L’un des points forts du jubilé de 1950 fut la proclamation solennelle, par le pape Pie XII, du dogme de l’Assomption. Chose singulière, cette proclamation n’eut pas lieu le 15 août, jour fixé dans la tradition liturgique pour célébrer ce qui n’avait jamais été défini ex cathedra. C’est le 1er novembre, solennité de la Toussaint, que le Saint-Père déclara : "Nous affirmons, Nous déclarons et Nous définissons comme un dogme divinement révélé que l'Immaculée Mère de Dieu, Marie toujours vierge, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée en corps et en âme à la vie céleste". Un 1er novembre, donc. Pour montrer que la Vierge Marie, au cœur de la communion des saints, le peuple des rachetés, doit être vénérée en "premier lieu" ou "d’abord" par les croyants comme le disent la constitution Lumen gentium (§52) et la prière eucharistique.
L’autre particularité de la proclamation de l’Assomption réside dans le lien intrinsèque opéré avec le dogme de l’Immaculée conception de 1858. Si Marie est montée au ciel avec son corps dès sa mort, c’est qu’elle a été préservée du péché originel dès sa naissance par anticipation des mérites de son Fils. Par sa mort et sa résurrection, le Christ délivre en effet l’humanité captive du péché. La Vierge Marie précède ainsi les vivants, à la fois dans sa naissance et dans sa mort, et donc dans sa résurrection, corps et âme. Comme Ève fut la mère des vivants de cette terre, Marie est la mère des vivants du monde à venir. Les litanies de Lorette la mentionnent d’ailleurs comme "porte du ciel".
Un signe d’espérance
Dans ce contexte, que la "Vierge du pilier", cette fameuse statue de Notre-Dame du XIVe siècle, rejoigne la cathédrale de Paris en avant des fidèles prend tout son sens. L’événement a d’ailleurs lieu juste après la Toussaint, ce vendredi 15 novembre, et en vue des cérémonies de la réouverture qui se tiendront autour du 8 décembre, date normale de la solennité de l’Immaculée conception (cette année le 9, car le deuxième dimanche de l’Avent prévaut). Un jour où la liturgie parle de la Mère de Dieu comme "l’avocate de la grâce et le modèle de la sainteté" (préface).
Ainsi donc les fidèles parisiens, et tous les croyants, sont-ils amenés à contempler Marie entrer dans Notre-Dame de Paris comme elle monta au ciel : la première. Signe d’espérance, signe de la victoire de la vie sur la mort, appel tourner les regards vers les "réalités d’en-haut" chères à saint Paul : "Elle est le commencement et l’image de ce que deviendra ton Église en son achèvement, elle est signe d’espérance et source de réconfort pour ton peuple encore en chemin", détaille la préface de l’Assomption.
Juste après la prière sur les offrandes qui sied parfaitement à l’entrée, aujourd’hui, de Notre-Dame dans "sa" cathédrale : "Que monte vers toi, Seigneur, l’offrande que nous te présentons avec ferveur ; et tandis que intercède pour nous la bienheureuse Vierge Marie élevée au ciel, que nos cœurs, brûlants de charité, aspirent toujours à monter vers toi."