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L'Église catholique ne reconnaît pas comme surnaturelles les "visions", "révélations" et "communications" de la mystique Maria Valtorta (1897-1961), a annoncé le dicastère pour la Doctrine de la foi dans un bref communiqué publié sur son site à la date du 22 février 2025. Les écrits de cette Italienne connaissent encore aujourd'hui un certain succès, même s'ils ont été mis à l’Index en 1959 et critiqués par le Saint-Siège à plusieurs reprises depuis.
Le dicastère explique avoir voulu publier cette note après avoir été souvent sollicité concernant la position de l’Église sur les écrits de Maria Valtorta. Il cite notamment son livre L'Évangile tel qu'il m'a été révélé, ouvrage en dix tomes dans lequel l’Italienne raconte à sa manière le récit de la vie du Christ, aussi connu sous le nom de "poème de l'Homme-Dieu".
"Les prétendues 'visions', 'révélations' et 'communications' contenues dans les écrits de Maria Valtorta, ou en tout cas qui lui sont attribuées, ne peuvent être considérées comme d'origine surnaturelle", affirme le dicastère pour la Doctrine de la foi. Elles "doivent simplement être considérées comme des formes littéraires que l'auteur a utilisées pour raconter, à sa manière, la vie de Jésus-Christ", insiste-t-il.
Le dicastère rappelle que l’Église n’accepte pas les "Évangiles apocryphes et autres textes similaires" comme "normatifs", car elle "ne reconnaît pas leur inspiration divine". L’Église se réfère uniquement au canon des "Évangiles inspirés", soit ceux écrits par les évangélistes Jean, Marc, Matthieu et Luc.
Entre 1943 et 1951, Maria Valtorta, une grande lectrice d’écrits mystiques ayant traversé de nombreuses épreuves dans sa vie, a rédigé un Évangile, selon elle "sous la dictée du Saint-Esprit". Plus tard, elle a aussi affirmé avoir reçu des commentaires de textes liturgiques de la part de son ange gardien. Ses écrits, amplement diffusés, ont alors attiré les foudres du Saint-Siège.
Condamnation à l'Index
En 1959, l’«Évangile" de Valtorta a été mis à l’Index par le "Saint Office", ancêtre du dicastère pour la Doctrine de la foi, qui lui reprochait principalement son "irrévérence" envers le récit biblique. Le Vatican avait décrit l’ouvrage comme "une vie de Jésus mal romancée" dans L’Osservatore Romano du 6 janvier 1960.
En outre, Rome déplorait un récit dans lequel "Jésus est loquace à l'extrême, presque vantard, toujours prêt à se proclamer Messie et Fils de Dieu et à donner des leçons de théologie dans les mêmes termes que ceux qu'utiliserait un professeur d'aujourd'hui" et Marie "a la facétie d'un propagandiste moderne" et donne des "leçons de théologie mariale". Le Saint-Siège mettait aussi en garde contre une forme de "nouvelle mariologie" présente dans le texte.
Critiques du cardinal Ratzinger
Malgré l’interdiction, la publication se poursuit dans les années suivantes, profitant en outre de la suppression de l’Index par le Concile Vatican II en 1966. Cependant, le Saint-Siège va continuer de mettre en garde contre les écrits de Maria Valtorta. Ainsi le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la congrégation pour la Doctrine de la foi, a rappelé que la condamnation de l’Index conservait sa valeur morale et mettait en garde contre les "dommages" provoqués par ce texte, dans une lettre publiée en 1984. En 1988, il déplorait dans une autre lettre "un ensemble de fantaisies enfantines, d’erreurs historiques et exégétiques, le tout présenté dans un contexte subtilement sensuel".
En 2021, la commission doctrinale de la Conférence des évêques de France avait publié un "bref avertissement" pour rappeler que le Magistère de l’Église n’a jamais reconnu les écrits de Maria Valtorta comme étant d’inspiration surnaturelle.
