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Comment priait saint Paul ?

san Pablo
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Chantal Reynier - publié le 11/11/24
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Homme d’action infatigable, sans cesse en mouvement, c’est ainsi que nous apparaît l’Apôtre des nations. Mais saint Paul était d’abord et avant tout un homme de prière. Quelle était sa prière ? Les réponses de Chantal Reynier, professeur d’exégèse biblique et auteur de "À la gloire du Père, Louer Dieu avec saint Paul" aux éditions du Cerf.

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"Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi" (Ga 2, 20) : on ne peut pas donner meilleure définition de la prière de saint Paul ! Oui, le grand voyageur qui se dépense sans compter autour du bassin méditerranéen pour annoncer la Bonne Nouvelle, qui s’affronte à des adversaires redoutables, qui organise des communautés, qui fait connaître les conséquences concrètes de la résurrection, est d’abord et avant tout un homme de prière. La prière fait partie de sa vie. En tant que pharisien, il connaît les temps, les rites et les multiples observances requis pour honorer le Dieu unique. Il médite les Écritures qu’il a approfondies pendant sa formation aux pieds du rabbi Gamaliel. 

Vivre par le Christ

Cependant, cette relation à Dieu a été bouleversée sur la route de Damas, lorsqu’il tombe à genoux devant le Ressuscité qui lui apparaît dans la lumière pascale. Paul est renversé au sens propre et au sens figuré. Le Dieu trois fois saint qu’il vénérait jusque-là se révèle non seulement dans notre histoire mais aussi dans notre chair : le Fils unique a pris notre condition humaine. Paul est devant lui. Aveuglé par la lumière du Ressuscité qu’il combattait — à ses yeux de Pharisien le crucifié ne pouvait être le Fils de Dieu — il ne peut maintenant que l’adorer. Du Ressuscité, il dira plus tard : "Dieu lui a donné le Nom au-dessus de tout nom, pour que, au nom de Jésus, tout genou fléchisse au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers" (Ph 2, 9-10). Désormais, comme il l’écrit, "ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi" (Ga 2, 20). En effet, sa vie de prière n’est plus l’accomplissement de rites ni simplement la vénération du Dieu très Haut, ni même l’étude attentive et minutieuse des Écritures. Elle est une vie avec, par et dans le Christ. Il ne s’agit pas de prier à force d’observances ou de contorsion de l’âme. Paul vit en présence du Christ, sous la mouvance de l’Esprit qui fait "nous écrier Abba ! Père !" (Rm 8, 15). Certes Paul n’abandonne pas la fréquentation des Écritures. Au contraire ! Il les lit à rebours. Il les lit à la lumière du Christ qui vient lui en ouvrir le sens, car toutes les Écritures parlent de lui.

Un don de soi quotidien

Pour Paul, prier n’est pas faire de l’introspection. Il ne s’agit pas de tenter de s’établir confortablement et égoïstement dans une paix intérieure. La prière s’exprime dans l’agir. Parce qu’il vit dans l’intimité du Christ, Paul s’exclame : "Annoncer l’Évangile n’est pas pour moi un titre de gloire ; c’est une nécessité qui m’incombe. Oui, malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! " (1 Co 9,16). La Bonne Nouvelle n’est pas une trouvaille géniale, une explication du monde, une idéologie, un prétexte. Elle est indispensable à la vie de tout être humain. Elle ouvre le sens du monde ; elle donne à celui-ci une espérance en dépit du tourbillon de folie dans lequel il est souvent pris. Paul se doit de faire connaître, à travers toutes les adversités rencontrées, souvent au péril de sa vie, le Christ vivant. C’est pourquoi sa prière le configure jour après jour au Christ. "Je poursuis ma course, écrit-il aux chrétiens de Philippes, pour tâcher de saisir, ayant été saisi moi-même par le Christ Jésus" (Ph 3, 12). S’offrir à Dieu, tel est le "culte spirituel" (Rm 12, 1) rendu à Dieu au quotidien. Sa prière, don de soi quotidien, trouvera son accomplissement dans son martyre sur les bords du Tibre.

Une prière de demande et d’action de grâce

Paul prie au long des routes, sur les bateaux bondés, au cœur de la nature comme au cœur de la cité, aux prises avec des adversaires déterminés, au fond d’un cachot ou encore au milieu de la foule qui s’acharne sur lui, et bien sûr auprès des chrétiens dans les différentes communautés. Partout, il découvre le dessein d’amour de Dieu, qui "nous a choisis dès avant la fondation du monde", pour faire de nous "des fils adoptifs" (Ep 1, 4.5). C’est pourquoi il invite les chrétiens à entrer dans ce dessein de Dieu et à se comporter en fils de Dieu et en frères les uns des autres. Il prie pour les destinataires de ses lettres afin qu’ils ne se découragent pas dans leur vie de foi. Dans toutes ses lettres ou presque, il rend grâce pour les dons reçus et manifestés par les communautés, que ce soit leur foi, leur espérance ou leur charité. Il invite les chrétiens à prier sans cesse car il n’y a pas de vie de foi sans prière, pas d’attachement au Christ, pas de conversion des mœurs sans elle. "En toutes conditions, soyez dans l’action de grâces". "Restez toujours joyeux, priez sans cesse !" recommande l’apôtre. "N’éteignez pas l’Esprit, chantez et célébrez le Seigneur de tout votre cœur." Ainsi les croyants "recevront la force de comprendre, avec tous les saints, ce qu’est la Largeur, la Longueur, la Hauteur, la Profondeur". Ils "connaîtront l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance" (Ep 3, 18), cet amour que rien ne peut mesurer ni surpasser.

Pratique :

A la gloire du Père, Louer Dieu avec saint Paul, Chantal Reynier, Cerf, 2024, 187 pages, 18€
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