Le calvaire enduré par les chrétiens du Nigeria se poursuit, mais dans l'ombre la plus totale. 47 chrétiens ont été sauvagement assassinés lors d'un massacre perpétré pendant la période de Noël, comprenant des enfants. Cette terrible nouvelle est pourtant totalement passée sous silence, et n'a été révélée qu'en cette fin du mois de janvier par l'Aide à l'Église en Détresse (AED). "La nouvelle de ces attaques n’a été portée à l’attention de l’organisation caritative catholique internationale Aide à l’Église en Détresse (AED) que récemment, après avoir reçu des rapports de partenaires de l’Église locale, soulignant le manque de couverture médiatique de telles attaques au Nigeria", relève ainsi l'organisation.
Les massacres ont principalement eu lieu dans l'État de Benue, à l'est du Nigeria non loin de la frontière avec le Cameroun. Un groupe d'assaillants a attaqué la ville d'Anwase, tuant au moins 47 chrétiens dans leur paroisse, d'après le diocèse de Gboko. Huit églises de la paroisse Sainte-Marie ont été incendiées, ainsi que des cliniques, des maisons et des écoles, a témoigné auprès de l'AED le père Isaiah Ter, directeur exécutif de Caritas dans le diocèse de Gboko. "Le curé et le vicaire ont réussi à s'échapper et sont restés dans la brousse pendant une journée entière avant d'être finalement secourus", a par ailleurs indiqué le diocèse dans un rapport envoyé à l'Aide à l'Église en Détresse.
Auteurs non identifiés
La responsabilité de ces attaques ne semble pas pouvoir être clairement attribuée. Si le fait d'attaquer le jour de Noël, date symbolique par excellence, pourrait bien être la signature de groupes terroristes islamistes, les conflits entre bergers peuls musulmans et agriculteurs chrétiens sont fréquents et entraînent régulièrement des attaques d'une rare violence. De nombreux événements tristement similaires ont lieu dans d'autres États du Nigeria. Le 26 décembre 2024, le père Tobias Chukwujekwu Okonkwo, 41 ans, avait été abattu de plusieurs balles en pleine rue au sud du Nigeria. Le lundi de Pâques, 1er avril 2024, dix personnes avaient été massacrées dans l’État du Plateau, dont une femme enceinte.
Sur 222 millions de Nigérians, 103 millions sont chrétiens, parmi lesquels 65% sont protestants et 26% catholiques. Majoritairement agriculteurs et sédentaires, ils sont la cible régulière des bergers peuls qui cherchent à les chasser de leurs terres, ajoutant donc à la dimension religieuse de ces attaques une dimension ethnique. "Nous pensons de plus en plus que ce sont les islamistes qui utilisent les Peuls pour déplacer la population locale", avait notamment affirmé le père Remigius Ihyula dans une interview après une attaque au mois de mars 2023.