Pendant cette période estivale, Aleteia vous propose de découvrir cinq lettres qui vous feront voyager à travers les différents âges de la vie. Aujourd’hui, plongez-vous dans le deuxième courrier de cette série, destiné à deux fiancés. Chers amis,
Je suis allé à Beaune, et j’ai pensé à vous en entrant dans le silence d’une cave remplie de tonneaux qui attendent patiemment, comme s’ils étaient là depuis des siècles. Il faut, pour élever le vin, une part de passion, une autre de patience. Et cela est vrai aussi de l’amour, qui a ses paroles et ses silences, ses racines et ses ailes. Vous savez peut-être que quand mûrissent les grands vins, une part s’évapore. On l’appelle “la part des anges”. Elle est cet invisible qui échappe au contrôle de l’homme. On pourrait dire que toute vie, toute rencontre, a sa part des anges, sa face cachée, sa profondeur mystique.
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Pourquoi êtes-vous ici, tous deux, au beau jour de votre mariage ? Vous êtes d’abord ici par un certain mystère qui fait que deux personnes se rencontrent et se dévoilent, apprennent à se connaître et à s’aimer. L’essentiel de la vie demeure incontrôlable. “Il y a un mystère trop grand pour moi”, dit le livre des Proverbes, “le chemin de l’homme vers la femme.” Il y a dans toute vie une annonciation, un ange qui passe, et il ne faut pas rater son passage. Le train ne sifflera pas trois fois… On entend parfois le slogan stupide : “Une de perdues, dix de retrouvées”. Mais vous savez comme moi qu’”un seul être vous manque et tout est dépeuplé”. Une de perdue, c’est une de perdue… Seul celui qui retient le passage de l’ange pourra chanter son Magnificat.
Il est beau de voir que les grandes rencontres, les grandes beautés, comme les grands drames, échappent toujours à la part de rationalité qui prétend tout peser, tout mesurer et tout expliquer. “Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point.” Vous êtes “tombés” amoureux. On ne peut édifier une vie qu’en étant d’abord tombé. La chute est nécessaire à l’édification. Cela ne suffit pas, sans doute, car l’amour est aussi engagement et responsabilité. Il est une décision parfois héroïque de l’âme.
“Comment ancrer la fugacité du sentiment dans la pierre qui demeure, le murmure dans la Parole ?”
“Retiens la nuit”, chante Johnny, “avec toi elle paraît si belle…” Mais la nuit passe comme une ombre, et “les matins se suivent et se ressemblent quand l’amour fait place au quotidien”. “Encore un matin… Un matin pour rien ?” Comment ancrer la fugacité du sentiment dans la pierre qui demeure, le murmure dans la Parole ? Le cœur blessé des amoureux cherche un rocher où ancrer sa fidélité.
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“Demeurez en moi, comme moi en vous”, dit le Seigneur (Jn 15, 4). Vous passez à “la boutique de l’orfèvre”, selon la belle image de saint Jean Paul II. Vous vous aimez, mais seul l’orfèvre peut sceller les alliances. “Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas” (Mt 19, 6). Par Lui, vous ancrez votre couple plus haut que vous-mêmes. Il vous donne l’un à l’autre. Vous devenez gardiens de l’autre en son mystère. On est responsable pour toujours de sa rose, on est gardien pour toujours de celui à qui on donne sa vie, de ceux à qui on donne la vie. Et chacun de vous peut dire à son Seigneur : “Que serais-je sans Toi qui vins à ma rencontre, que serais-je sans Toi que ce balbutiement ? ”
Père Luc de Bellescize
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