Notre monde est de toute beauté, mais nous ne le contemplons pas assez. Pourtant, quel que soit notre âge, il nous appartient de louer la Création, de laisser une place à l’émerveillement, cette capacité de voir le monde comme un don de Dieu.Les sites web, les journaux, la radio et la télévision déversent chaque jour sur nous leur flot de lamentations et de catastrophes diverses. Au point que nous risquons d’oublier de nous émerveiller… « Les peuples heureux n’ont pas d’histoire », dit-on, et c’est sans doute pour cela que l’amour véritable, la fidélité, la beauté, le don de soi et la joie ne font pas la une des journaux… ni même de Ia plupart des conversations. L’émerveillement est pourtant une des qualités de l’enfance, de celles qui font dire à Jésus : “Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits”. (Mt 11, 25)
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L’émerveillement ce n’est pas I’optimisme béat, rêveur et irréaliste. L’émerveillement est au contraire l’attitude qui consiste à contempler la réalité dans toute sa plénitude, à voir au-delà des apparences défigurées par le mal. Savoir s’émerveiller, c’est se rendre présent à la présence aimante de Dieu à travers tout ce que nous vivons. C’est regarder des choses et les personnes avec un cœur toujours neuf, sans être blasé ni lassé. C’est savoir s’étonner, accueillir la vie de chaque jour comme un cadeau. C’est rester pur de toute convoitise, de tout désir d’appropriation ou de domination. II est important de forger le jugement de nos enfants en leur apprenant à discerner le mal. II est vital d’ouvrir leurs yeux et leur cœur aux souffrances des autres, de leur apprendre la compassion. Mais il est tout aussi important de veiller à ne pas tarir en eux cette capacité d’émerveillement propre aux petits.
L’art de cultiver l’admiration au quotidien
Sachons d’abord nous émerveiller avec eux. Cela suppose que nous soyons réellement attentifs car l’émerveillement ne se traduit pas toujours par des exclamations enthousiastes. C’est même souvent le contraire. S’émerveiller avec nos enfants ne consiste certainement pas à pousser de grandes exclamations, l’émerveillement s’accommode mal du bruit. C’est une forme de contemplation qui se vit au plus intime de notre être, dans ce jardin secret auquel Dieu seul à accès.
Émerveillons-nous avec nos enfants et aussi devant eux. Si l’émerveillement est profondément secret et silencieux, il reste que nos paroles et nos attitudes peuvent favoriser ou au contraire étouffer la capacité d’émerveillement. Sans taire ce qui va mal, sachons aussi mettre en valeur ce qui est beau, ce qui est bien. Prenons l’exemple de la famille : on parle beaucoup, à grands renforts de chiffres, de l’augmentation du nombre des divorces, mais on passe sous silence les époux profondément aimants et fidèles. On étale volontiers les soucis multiples causés par les enfants, mais beaucoup moins souvent les joies immenses qu’ils nous donnent. Pourquoi l’adage « petits enfants, petits soucis – grands enfants, grands soucis » alors qu’on entend rarement « enfants, petits et grands, grandes joies » ? On pourrait donner des centaines d’exemples du même genre.
La présence de Dieu au cœur de notre vie
Quand on demande à un enfant, et plus encore à un adolescent, ses principales qualités, il répond généralement en citant… des défauts ! Cela est symptomatique d’un manque de confiance, d’un regard négatif. II est très mauvais d’encenser continuellement un enfant et de vanter partout ses innombrables qualités. Mais il n’est pas meilleur de l’abaisser sans cesse, de lui infliger des remarques désobligeantes ou ironiques sur son mauvais caractère, son nez trop long ou sa lenteur. On n’aide jamais un enfant à grandir en l’humiliant et en I’abaissant. Cela ne signifie pas qu’il ne faille pas lui apprendre à reconnaitre ses torts et ses limites, à accueillir sereinement les échecs et les humiliations. Mais il nous revient de l’aider à faire croître tous les talents que le Seigneur a mis en lui. Et donc à discerner ces talents, très simplement et humblement.
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Souvent, lorsqu’on leur raconte les miracles de Jésus, les enfants disent : « Quel dommage que nous n’ayons pas été là ! Comme ce serait bien de voir un miracle ». Apprenons-leur à voir ce qui est plus grand que tous les miracles : la présence de Dieu au cœur de notre vie. II est merveilleux que Jésus change l’eau en vin ou guérisse des malades, mais il est beaucoup plus extraordinaire encore qu’ll soit mort et ressuscité pour chacun de nous. Dieu est d’une beauté et d’une bonté inimaginables, et le mal n’a pas de prise sur Lui. Dieu nous aime au-delà de toute expression, aujourd’hui même, là où nous en sommes avec notre péché et nos infidélités. Dieu veille sur chaque homme avec infiniment de sollicitude. II nous appelle, dès à présent, à vivre en ressuscités. Devant tant de merveilles qui nous sont données chaque jour, à chaque instant, ne cessons pas de nous étonner avec un regard d’enfant.
Christine Ponsard