Peut-être avez-vous déjà entendu un de vos enfants servant de messe revenir fièrement de la sacristie ou d’une réunion de formation et s’exclamer : "Je suis thuriféraire !" Drôle de remarque. Dans le langage (plus ou moins) courant, un thuriféraire est en effet un flatteur, une personne qui encense les autres par intérêt. Mais cette signification vient d’abord du jargon liturgique. Avec le latin thuris ("encens") et ferre ("porter") a été formé ce mot qui désigne tout simplement le servant de messe chargé de tenir l’encensoir. Ensuite, le sens figuré est apparu.
Le thuriféraire ne se promène généralement pas seul, mais avec le naviculaire. Là encore, un nom étrange. La navette étant le petit récipient en métal (cuivre ou argent le plus souvent) en forme de navire qui renferme les grains d’encens avant qu’ils ne soient brûlés, l’usage a utilisé l’adjectif "naviculaire" pour parler du servant porte-navette. De la même manière, comme tout jargon, le langage du service de l’autel a formé plusieurs néologismes difficiles à trouver dans un dictionnaire usuel.
Porteurs de cierges
Ainsi en est-il des céroféraires. Littéralement, du latin encore, ceux qui portent les cierges. Dans les processions, par deux, ils accompagnent le cruciféraire, autre néologisme pour désigner le porte-croix. Ils peuvent aussi entourer l’ambon pendant la lecture de l’Évangile, s’agenouiller devant l’autel pendant la liturgie eucharistique et accompagner les ministres lors de la distribution de la communion. La lumière de leur cierge manifeste que le Christ lui-même est la vraie lumière qui vient délivrer les hommes des ténèbres. Les servants qui portent les insignes de l’évêque, la mitre et la crosse, lors des messes pontificales, n’ont pas l’honneur d’un néologisme, ce sont les porte-insignes. Peut-être un jour seront-ils "mitriféraire" et "crossoféraire"…avis aux amateurs !
Les servants peuvent être également acolytes, "celui qui suit" en grec. Un terme utilisé pour un ministère ordonné spécifique, mais qui évoque le service de l’autel de manière générique. Les porte-cierges sont ainsi souvent qualifiés d’acolytes, comme les servants chargés de l’offertoire. Tous sont sous la responsabilité d’un cérémoniaire, servant de messe plus âgé ou clerc, qui veille au bon déroulement des cérémonies. Encore un néologisme, du XIXe siècle.