Si les persécutions dont sont victimes les chrétiens de Chine sont loin d’être nouvelles, elles semblent s'aggraver d’année en année. C’est en tout cas le constat que pose ChinaAid, une ONG qui dénonce les violations des droits de l'Homme et de la liberté religieuse en Chine. Selon son dernier rapport annuel sur la persécution 2022, publié le 13 février 2023, la pression exercée par le gouvernement sur les chrétiens ne cesse d’empirer. Deux méthodes sont principalement employées par Pékin : la soumission forcée des chrétiens à l’idéologie communiste véhiculée par le gouvernement chinois d’une part, des attaques directes contre la pratique du culte chrétien d’autre part.
Renforcement de la campagne de sinisation de la religion
Le rapport note ainsi que les actions de Pékin pour siniser la foi des chrétiens s'intensifient. En d’autres termes, il s’agit de forcer l’alignement des religions sur la culture chinoise et le régime communiste. Cette campagne engendre des répressions impitoyables contre tout ce qui ne correspond pas au modèle communiste tel que défini par Pékin. Les chrétiens sont parmi les premiers à en faire les frais.
Wang Yang, membre du Bureau politique du PCC, a résumé cette politique lors d'un congrès rassemblant différents chefs religieux à Beijing, le 27 janvier 2023. Selon le rapport, le dirigeant a insisté sur le fait que "les groupes religieux devront s’unir autour du PCC et du gouvernement pour forger une “énergie positive” et aider à réaliser le “rêve chinois”." Quelques mois plus tôt, en août 2022, Wang Yang avait déjà rencontré les dirigeants de l’Association patriotique catholique chinoise ainsi que ceux de la Conférence des évêques de l'Église catholique de Chine. Il leur avait alors demandé, selon ChinaAid, "de soutenir fermement la direction du PCC, de résister spontanément à l'infiltration des forces étrangères, d'utiliser la culture chinoise, la langue chinoise et les styles de communication chinois pour interpréter et étudier les canons religieux, et ainsi d'approfondir la sinisation du catholicisme en Chine et de garantir le contrôle ferme de l'Église catholique par des catholiques patriotes."
La sinisation est particulièrement visible dans les politiques éducatives. En mai, un formulaire d’enquête sur les croyances religieuses des étudiants chinois a commencé à être distribué, dont les stipulations sont particulièrement restrictives.
Des persécutions de plus en plus violentes
L’ONG relève également une multiplication d’actes de persécutions qui n’ont plus rien d’insidieux. Entre autres, une vague de démolitions d'églises ordonnée par le gouvernement. Plusieurs diocèses ont vu leurs églises rasées après que certains évêques ont refusé d’adhérer à l’Église patriotique de Chine, seule reconnue par Pékin, à l’inverse de l’Église dépendante du Saint-Siège, qui y est formellement interdite. Pour ne citer qu’un exemple, l’église gothique de Beihan (diocèse de Taiyuan), la plus grande de toute la province, a été totalement dynamitée le 25 août 2022.
Les fidèles chrétiens, toutes confessions confondues, sont directement visés par des arrestations arbitraires, basées sur de fausses accusations. Selon ChinaAid, "les autorités pénitentiaires refusent à nombre de ces prisonniers les visites de leur avocat et sont privés de tout contact avec leur famille." "Dans certains cas, ils se sont vu refuser tout traitement médical et ont été condamnés à des peines sévères disproportionnées par rapport à leur crime présumé", poursuit le rapport qui donne plusieurs exemples de chrétiens concernés. Le rapport révèle que quatre évêques ainsi qu'au moins 10 prêtres ont disparus sans laisser de traces.
Surveillance constante et censure immédiate
Les minorités religieuses sont sous surveillance permanente, y compris dans la sphère virtuelle. La censure est omniprésente, notamment sur les réseaux sociaux où aucune référence à la foi chrétienne n’est acceptée. Le 8 février 2023, un article écrit en ligne par un avocat et portant sur la foi chrétienne à l’ère de la censure sur Internet était… censuré, à peine quelques heures après sa publication. L’édition de livres chrétiens fait elle aussi l’objet de multiples restrictions.