Nos églises ne manquent pas de tabernacles, ex-votos, statues de saints, connus ou non, parfois tout simples, mais qui signent le désir des habitants, renouvelé à travers les siècles, de montrer leur piété. Tapez " reliquaire église " dans votre moteur de recherche favori : vous verrez des centaines d’images défiler. Des petits reliquaires, des grands, des travaillés, des merveilles d’orfèvrerie ou des bras-reliquaires en bois, tout simples.
Partons dans la Creuse. Méasnes compte moins de 600 âmes. Ce village, comme tous ceux de notre pays, dispose d’une église. S’il ne reste presque rien du sanctuaire gothique d’origine, elle a été reconstruite en 1943. Entre autres œuvres d’art qui y sont conservées, deux bustes-reliquaires. Un buste-reliquaire, c’est une statue représentant un saint, et abritant des reliques de ce saint, souvent de très petite taille. Les deux bustes de Méasnes ont été réalisés en bois taillé et peint. La facture en est très simple, mais la polychromie est encore bien visible.
Un pape et un ermite
Qui sont ces saints dont l’église conserve ces bustes-reliquaires ? Le premier représente saint Léon, le 80e pape, au VIIe siècle dont l’histoire se souvient qu’il fit preuve de diplomatie dans les difficultés rencontrés avec l’empereur de Constantinople, malgré un pontificat de moins d’un an. L’église de Méasnes lui est consacrée. Ici barbu, il porte une tiare ornée de pierreries (peintes, évidemment), ses épaules sont recouvertes d’une chape rouge.
Le second reliquaire figure saint Protais, en ermite barbu, jeune, la tête très allongée, recouverte du capuchon de son manteau. Refusant de sacrifier aux idoles, avec son frère Gervais, qui lui est toujours associé, il fut martyrisé sous l’empereur Néron.
Les deux bustes comportent un logement ovale au centre de la poitrine. Cette cavité est destinée à recevoir des reliques, dont la nature n’est pas parvenue jusqu’à nous.
Pourquoi ces reliquaires dans l’église d’un village ?
Pour saint Léon, aucun doute : l’église lui étant dédiée, la présence de reliques se comprend aisément. Et pour saint Protais ? L’ancienne abbaye cistercienne d’Aubepierre est située à Méasnes. Ces moines avaient une vénération toute particulière pour les saints Gervais et Protais, dont ils possédaient des reliques. L’abbaye a été presque entièrement détruite au moment des guerres de Religion. Il n’est pas impossible que ces reliques aient été pieusement conservées, puis transférées dans l’église du village.
Pour honorer les saints, ces reliquaires auraient été réalisés plus tard, au XVIIe siècle. La dévotion à ces saints est donc restée longtemps vivace. L’église de Méasnes conserve aussi un bras-reliquaire de saint Gervais, d’époque médiévale, dans une châsse plus récente. Les frères martyrs restent bien liés dans les esprits comme dans les églises. Ces églises constituent le plus grand musée de France, nous offrant, près de chez nous, une étonnante variété d’objets, tous différents. Mais ce patrimoine est fragile et peut rapidement se dégrader, les conditions de conservation n’étant pas toujours satisfaisantes.