Il y a cent ans, alors que les trois pastoureaux, Lucia, Francisco et Jacinta, étaient en train de jouer, un ange leur apparaissait…
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Au printemps 1916, alors qu’ils sont en train de jouer à la Loca do Cabeço, les trois pastoureaux, Lucia, Francisco et Jacinta, virent venir vers eux “un jeune garçon d’environ 14 ou 15 ans, d’une grande beauté, plus blanc que neige et que le soleil rendait transparent comme s’il était en cristal”, rapporta Jacinta. Cet ange réapparaîtra trois fois avant la première apparition de la Vierge de Fatima dont l’Église fêtera l’année prochaine, en 2017, le premier centenaire.
En Italie, Don Marcello Stanzione, spécialiste de la question des anges, vient de sortir un livre Gli Angeli custodi delle Nazioni. Cent’anni fa a Fatima l’angelo del Portogallo parlava ai tre pastorelli – Les anges gardiens des nations. Il y a cent ans l’ange du Portugal parlait aux trois pastoureaux – dont l’objectif est de mieux faire comprendre, mais surtout mieux vivre, le message de la Vierge.
Les anges de retour
Aleteia a recueilli les commentaires de Carmine Alvino, autre Italien spécialisé dans le culte angélique, qui présente ce livre en l’insérant dans un contexte plus large de réflexion sur la figure des anges dans l’histoire de l’Église, avant de se concentrer sur l’ange du Portugal puis les apparitions de Marie à Fatima :
On dit que les anges sont de retour. Des dizaines de livres récents expliquent qu’ils sont plus que jamais présents autour de nous. Et s’ils sont si nombreux c’est parce que les personnes ont évolué, que la spiritualité, la recherche intérieure, piquent à nouveau leur curiosité, que ces personnes sont plus attentives à ce qui se passe dans leur âme. Ces publications sont d’accord pour dire que l’ange est une entité d’un genre tout-à-fait spécial, un être très puissant, une énergie pure. Ces anges se présentent sous différentes formes, mais ils sont avant tout des êtres de Lumière, des guides intérieurs que chacun peut contacter pour être aidé dans la vie.
À Fatima, le contact avec l’ange se passe de façon tout à fait extraordinaire et inattendue…
Ces “rencontres” entre les trois pastoureaux et l’ange ressemblent incroyablement à celles décrites dans les Évangiles. Marc, en particulier, raconte qu’après la mort de Jésus, les femmes “en entrant dans le tombeau, virent, assis à droite, un jeune homme vêtu de blanc. Elles furent saisies de frayeur”. L’ange de Fatima se manifeste en effet lui aussi sous les traits d’un jeune homme vêtu de blanc, d’une blancheur extraordinaire, rendu presque transparente, comme le cristal, par la lumière du soleil.
L’ange apparaît à Lucia, Francisco et Jacinta, les rassure en leur disant de ne pas avoir peur. À sa première apparition, il leur dit : “N’ayez pas peur, je suis l’ange de la paix”, à sa deuxième qu’il est l’ange gardien de leur patrie, le Portugal.
Comme précise dans son livre Don Marcello Stanzione, “l’idée des anges protecteurs des nations apparaît dans la Bible mais également dans la théologie catholique. Selon saint Thomas d’Aquin, ni l’homme, ni aucune autre chose, ne peut rester complètement en dehors de la providence de Dieu qui gouverne tout”.
Le Portugal, depuis la fin 1514, célébrait la fête de son ange gardien, chaque troisième dimanche du mois de juillet. Puis cette coutume est tombée en désuétude au XIXe siècle, en raison notamment des moqueries que celle-ci avait suscitées chez les francs-maçons, très actifs dans le pays. Saint Pie X supprima cette pratique quelque temps seulement avant les apparitions de Fatima. Les Portugais réclamèrent à Pie XII sa restauration officielle, et aujourd’hui cette fête est célébrée le 10 juin, jour de la fête nationale.
Après leur avoir appris une prière d’adoration à la Très Sainte Trinité, “l’ange prédit aux trois pastoureaux un événement de grâce divine, affirmant que les Cœurs de Jésus et de Marie ont sur eux des desseins de miséricorde. (…) Il invite Francisco, Jacinta et Lucia à offrir prières et sacrifices en guise de réparation pour les péchés des hommes, en l’honneur et par amour des saints coeurs de Jésus et de Marie”.
Les trois enfants ne revirent plus l’ange mais ses trois visites restèrent gravées dans leurs cœurs. Comme une anticipation des apparitions de la Vierge, à partir du 13 mai 1917. Les pastoureaux ne parlèrent jamais de leurs rencontres avec l’ange, si ce n’est Lucia bien plus tard. Ils les avaient vécues comme des moments à eux, car les messages s’adressaient directement à eux, contrairement à ceux que la Vierge leur confia plus tard.
Que penser alors, plus généralement, de la mission des anges parmi les hommes ?
L’ange a pour mission de nous conduire à Dieu et à l’endroit qu’Il a préparé pour nous. Dieu est toujours présent dans le Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ, âme et divinité, dans tous les tabernacles du monde. Jésus Christ, le Verbe incarné de Dieu, se change en pain et en vin pour entrer en nous comme aliment, et pour être notre vie et la voie à suivre qui conduit au Père.
Dans le cas spécifique de Fatima soeur Lucia raconte :
“On s’est levés pour voir ce qui se passait, et avons revu l’ange qui tenait un calice dans sa main gauche. En suspension au-dessus du calice, il y avait une hostie de laquelle tombaient quelques gouttes de sang. L’Ange quitta le calice et l’hostie pour venir s’agenouiller à côté de nous et nous demander de répéter trois fois : “Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint Esprit, je vous adore profondément et je vous offre le très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus Christ, présent dans tous les tabernacles du monde, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférence par lesquels Il est le plus offensé et par les mérites infinis de son Sacré Cœur et du Cœur Immaculé de Marie, je vous supplie de convertir les pécheurs”. Puis, l’ange se leva levé, prit le calice et l’hostie. Il me donna l’hostie et fit boire Jacinta et Francisco au calice en disant : “Mangez et buvez le Corps et le Sang de Jésus Christ terriblement outragé par l’ingratitude des hommes. Offrez réparation pour consoler Dieu”. L’Ange s’agenouilla à nouveau, mit le front à terre et répéta avec les enfants : “Oh, Sainte Trinité…”, puis il disparut.”
Quel rapport entre l’ange de Fatima, et en général ceux de la tradition catholique, avec les “nouveaux anges” dont on parle tant de nos jours ?
On trouve dans les magasins d’articles dits “sacrés” ou pseudo-religieux, de plus en plus de livres sur les anges. Mais ces “nouveaux” anges n’ont vraiment rien de ceux que rapporte la tradition. Ils sont le reflet d’une mythologie moderne qui cherche à légitimer une nouvelle manière de vivre la spiritualité, centrée sur les besoins versatiles de l’homme. Alors que l’ange de Fatima transmet un message de Dieu éternel et indubitable. L’apparition de ces nouveaux anges est le reflet d’une époque pleine de doutes, confuse sur le plan religieux, où l’on tend à faire prévaloir le libre-choix individuel sur tout.
Ces “nouveaux anges” ne font que renforcer l’autonomie de l’homme moderne sur le plan spirituel. On lui dit qu’il ne doit pas juger les croyances des autres et que tout ce qui contribue à son bien-être intérieur est bon à choisir.