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Dans Ajouter de la vie aux jours, Anne-Dauphine Julliand, auteur de plusieurs best-sellers depuis Deux petits pas sur le sable mouillé, raconte comment, alors qu’elle a vu son monde s’effondrer à la mort de son fils Gaspard, elle a réussi à ne pas sombrer. La mère de famille de quatre enfants avait en effet déjà perdu ses deux filles, Thaïs et Azylis, d’une maladie orpheline. En janvier 2022, c’est Gaspard, son fils aîné, qui se donne la mort alors qu’il s’apprêtait à fêter ses 20 ans. Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’auteur raconte qu’il est possible de survivre à un pareil séisme, et même plus, qu’il est encore possible d’être heureux malgré l’immense chagrin. Comment y parvenir ? Elle nous livre pour cela un témoignage étonnant.
Des petits gestes qui en disent long
Sa survie à elle est passée par des petits actes très concrets, comme le fait de se peindre les ongles plusieurs fois par semaine. "Ce rituel, ce n’est pas une coquetterie. C’est un acte de résistance au malheur. Quand la vie m’a bousculée, malmenée, ébranlée, quand l’épreuve s’est dédoublée, triplée, acharnée, quand la peine m’a vrillé le ventre et le cœur, j’ai choisi ce petit espace de légèreté. Presque rien. Un geste anodin. Mais qui m’a empêchée de couler. Quelques minutes volées à la souffrance", écrit-elle.
Et de raconter comment, dans un wagon de train quasi désert, elle a croisé une femme qui, intriguée en la voyant se peindre les ongles, s’est approchée et l’a questionnée. L’occasion pour la mère de famille endeuillée de partager son histoire et de permettre ainsi à son interlocutrice de laisser éclore ses propres larmes, manifestation de ses propres souffrances… avant que celle-ci n’émette le désir d’avoir les ongles vernis à son tour "pour faire la nique à la souffrance", selon ses mots. Beauté de l’histoire, c’est l’auteur qui lui attrapera la main pour poser le vernis, dans un geste de fraternité spontané. Quelques instants plus tard, quand le train s’arrête en gare, ce ne sont pas simplement deux femmes aux ongles rouges et frais qui s’étreignent sur le quai, mais deux sœurs d’un instant qui ont toutes deux choisi de se dresser face au malheur.
Le livre d’Anne-Dauphine Julliand regorge d’exemples. Avec l’auteur, cette résistance devient une réalité tangible. Elle confie ainsi aimer tout particulièrement humer profondément le parfum du pain chaud émanant d’une boulangerie voisine. Un geste qui lui permet de reprendre pied : "Le pain exprime la chaleur du four, le travail de l’homme, les épis dans les champs, la générosité de la terre, la nourriture de toujours. Ça sent le confort, l’inaltérable. Sur cette odeur, je peux m’appuyer." Si après la mort de Gaspard ce parfum lui était devenu insoutenable car il disait "que le monde ne s’était pas arrêté" alors que le sien "avait explosé", plus tard, c’est la vision d’un enfant croquant un quignon à pleines dents qui l’invite à renouer avec cette habitude. L’acte de respirer à nouveau à pleins poumons "la bonne odeur du pain chaud" est d’une puissance folle puisqu’il lui permet d’être restaurée dans sa confiance en la vie, malgré les violentes épreuves. Et vous, quel est votre acte de résistance ?
Pratique