Si l’année jubilaire du 150e anniversaire de la mort de dom Prosper Guéranger (1805-1875) a débuté le 1er décembre dernier, premier jour de l’année liturgique, à Notre-Dame-du-Travail (Paris), avec vêpres grégoriennes, conférence et petits fours, l’abbé de Solesmes est mort très exactement le 30 janvier 1875. Prêtre du diocèse du Mans, il est considéré comme le refondateur de la vie bénédictine en France après la Révolution, installé dans l’ancien prieuré sarthois avec quelques amis dès 1833. La congrégation de Solesmes, famille des monastères issus de cette bouture, compte aujourd’hui 31 monastères d’hommes et de femmes, sur trois continents.
C’est à "celles et ceux qui ont engagé leur vie dans le sillage de ce serviteur de l’Église, ou bien qui œuvrent pour faire connaître sa vie et son œuvre" que le pape François vient d’adresser une lettre. Rendue publique le 27 janvier, elle a été signée le 2 et est adressée à dom Kemlin, père abbé actuel de l’abbaye Saint-Pierre de Solesmes et président de la Congrégation. Le Saint-Père exprime ses "encouragements" et son "affectueuse proximité" tout en soulignant deux aspects du "charisme" de l’abbé bénédictin, en plus de sa piété envers le Sacré-Cœur et l’Immaculée-Conception dont il a défendu le dogme. D’une part, "la fidélité au Saint-Siège et au Successeur de Pierre, en particulier dans le domaine de la liturgie", d’autre part "la paternité spirituelle".
Un modèle d’obéissance à Rome
Prosper Guéranger, explique le Pape dans un propos qui pourrait sembler politique, devrait "susciter dans les cœurs de tous les baptisés l’amour du Christ et de son Épouse, mais aussi une confiance filiale et une collaboration docile cum Petro et sub Petro (avec et sous l’autorité de Pierre)". L’abbé fut en effet l’un des premiers théologiens du “Mouvement liturgique”, renouvellement qui est à l’origine des réformes liturgiques du concile Vatican II, en mettant à la portée du plus grand nombre le sens des rites (dans L’Année liturgique) et en redonnant ses lettres de noblesse au chant grégorien. Il fut aussi un grand défenseur de l’infaillibilité pontificale définie en 1870.
Quant à la "paternité spirituelle", François rappelle qu’ "attentif à ce que le Saint-Esprit opère dans les âmes, dom Guéranger ne désirait qu’une chose : les aider dans leur recherche de Dieu." Voilà pourquoi le Pape désire que "son exemple de docilité au Saint-Esprit et de service inspire et guide un grand nombre de fidèles". C’est bien le sens de cette année jubilaire voulue par l’abbaye et par l’Association pour la canonisation de dom Guéranger.
Le procès de béatification relancé
Si la cause de béatification a été ouverte en 2005, elle a été relancée depuis peu. Le 17 juin 2023, Hélène de Courrèges, professeur de droit à Rouen, est nommée nouvelle postulatrice, en remplacement d’un moine de Solesmes avec l’appui de dom Dupont, abbé émérite, comme vice-postulateur. Le 8 novembre de la même année, les évêques de France se déclarent favorables à la cause, ouvrant la phase diocésaine du procès de celui qui est “serviteur de Dieu”. Pendant ce travail au tribunal diocésain du Mans et à la Commission historique, les fidèles peuvent déjà demander un miracle pour une future béatification, en récitant la prière suivante (et en signalant à l’abbaye les grâces et les faveurs reçues).
Prière pour demander la béatification de dom Guéranger
Que son dévouement à la Sainte Église et que son amour filial envers la Vierge immaculée, puisés dans le mystère du Verbe incarné, soient une lumière pour les chrétiens de notre temps.
Daigne, Seigneur, nous accorder la faveur que nous demandons par son intercession, afin que sa sainteté soit reconnue de tous et que l’Église nous permette au plus tôt de l’invoquer comme l’un de tes bienheureux et de tes saints. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen