formation fondamental sur les lois de bioéthiques, la place de l’homme dans l’économie, la famille etc.

Ces formations existent déjà et elles remplissent très bien leur mission. L’Étincelle répond à un besoin : celui de penser l’agir du chrétien dans la cité. Celui d’être confronté à la réalité de la vie. Celui d’entendre et de débattre avec ceux qui savent de quoi ils parlent : les élus de la nation, au niveau municipal, régional, national et européen.

Rien de partisan, l’objectif de L’Étincelle n’est pas de savoir pour qui il faut voter mais d’agir, d’abord, en qualité d’électeur et de citoyen éclairé et averti. Quel comportement adopter ? Quel regard et quel jugement porter sur la vie politique, sur ses acteurs, sur nos élus ? Quels mécanismes sont en jeu ? Tout au long de ce parcours, l’Étincelle offrira des clés de lecture qui permettront au chrétien de mieux saisir la subtilité de ce qui se passe dans l’arène politique.

La particularité du vote catholique est d’être relativement dispersé. L’objectif de votre parcours est-il d’unifier les différentes tendances que l’on trouve dans le milieu catholique ?
Oui en effet. L’objectif est de réunir, pendant 4 mois, les chrétiens de toutes tendances confondues afin de pouvoir passer au dessus des clivages partisans, de nous laisser bousculer dans nos certitudes afin d’adopter un comportement cohérent avec ce que nous professons.

L’armée du Christ est Une mais ses légions sont nombreuses ! Dans l’expression de notre foi, il existe plusieurs courants qui correspondent à la pluralité des sensibilités spirituelles. Certains se retrouvent plus dans les communautés nouvelles, d’autres au sein de communautés contemplatives et d’autres encore, sont attachés à la mystique d’un chant grégorien. Mais tous ont un objectif commun. En politique, c’est un peu la même chose.

Nous devons accepter l’idée qu’il existe plusieurs chemins permettant d’arriver au même endroit.  Il existe plusieurs formations au service du bien commun qui peuvent être les lieux privilégiés de l’action politique. À chacun de voir laquelle lui correspond, en ayant toujours à cœur de ne pas condamner celui qui aura fait un autre choix. Si nous parvenons à dépassionner le débat, à remettre la politique à sa juste place alors nous pourrons devenir une véritable force alternative, une lame de fond dont les courants sont divers mais vont dans la même direction.

Comment se déroule cette formation ?
Deux mardis soir par mois pendant 4 mois, soit 8 séances en tout selon un programme qui se décline en 4 thèmes :

– Vivre en chrétien dans un État laïque

– Le principe de prudence et l’objection de conscience

– L’incarnation et la temporalité

– Le meilleur possible

Le premier mardi de chaque mois sera consacré à la formation théorique, dispensée par des essayistes, philosophes et prêtres experts sur ces questions. Le deuxième mardi du mois lui fera écho via le témoignage concret d’un élu. Ce fonctionnement en binôme permettra de confronter la théorie d’une idée à sa mise en pratique. Sans aucun prisme médiatique, sans a priori, nous serons donc à même d’apprendre de l’expérience de ceux qui font au quotidien pour enfin, affiner notre sens critique.

Parce que l’Étincelle est un parcours confessionnel, nous commencerons chaque séance par un temps de prière et nous les terminerons par un temps de partage où nous serons amener à méditer sur des passages de la vie du Christ, modèle d’engagement dans la cité, et de textes ecclésiaux comme la note doctrinale sur l’engagement des catholiques dans la vie politique.

J’invite tous ceux et celles qui souhaitent en savoir plus à venir à la soirée porte ouverte du 7 novembre à 20h00 au 21 bis rue d’Armaillé et/ou à me contacter par email : letincelle.contact@gmail.com

Propos recueillis par Jean Muller

Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Aleteia vit grâce à vos dons

Permettez-nous de poursuivre notre mission de partage chrétien de l'information et de belles histoires en nous soutenant.