Qu’est-ce que je fais pour aider mon prochain à se transformer, pour tendre davantage vers le bien ?
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“En cette année de la miséricorde, développons notre capacité de bienveillance et de tolérance.”
L’amour du prochain
Mieux encore, est-ce que je le fais pour mon confort psychologique propre (je ne veux pas être “dérangé” par lui dans mes sécurités matérielles et affectives) ou pour lui-même, pour sa propre conversion ? Est-ce que je le fais non pas à partir d’une intention et d’une posture moralisatrices qui masqueraient la prétention de me sentir moralement et spirituellement supérieur, mais par amour véritable, c’est-à-dire parce que je veux son bien ? Saint Augustin formule encore mieux ce questionnement : “Pourquoi le corriges-tu ? Parce qu’il t’a offensé et que cela t’a agacé ? Que Dieu t’en préserve. Si tu le fais par amour-propre, tu ne fais rien de bon. En revanche, si c’est l’amour qui t’y pousse, tu œuvres excellemment” (Saint Augustin, Sermo 82, 4.). L’authenticité et l’efficacité de la correction fraternelle, en tant qu’institution divine (Mt 18,5) ordonnée de ce fait à la charité, résident donc en premier lieu dans l’intention de la démarche : l’amour du prochain.
Il y a ensuite la méthode. J’atteins plus aisément le cœur d’une personne si je m’applique à garder envers elle une attitude bienveillante, patiente et aimable. Car, de cette manière, son cœur s’ouvre et elle est mise face à elle-même. En revanche, dans une posture de jugement, d’impatience, de condamnation et d’intransigeance, je place cette personne face à moi, et donc sur un réflexe d’autodéfense (stimulé bien sûr par l’orgueil que nous portons malheureusement tous à des degrés divers) qui ferme son cœur. De ce fait, elle va m’affronter plutôt que d’écouter le message de transformation que je veux lui porter.
L’exemple de Jésus
Observons la démarche de conversion de Jésus dans l’épisode de la femme adultère : “Je ne te condamne pas. Va et ne pèche plus” (Jn 8, 1-11), lui dit-Il, alors même que les pharisiens, qui ne sont pourtant pas eux-mêmes exemplaires, se préparaient à la lapider. Ici, les pharisiens ne visaient pas la conversion de la femme, ce qui est le but ultime de la correction fraternelle authentique, mais ils cherchaient leur justification personnelle à travers une posture d’observance extérieure de la Loi ; d’où d’ailleurs l’hypocrisie que dénonce le Christ.
Rechercher le positif
L’intolérance, la rudesse du regard et des mots n’aident pas à élever la personne à partir de ses faiblesses. En revanche, la patience, l’empathie, l’écoute bienveillante aident à atteindre les cœurs en profondeur, en les réchauffant. Il faut accueillir et rejoindre la personne dans son mystère (ses blessures, ses souffrances qui, souvent, déterminent un type de comportement social) pour l’aider, avec la grâce de Dieu, à le surmonter. Il faut rechercher une base d’appréciation positive de la personne en s’efforçant d’identifier chez elle quelque chose de positif, aussi petite qu’on penserait qu’elle puisse être. C’est à partir celle-ci que l’on peut ensuite l’aider sur les autres aspects moins positifs.
“La correction fraternelle, enseigne saint Josémaria, quand tu devras la pratiquer, doit être pleine de délicatesse — de charité ! — dans la forme et dans le fond car au moment où tu la fais tu es un instrument de Dieu” (Saint Josémaria, Forge, n. 147). En cette année de la miséricorde, développons notre capacité de bienveillance, de tolérance, de distance dans le jugement, bases à partir desquelles nous allons rechercher la conversion de nos proches : quand on parle avec amour les cœurs s’ouvrent, autrement ils se ferment !