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À la Libération, un Magnificat sous les balles à Notre-Dame de Paris

Le Général de Gaulle et le Général Leclerc devant Notre-Dame de Paris, le 26 août 1944.

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Mathilde de Robien - publié le 02/12/24
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Dans la perspective de la réouverture de Notre-Dame, Aleteia vous fait découvrir chaque semaine une page glorieuse de l’histoire de France ayant pour décor la cathédrale de Paris. Aujourd’hui, récit d’une célébration écourtée à cause d’une fusillade qui a éclaté le 26 août 1944 lors du passage du général de Gaulle à Notre-Dame. (5/5)

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Le 25 août 1944, la division Leclerc entre dans Paris, libérant la capitale de l’Occupation allemande. L’acte de reddition de Paris est signé ce jour-là par le général Von Choltitz, à la gare Montparnasse. Le lendemain après-midi, 26 août 1944, le général de Gaulle ranime la flamme du soldat inconnu sous l’arc de triomphe puis descend à pied les Champs-Élysées jusqu’à la place de la Concorde, avant de rejoindre en voiture l’Hôtel de Ville puis la cathédrale Notre-Dame. Il tient à clore ce moment triomphal par un Te Deum chanté sous les voûtes de la cathédrale. Cet hymne religieux dont le titre complet est Te Deum laudamus ("Nous te louons, ô Dieu") est en effet généralement associé à la victoire.

Sur le parvis, de Gaulle se présente à découvert, dans son véhicule décapotable et salue la foule. À ce moment-là, des coups de feu éclatent, venant de tireurs embusqués. Imperturbable, le général de Gaulle pénètre dans l’édifice, mais des coups de feu retentissent également à l'intérieur. Un mouvement de panique se crée dans et aux alentours de la cathédrale. Les Parisiens se cachent pour éviter les balles. Mais de Gaulle, accompagné du général Leclerc, d'André Le Troquer, commissaire délégué à l'administration des territoires métropolitains libérés, et de l'aumônier des Forces françaises de l’Intérieur, le père dominicain Raymond-Léopold Bruckberger, assiste, impassible, à la célébration. Au vu de l’agitation, cette dernière est néanmoins écourtée. C’est pourquoi en lieu et place d’un Te Deum, on choisit de chanter le cantique marial Magnificat, plus court.

Magnificat à Notre-Dame, 26 août 1944.

"Le Magnificat s'élève. En fut-il jamais chanté de plus ardent ?", s'interroge de Gaulle dans ses Mémoires de Guerre. "Cependant, on tire toujours. Plusieurs gaillards, postés dans les galeries supérieures, entretiennent la fusillade. Aucune balle ne siffle à mes oreilles. Mais les projectiles, dirigés vers la voûte, arrachent des éclats, ricochent, retombent. Plusieurs personnes en sont atteintes. Les agents, que le préfet de police fait monter jusqu'aux parties les plus hautes de l'édifice, y trouveront quelques hommes armés ; ceux-ci disant qu'ils ont fait feu sur des ennemis indistincts. Bien que l'attitude du clergé, des personnages officiels, des assistants, ne cesse pas d'être exemplaire, j'abrège la cérémonie". Elle ne durera en effet à peine un quart d’heure. "Ce Magnificat est une étape importante de la légitimation du pouvoir du général de Gaulle. Il est le premier homme politique à inscrire Notre-Dame dans un parcours républicain", analyse Mathieu Lours dans son livre Notre-Dame des Siècles (Editions du Cerf).

Sur l'origine des tirs, on n'a aucune certitude. Attentat, résistance allemande, riposte ? À ce jour, le mystère reste entier. Cela n’empêche pas d'inscrire la date du 26 août 1944 dans l’histoire de Notre-Dame de Paris, rendue aux Parisiens. Moins d'un an plus tard, le 9 mai 1945, la même cathédrale accueillait le même général pour un Te Deum célébrant la capitulation allemande. 

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