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États-Unis : un diocèse rétablit “l’ordre des veuves”

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John Burger - Agnès Pinard Legry - publié le 26/11/24
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Mgr Earl Fernandes, évêque de Columbus (Ohio), a rétabli le 16 octobre "l’ordo Vadarum", ou "ordre des Veuves", dans son diocèse. Ouvert aux veuves de plus de 60 ans qui ont été mariées religieusement, il s’agit d’une ancienne tradition de l’Église.

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Quand on pense aux vocations, on pense surtout au sacerdoce, à la vie religieuse consacrée et au mariage. Mais elle peut parfois prendre une tournure inattendue. Mgr Earl Fernandes, évêque de Columbus (Ohio), a promulgué le 16 octobre un décret instituant l'Ordo Viduarum, ou ordre des Veuves, comme communauté de droit diocésain. Cet ordre est ouvert aux veuves depuis de plus de 60 ans qui ont été mariées religieusement qui vivent dans le diocèse. Six veuves sont actuellement en discernement dans le diocèse pour rejoindre cet ordre séculier. Les veuves appartenant à l'ordre déclarent librement leur intention de rester définitivement veuves. Elles prononcent un vœu de chasteté et se consacrent à la prière et au service de l'Église. Par un rite liturgique de bénédiction, elles se consacrent à une forme de vie dans laquelle elles sont appelées à vivre plus profondément leur consécration baptismale et leur confirmation, comme elles ont vécu leur mariage.

Depuis le 6 novembre, six veuves se réunissent chaque mois et le feront tout au long de leur période de formation qui doit durer deux ans. Le père Paul Keller, directeur du Bureau diocésain du culte divin, a été désigné comme délégué de l'évêque pour superviser cette formation : "L’un des aspects les plus beaux de cette initiative est qu’elle témoigne de la valeur et de l’importance de la vie de tout le diocèse, et en particulier des veuves du diocèse", a expliqué le père Keller à l’édition anglophone d’Aleteia. "Je pense qu’elles sont très sous-estimées. Ces femmes sont de grandes servantes, elles ont été de grandes servantes de leur famille et de l’Église. Et elles sont là, si désireuses de continuer à faire quelque chose de leur vie au milieu de la perte qu’elles ont subie avec la mort de leur mari." Et le prêtre de poursuivre : "La consécration est donc très belle en ce sens, dans la mesure où elle donne un témoignage public de ce travail dans l’Église, et je pense qu’elle est encourageante pour toutes les femmes, mais surtout pour les autres veuves."

Des points d'ancrage spirituels

Cecilia Cortes-Peck est l’une d’elles. Née dans une famille catholique aux Philippines, elle a déménagé aux États-Unis dans les années 1980 et s’y est mariée. En 2011, son mari est décédé d'une forme agressive de cancer du cerveau. Six ans plus tard, leur fils unique, Nathan, 30 ans, membre des Marines, a été tué dans un accident de voiture. Elle a confié avoir reçu un appel profondément personnel et a pris conscience de l'abandon total de Marie et de son appel à être la mère de Dieu. "Les fruits de cette rencontre sont restés avec moi et je sens que la Vierge Marie m’accompagne chaque jour depuis lors."

Si elle peut surprendre ou étonner, cette pratique remonte en fait à l’Église primitive. Ses origines sont profondément enracinées dans les pratiques bibliques et chrétiennes primitives. Saint Paul dans sa première lettre à Timothée (1Tm) décrit les critères d'un tel rôle : l'âge, la fidélité dans le mariage et une réputation de charité. Historiquement, les veuves étaient considérées comme des points d’ancrage spirituels au sein de leurs communautés, se consacrant à la prière d’intercession, s’occupant des malades et encadrant les jeunes femmes.

Il y a ainsi eu des ordres de veuves jusqu’au Moyen Âge. Il y a quelques années, Cathleen Kaveny, alors professeur de droit et professeur de théologie à l’Université de Notre Dame de Boston, notait que par l’intermédiaire d’un Ordre des veuves, l’Église primitive "reconnaissait la contribution que les veuves pouvaient apporter au bien-être et à la croissance spirituelle de leurs coreligionnaires". Leur premier devoir était de prier sans cesse au nom de la communauté. "Leurs supplications sont puissantes parce que Dieu entend les cris des opprimés", écrit-elle. "Bien que leur ministère ne soit pas celui de l’autel, elles exerçaient une autorité et une influence spirituelles dans leur ministère auprès de la communauté. Les veuves rendaient des visites à domicile, où elles réconfortaient, jeûnaient et priaient avec les malades et instruisaient les jeunes femmes. Les veuves inscrites occupaient également une place d’honneur dans la liturgie, s’asseyant à l’avant de l’assemblée aux côtés des évêques, des prêtres et des diacres."

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