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À Pau, la suspension d’un chef d’établissement catholique fait réagir

Ville de Pau.

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Valdemar de Vaux - publié le 13/09/24
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La décision de la rectrice de l’académie de Bordeaux interroge. Mercredi, elle a suspendu Christian Espeso, directeur de l’Immaculée Conception, établissement palois réputé. Est-il véritablement sorti du cadre laïque imposé par l’État aux établissements qui lui sont associés par contrat ? Éclairage.

Trois ans de suspension. Si Christian Espeso peut encore enseigner, il est empêché de diriger un établissement scolaire jusqu’à sa retraite. Jusqu’au 11 septembre, il était pourtant directeur de l’Immaculée-Conception, établissement catholique associé à l’État par contrat très réputé à Pau. L’arrêté pris par la rectrice de l’académie de Bordeaux, qualifié de "décision personnelle", vient clore une séquence commencée en février avec un article du journal Libération qui dénonçait "cours de catéchisme obligatoires et évalués, conférences réacs, entraves à la liberté de conscience".

Depuis, une inspection a été diligentée, et le directeur entendu lors d’un conseil de discipline le 29 août, pour s’expliquer sur ce qui est pour certains un non-respect des obligations liées au contrat d’association avec l’État et pour des prises de position politiques personnelles trop marquées. Le voilà dorénavant suspendu, sans que le rectorat ne fournisse davantage d’informations, même au téléphone. Christian Espeso a quant à lui annoncé qu’il avait saisi le juge administratif.

Une manif devant l’établissement

Hier, lendemain de la décision, deux-cents personnes ont exprimé leur désaccord devant l’établissement. Dans La République des Pyrénées, Anne-Marie Jauréguiberry, la directrice de l’école qui remplace jusqu’à nouvel ordre le directeur suspendu affirme que "de nombreux adultes au sein de l’ensemble scolaire, [sont] bien conscients qu’au-delà de la seule personne de M. Espeso, c’est le modèle éducatif et la vision portée courageusement pas notre collègue qui sont remis en question."

De la même manière, Philippe Delorme, secrétaire général de l’Enseignement catholique s’étonne dans La Croix des plaintes exprimées par des professeurs lors de la venue à l’Immaculée-Conception de Mgr Aillet, évêque du lieu : "En aucun cas, on ne peut par principe dénoncer la venue de l’évêque dans un établissement diocésain. S’en offusquer constitue, en fait, une atteinte à notre propre liberté de conscience de catholiques."

Un arrêté non publié

Le fond du problème n’est pas connu, puisque l’arrêté n’a pas été rendu public, mais la Direction diocésaine de l’Enseignement catholique (DDEC) de Bayonne estime dans un communiqué que la décision est "totalement disproportionnée au regard des faits" et "laisse bon nombre d’entre nous dans la sidération." Ils préfèrent parler de la "progression manifeste des effectifs depuis dix ans" et de la "réussite des élèves".

Un constat partagé par l’Association des parents d’élèves (APEL) de l’Immaculée-Conception. Sa présidente, Eve Mengin-Lecreulx, parle notamment du choix de cet établissement pour des enfants aux "besoins pédagogiques particuliers (difficultés motrices, troubles des apprentissages ou du spectre autistique, voire maladie orpheline)". Quant au respect de chacun, elle nous assure que "Si l’instruction religieuse est fortement encouragée pour tous les élèves de la 6e à la Seconde, la liberté de conscience reste assurée : à notre connaissance les familles ayant demandé que leur enfant, de confession musulmane ou juive par exemple, ne suive pas cet enseignement ont vu leur requête accordée sans difficulté."

L’enseignement catholique à l’épreuve

Dans le contexte de l’Affaire Stanislas et des rapports de la Cour des comptes et de l’Assemblée nationale sur l’Enseignement libre, le sénateur LR des Pyrénées-Atlantiques Max Brisson parle, lui, "d'une attaque en règle contre l'ensemble de l'enseignement catholique." "La décision démesurée, ajoute-t-il, laisse penser que Christian Espeso est sanctionné pour avoir osé rappeler qu’un établissement privé sous contrat avait un caractère propre reconnu par la loi Debré."

La loi Debré et son interprétation, voilà peut-être le nœud du problème, alors que la liberté des établissements catholiques de proposer à tous la foi est remise en cause par les tenants d’une laïcité restrictive. La DDEC rappelle en ce sens sa "conviction que l’Enseignement catholique doit voir respecté son espace de liberté reconnu par la loi." Et Anne-Marie Jauréguiberry de conclure : "Nous resterons fidèles à l’état d’esprit impulsé depuis treize ans".

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