Payer pour pratiquer sa foi ? C’est ce que vivent les chrétiens du village de Douane-Pen, situé dans la région de Mopti, au centre du Mali d’après des informations rapportées par la fondation Aid to the Church in Need (ACN). Un groupe islamiste extrémiste exigerait une taxe de 25.000 francs CFA par personne pour donner à ceux qui s’en acquittent le droit de pratiquer leur foi. Cette décision est inspirée du précepte coranique de la “Jizya” qui exige des fidèles des “religions du livre” à payer les autorités islamiques en échange d’une “protection”. Une nouvelle régression de la liberté religieuse dans un État pourtant officiellement laïc.
Un État inactif ?
La situation, déjà délicate pour les chrétiens de la région de Mopti, ne cesse de s’aggraver avec cette nouvelle mesure. Il y a quelques mois déjà, les islamistes ont exigé la fermeture des églises protestantes et catholiques du village de Douna-Pen. Les habitants étaient autorisés à pratiquer leur foi à condition de ne pas utiliser d’instruments de musique lors des cultes et des messes. Face à cette escalade, les chrétiens interpellent le gouvernement : “Nous croyons vivre dans un État laïc où de telles pratiques ne devraient pas pouvoir prospérer, mais malheureusement, c'est en train de devenir une nouvelle réalité. Si les autorités n'agissent pas, la population paiera des impôts qui iront directement dans les caisses des terroristes”, déplore une source qui souhaite rester anonyme.
Douna-Pen n’est pas la première commune à subir cette fiscalité religieuse. Dougouténé, ville de la région voisine de Bandiagara, à l’est du pays, a été la première à subir cette répression. Là bas, les chrétiens doivent payer pour obtenir une “protection”. Face à la dégradation de la situation, les habitants craignent une augmentation de la persécution religieuse dans d'autres villages. Si la population du Mali est à majorité musulmane, la liberté religieuse fait partie de la constitution du pays, un respect qui semble sur le point de s’effacer si les cris d’alertes ne sont pas écoutés.