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À Rome, Marie veille à chaque coin de rue

Apparizione della Vergine a San Filippo Neri - MD026
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Emma Gatti - publié le 07/10/24
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Dans les petites ruelles du centre historique de Rome, le promeneur qui élève le regard trouvera une particularité architecturale : les “Madonnelles” – de leur nom romain affectueux –, ces représentations de la Vierge Marie réalisées un peu partout aux intersections des rues et à l’angle des façades, reliquats d’une religiosité populaire multiséculaire qui a irrigué la cité.

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Nichée dans des corniches, la mère de Dieu veille sur Rome, la Ville éternelle. Sa présence reste discrète : ces édicules en son honneur ont été érigés à l’angle de nombreux immeubles mais, postés légèrement en hauteur, ils ne se voient que si l’on y est attentif. 

Avant que cette pratique ne tombe en désuétude au XXe siècle, les Romains ont voué un culte fervent à ces Madonnelles. Au fil des siècles, ils ont brûlé des cierges à leurs pieds, et offert des gerbes de fleurs ; ils leur ont apporté leurs intentions de prière, et leurs ex-voto de reconnaissance. Assurant l’entretien et les restaurations de leur Madonnelle de quartier, ils en ont pris soin comme d’un membre de la famille. Car la Madone est chère au cœur des habitants, qui se réfugient auprès d’elle dans toutes les calamités de l’existence. 

500 Madonelles restantes

Ces images aujourd’hui quasiment oubliées, qui se fondent dans les pierres antiques de la Caput Mundi, avaient également une utilité publique, puisqu’en des temps où la ville ne bénéficiait pas d’éclairage public, les lueurs des lampes allumées devant les Madonnelles guidaient les passants en indiquant les carrefours dans la nuit. 

Des milliers de Madonnelles qui étaient vénérées dans les ruelles, il n’en reste actuellement que 500, datant pour la plupart de la période entre le XVIIe et le XIXe siècle. En mosaïques, fresques, ou encore sculptées sur du marbre, de la terre cuite, du bois, ces œuvres baroques ou néoclassiques ont été réalisées aussi bien par de grands maîtres que par des artisans du peuple.

La plus ancienne Madonnelle recensée est l'"Imago Pontis", conservée sur la Via dei Coronari qui relie le pont du Château Saint-Ange à la Place Navone. Cette représentation du Couronnement de la Vierge date de 1523 et a été conçue par l’architecte de la Renaissance Antonio da Sangallo le Jeune et le peintre Perin del Vaga, collaborateur de Raphaël. 

Une renommée de prodiges

Symboles forts de la religiosité populaire, les Madonnelles sont aussi entourées d’une renommée de prodiges, comme le rapportent plusieurs sites de tourisme. Des événements miraculeux leur sont attribués, le plus retentissant étant un épisode de 1796, durant lequel des témoins ont rapporté que les yeux de dizaines de Madonnelles dans divers quartiers de Rome se sont mis à bouger. Ce phénomène qui a attiré les foules aurait duré un mois, à une période de grande tension historique, alors que les troupes de Napoléon menaçaient d’envahir les États pontificaux. 

Quoiqu’il en soit, ces Madonnes désormais livrées aux intempéries, continuent à garder un œil sur Rome. Tout comme sur toute l’Italie : la Péninsule est en effet couverte de niches, cavités, petits autels, alvéoles, cryptes, au bord des chemins de campagne, au détour des rues des villages, sur les chemins de montagne les plus isolés et les plus escarpés. Tout autant de prières pour obtenir la protection mariale. 

[EN IMAGES] Les “Madonnelles” de Rome

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