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Les rencontres entraînent parfois des conséquences inattendues. Le père Alain Eschermann, curé de la paroisse de Limay-Vexin, dans les Yvelines, pouvait-il imaginer que sa participation aux ostensions limousines, en 2023, permettrait de faire revenir dans une église de son territoire paroissial des reliques d’un saint du XIe siècle ? Pourtant, Mgr Pierre-Antoine Bozo, évêque de Limoges, est bien venu à Gargenville, dimanche 16 février 2025, avec des fragments du squelette de saint Gaucher.
Rembobinons : Gaucher naît à Meulan, au bord de la Seine et non loin de Gargenville, en 1060. Encore jeune, il est attiré par la contemplation et la vie avec Dieu au milieu de la nature. Avec un ami, dès ses dix-huit ans, Gaucher devient ermite à quelques encablures de Limoges où il connaît un chanoine de la cathédrale. À l’écoute du Père, il finit par fonder un prieuré de chanoines réguliers selon la règle de saint Augustin à Aureil (sic). Il meurt à 80 ans d’une chute de cheval, connu pour son austérité et sa prière qui lui ont valu de nombreux disciples et fondations.
Un "pieux larcin"
Mais la proximité de Gaucher avec Gargenville n’est pas seulement liée à sa naissance à 10 km. Il y fonde un prieuré, dont l’église a précédé l’actuelle. Et c’est par dévotion envers ce fondateur exemplaire (mais l’enfer n’est-il pas pavé de bonnes intentions ?), qu’un certain Jean d’Aulbiac, chanoine d’Aureil nommé à Gargenville en 1410, vole une côte de Gaucher pour l’offrir comme relique à la vénération des fidèles du Vexin. Un « pieux larcin » qui faillit lui valoir une grave sanction : "Excommunié, ce moine avait finalement été gracié car la relique était arrivée à bon port au prieuré de Gargenville", détaille le curé de Limay-Vexin.

L’histoire de la dévotion à Gaucher de la paroisse de Gargenville est donc très ancienne, même si l’os a mystérieusement disparu au début du XVIIe quand on a voulu lui faire un plus beau reliquaire. Lequel, jusqu’à peu, demeurait vide. Mais, donc, aux ostensions limousines de 2023, le père Alain Eschermann fait la connaissance de Mgr Bozo qui accepte qu’une relique du saint exposée tous les sept ans lors de ces processions inscrites à l’Unesco soit "rendue" à l’église de Gargenville. Il l’a apportée lui-même le 16 février 2025. "C’était tout de même osé de demander à l’évêque de Limoges de nous redonner une relique alors que la première avait été subtilisée au XV siècle par un moine", s’amuse encore le prêtre.
Action de grâce et intercession
Pour lui et toute la paroisse, le retour de la relique n’a rien d’anecdotique, même si l’histoire est rocambolesque. Avoir des restes de Gaucher dans une église correspond à l’incarnation. Et le père de poursuivre : "Nous vivons dans un monde concret, explique le dépliant imprimé à l’occasion par la paroisse, et les saints ne sont pas des mythes. […] les reliques rappellent que des hommes et des femmes bien réels ont accueilli la promesse de Dieu dans leur humanité et ont témoigné de cet amour vécu."

De sorte que naisse dans le cœur de celui qui vient vénérer – et non adorer – les reliques, l’action de grâce pour un tel exemple et le souhait de lui demander son intercession. Pour avoir, sans être Gaucher, une vie spirituelle plus adroite ? Voici la prière proposée par la paroisse à ceux qui se présenteront devant le reliquaire à nouveau occupé :
Seigneur,
Saint Gaucher a tout quitté pour Te chercher et Te suivre,
et Tu lui as donné des frères et des sœurs à guider dans la foi et la vie commune.
Donne-nous à son exemple, un cœur à l’écoute de Ta Parole,
l’empressement dans l’amour de nos frères et sœurs, la joie de témoigner de notre espérance.
Nous te confions notre paroisse de Limay-Vexin : qu’à la prière de Saint Gaucher,
nous sachions accueillir la diversité de Tes dons au service de l’Unité,
par Jésus-Christ, notre Seigneur. Amen.