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Le juge des référés a tranché ce jeudi 28 novembre. Suspendu depuis deux mois par le rectorat pour des "atteintes à la laïcité", Christian Espeso directeur de l’Immaculée Conception, établissement privé catholique palois réputé, a été rétabli provisoirement dans ses fonctions par la justice administrative. Saisi par l'intéressé et des parents d'élèves, le juge des référés du tribunal de Pau a suspendu l’exécution de la sanction dans l'attente d'un jugement au fond sur sa légalité par une formation collégiale. Soulignant dans son ordonnance que le requérant n'avait jamais été sanctionné jusqu'à présent, alors qu'il exerce ses fonctions depuis 11 ans, le magistrat estime que le caractère potentiellement "disproportionné" de la sanction, en l'état des éléments du dossier, est "de nature à créer un doute sérieux sur sa légalité".
Il retient aussi la condition d'urgence au vu du "risque de licenciement à brève échéance" du mis en cause et de l'impact de la sanction sur sa situation personnelle. Les avocats de Christian Espeso, Mes Thierry Sagardoytho et Vincent Ligney, avaient dénoncé un "dossier vide, trafiqué et orienté", estimant que leur client était "sacrifié sur l'autel expiatoire des attaques récurrentes contre l'enseignement privé". La rectrice de l'Académie de Bordeaux a pris acte, jeudi, de la décision du tribunal administratif. "Il s'agit d'un référé et le fond n'est pas jugé (...) Nous poursuivrons le suivi et l'accompagnement de l'établissement vers la mise en conformité avec les exigences contractuelles", a-t-elle déclaré.
Mais de quoi exactement est accusé Christian Espeso ? Début septembre, le chef d’établissement a été suspendu de ses fonctions à la tête de l'ensemble scolaire Immaculée Conception pour une durée de trois ans. Il lui était reproché par l'administration d'avoir méconnu le principe de laïcité "pour avoir autorisé la dispense d'un cours intitulé enseignement religieux" et pour avoir organisé une marche de Pau à Lourdes "qui présenterait une dimension religieuse", rappelle le tribunal administratif de Pau. Mise en cause également par le rectorat, la censure de manuels scolaires et ouvrages "contenant des passages sexuels considérés comme inadaptés". En début d'année, cinq syndicats de l'enseignement public et privé avaient dénoncé "le non-respect des obligations contractuelles" de l'établissement palois envers l'État.
Au lendemain de la décision, 200 personnes ont exprimé leur désaccord devant l’établissement. Dans La République des Pyrénées, Anne-Marie Jauréguiberry, la directrice de l’école qui remplace jusqu’à nouvel ordre le directeur suspendu y affirmait que "de nombreux adultes au sein de l’ensemble scolaire, [sont] bien conscients qu’au-delà de la seule personne de Monsieur Espeso, c’est le modèle éducatif et la vision portée courageusement pas notre collègue qui sont remis en question." De la même manière, Philippe Delorme, secrétaire général de l’Enseignement catholique s’étonnait dans La Croix des plaintes exprimées par des professeurs lors de la venue à l’Immaculée-Conception de Mgr Aillet, évêque du lieu : "En aucun cas, on ne peut par principe dénoncer la venue de l’évêque dans un établissement diocésain. S’en offusquer constitue, en fait, une atteinte à notre propre liberté de conscience de catholiques."
Une décision "totalement disproportionnée"
La Direction diocésaine de l’Enseignement catholique (DDEC) de Bayonne a estimé pour sa part dans un communiqué que la décision est "totalement disproportionnée au regard des faits" et "laisse bon nombre d’entre nous dans la sidération." Ils préfèrent parler de la "progression manifeste des effectifs depuis dix ans" et de la "réussite des élèves".
Un constat partagé par l’Association des parents d’élèves (APEL) de l’Immaculée-Conception. Sa présidente, Eve Mengin-Lecreulx, parle notamment du choix de cet établissement pour des enfants aux "besoins pédagogiques particuliers (difficultés motrices, troubles des apprentissages ou du spectre autistique, voire maladie orpheline)". Quant au respect de chacun, elle nous assure que "Si l’instruction religieuse est fortement encouragée pour tous les élèves de la 6e à la Seconde, la liberté de conscience reste assurée : à notre connaissance les familles ayant demandé que leur enfant, de confession musulmane ou juive par exemple, ne suive pas cet enseignement ont vu leur requête accordée sans difficulté."