Dans son homélie pour l’Épiphanie du 6 janvier 2011, le pape Benoît XVI parle des mages de l’évangile de saint Matthieu (cf Mt 2, 1-12) comme "des hommes en recherche de la lumière véritable qui peut guider nos vies". Tel est le sens de cette solennité du Seigneur célébrée quelques jours après la Nativité : est révélé aux nations tout entières, représentées par ces mages d’orient, donc n’appartenant pas à la tradition juive, que "la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée" (Jn 1, 5) comme le dit l’évangile du jour de Noël. Cet enfant, pauvre et faible, apparaît comme Dieu, roi, prophète, vainqueur du monde. Grand moment liturgique, surtout en Orient, qui a pris le nom grec d’ "épiphanie", qui porte à la fois l’idée d’apparition, de manifestation, d’éclat, de propagation de la lumière.
Même si cela n’est pas visible dans la liturgie, puisque l’honneur est laissé au Seigneur lui-même, l’Épiphanie est aussi le jour où l’on peut fêter ceux qui portent les noms traditionnellement attribués au trois mages : Balthazar, Melchior et Gaspard. Des prénoms qui ont d’ailleurs été forgés avec des étymologies babylonienne, perse et sanscrite. Dans cet idiome, Gaspard veut ainsi dire "celui qui vient voir", et Melchior "roi de lumière". Ils n’ont jamais été canonisés, mais leur recherche de Dieu à l’école de la raison et l’assentiment de la foi en même temps que l’offrande qu’ils font au Fils de Dieu demeurent de beaux enseignements. Depuis que ces trois prénoms leur ont été attribués, au VIe siècle, d’autres saints canonisés les ont d’ailleurs portés.
En revanche, l’Épiphanie est assurément la fête de tous ceux dont le prénom est une référence directe à ce mot grec : Épiphane et Tiphaine, avec tous leurs dérivés et variantes orthographiques et étrangères. À moins de les honorer les 21 janvier ou 12 mai en la fête de l’évêque Épiphane de Pavie ou de l’évêque Épiphane de Salamine, tous deux du Ve siècle. Que souhaiter, donc, aujourd’hui, aux proches qui portent un prénom tellement signifiant, alors que, dans le Christ, Dieu dévoile "le mystère de notre salut pour que tous les peuples en soient illuminés" (cf. préface de l’Épiphanie) ? Peut-être les confier au Christ pour qu’ils soient – quel beau programme ! – "renouvelés par la gloire de son immortalité" (idem) et "conduits jusqu'à la claire vision de [s]a splendeur" (cf. collecte de la messe).