À ceux qui penseraient que l’examen de conscience est une pratique d’un autre âge le pape François rétorque que « la lutte qu’a menée Jésus contre le mal n’est pas une chose antique, c’est une chose très moderne qui se trouve chaque jour dans notre cœur » et que, précisément, l’examen de conscience accompagne le chrétien dans cette lutte en l’aidant « à faire de la place à l’Esprit Saint ». Il enjoint d’ailleurs les chrétiens à s’y plier non pas au moins une fois par an avant d’aller nous confesser, mais une fois... par jour avant d’aller nous coucher.
À ceux qui continueraient d’hésiter, il explique qu’« il n’existe pas de chrétiens tranquilles, qui ne luttent pas : ceux-là ne sont pas des chrétiens, ce sont des "tièdes" ». Avant de conclure : « La vie chrétienne est une lutte. » Cette approche stimulante de l’examen de conscience bouscule ceux qui le réduisent, à tort, à une introspection exclusivement destinée à repérer scrupuleusement ses péchés afin de battre sa coulpe.
Tourné vers l’avenir
« L’examen de conscience est un exercice intérieur qui consiste à confronter sa vie aux commandements de Dieu. Ce regard de vérité est douloureux parce qu’on prend conscience de son péché, mais dans les tréfonds de notre âme nous rencontrons aussi la grâce de Dieu », souligne le père Emmanuel Roberge. Dans Veritatis splendor, saint Jean-Paul II, lui, note qu’il ne s’agit pas d’un dialogue intime de l’homme avec lui-même mais « du dialogue de l’homme avec Dieu, auteur de la Loi, modèle premier et fin ultime de l’homme ».
Il ne s’agit pas de se lamenter sur ses piètres performances spirituelles : un bon examen de conscience est tourné vers l’avenir et guidé par la volonté de se rapprocher toujours plus du Christ.
Faire son examen de conscience, c’est donc commencer par se mettre en présence de Dieu puis rechercher ses péchés pour Lui demander pardon, et ensuite prendre la résolution de ne pas les commettre à nouveau. Il ne s’agit pas de se lamenter sur ses piètres performances spirituelles : un bon examen de conscience est tourné vers l’avenir et guidé par la volonté de se rapprocher toujours plus du Christ. « Le but n’est pas d’enfoncer le pécheur dans son péché mais de l’aider à s’élever. Or pour s’élever et se revivifier, il faut d’abord prendre conscience de la médiocrité de son âme. Saint Ignace insiste bien sur le fait que découvrir l’horreur de son péché doit être dirigé vers le désir d’une plus grande sainteté », rappelle le père Jean-François Thomas, s.j.
Développer les vertus chrétiennes
La pratique de l’examen de conscience remonte aux premiers temps de l’Église. Dès le IIe siècle, les Pères du désert s’y astreignent afin de lutter contre les mauvaises tendances qui affectent leur âme et ainsi progresser sur le plan moral et spirituel. Mais c’est saint Ignace de Loyola qui, au XVIe siècle, la développera et la rationalisera dans ses Exercices spirituels, en en distinguant deux types : l’examen particulier et l’examen général.
Au fond de sa conscience, l’homme découvre la présence d’une loi qu’il ne s’est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est tenu d’obéir. Cette voix, qui ne cesse de le presser d’aimer et d’accomplir le bien et d’éviter le mal.
Quotidien, l’examen particulier a pour but de développer les vertus chrétiennes. « Il va servir à repérer nos péchés mais aussi les défauts qui nous empêchent de progresser, qui ne sont pas des péchés en acte mais peuvent conduire au péché. Il ne s’agit pas d’embrasser toutes nos infidélités mais de les combattre les unes après les autres. C’est un travail exigeant de longue haleine », indique le père Thomas. Saint Ignace conseille d’identifier « le matin dès le lever » le péché dont on veut se corriger, puis deux fois dans la journée (après le déjeuner et après le dîner) de procéder à son examen de conscience en relevant sur une feuille, chaque fois sur une ligne différente, le nombre de fois où l’on est tombé. Le graphique étant destiné à témoigner de nos victoires progressives.
« Un livre ou une grille de lecture de nos fautes ne sont pas nécessaires pour ce type d’examen, prévient le père Thomas. Il suffit de se regarder soi-même, honnêtement. Nous connaissons nos tendances majeures qui nous conduisent au péché. » C’est ce que souligne saint Jean-Paul II dans Veritatis splendor :
« Au fond de sa conscience, l’homme découvre la présence d’une loi qu’il ne s’est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est tenu d’obéir. Cette voix, qui ne cesse de le presser d’aimer et d’accomplir le bien et d’éviter le mal, résonne au moment opportun dans l’intimité de son cœur : "Fais ceci, évite cela." »
Les cinq étapes pour réussir son examen de conscience
L’examen général est quant à lui destiné à se préparer à la confession. C’est celui auquel nous sommes le plus habitués et qu’il nous arrive de faire in extremis dans la file d’attente devant le confessionnal. « C’est mieux que rien, mais c’est un peu trop tard, estime le père Thomas. Car ce qui apparaît au dernier moment ce sont les péchés mortels, qui peuvent avoir été commis une seule fois, tandis que vont rester dans l’ombre les plus petits péchés qui, à cause de leur répétition et de l’indifférence dont on les entoure, continuent leur travail de sape au fond de notre âme. » Le Guide de l’examen de conscience publié par la Sacrée Pénitencerie apostolique souligne qu’« une bonne confession est toujours la conséquence d’un examen de conscience antérieur, sincère et approfondi, qui seul peut pousser le croyant à éprouver de la douleur à propos des péchés commis et désiré en être libéré au plus vite au travers de la rencontre avec la miséricorde divine dans le sacrement ».
Comment procéder concrètement ?
1. Rendre grâce à Dieu pour ses bienfaits.
2. Lui demander la lumière de la grâce pour connaître ses péchés et les rejeter.
3. Passer en revue ce qui dans nos pensées, nos paroles, nos actions a pu être en opposition aux commandements divins.
4. Demander pardon pour ses fautes.
5. Puis former le propos de s’amender.
Les écueils à éviter
Pour ce qui concerne plus particulièrement l’examen de ses péchés, des grilles de lecture seront d’un grand secours : le Décalogue, comme nous le suggère le Catéchisme de l’Église catholique, les Béatitudes, le Notre Père, les sept péchés capitaux, ou encore une lecture de nos devoirs envers Dieu, envers notre prochain et vis-à-vis de nous-même. Les utiliser en alternance est profitable, de même que de prendre conseil auprès d’un prêtre afin qu’il nous aide à les adapter à notre profil. Un enfant ne commet pas les mêmes fautes qu’un adulte, un célibataire qu’un homme marié, une étudiante qu’une mère de famille. À cet égard, le site Les Petits Ostensoirs propose des examens de conscience sur mesure, pour les enfants en fonction de leur âge, pour les parents, et pour les époux.
Au cours de cet examen, deux écueils sont à éviter. « Il ne faut pas se focaliser sur ses péchés, avoir une mentalité scrupuleuse en oubliant qu’on est appelé à la sainteté, mais il ne faut pas non plus penser que celle-ci est gratuite, et ne nécessite aucune purification ni conversion », alerte le père Roberge. Et quant à savoir si on a fait un examen complet de sa conscience ? « On n’est jamais sûr d’avoir le tour de la question, poursuit-il, mais l’une des grâces du sacrement du pardon est que plus on se confesse, plus l’examen de conscience est facile et mieux on se voit en vérité. »
Élisabeth Caillemer