Une expo photo bouleversante

Ils sont 330.000 en France en 2024, soit 30.000 de plus que l'année précédente. Chaque année, le nombre de personnes sans-domicile fixe augmente un peu plus. La majorité vit – ou plutôt survit – dans les grandes villes, où ils occupent un coin de rue, un bout de trottoir. Impossible de manquer leur présence, perceptible aux yeux de tous. Pourtant, la plupart du temps, ils sont comme invisibilisés, moins par manque de charité que par sentiment d'impuissance et de gêne face à une misère grandissante.

C'est pour sensibiliser le public à cette pauvreté et changer les regards sur ceux qui la vivent que l'Ordre de Malte France organise une exposition photographique nommée "Chers voisins", mettant en avant les personnes des rues de la capitale. Réalisées en noir et blanc, les photographies sont l'oeuvre de Pascal Pérez, photographe professionnel et délégué auprès de l'Institution Nationale des Invalides. Maraudeur de l'Ordre de Malte depuis une dizaine d'années, ce passionné de photographie de rue emmène avec lui lors de ses tournées son appareil photo, capturant les instants d'échange et de partage avec ses coéquipiers.

"L'objectif, c'est de montrer l'humanité des gens qu'on ne regarde jamais et qui nous dérangent dans leur faiblesse", explique à Aleteia Pascal Pérez. "Il faut habituer le regard à cette pauvreté, qu'il faut regarder en face." En dessous de chaque photographie, un prénom, et une histoire qui raconte ces vies souvent brisées par les drames, mais toujours dignes. Sylvain, Vincent, Joséphine, Viviane ou Mohamed : chaque sans abri se révèle dans son individualité et son humanité, malgré les traits burinés par la fatigue, la solitude, la faim, la violence ou l'alcool. Pascal et Jean-François Caille, auteur des textes, en ont connu un certain nombre. Beaucoup de ces visages ne seront jamais reconnus, "la moitié sont déjà morts dans la rue, ou se sont déplacés ailleurs pour trouver une nouvelle vie", confie Pascal Pérez.

Ces photographies, dont Pascal Pérez a cédé les droits à l'Ordre de Malte, ne pourront pas être achetées, mais les dons récoltés à l'issue de l'exposition doivent permettre de "subvenir aux besoins des gens de la rue, en nourriture, en hygiène ou en vêtements", détaille Pascal Pérez qui précise que tout donateur dont le don dépassera les 200 euros se verra offrir une de ces photographies. Délivrées avec un certificat d'authenticité, elles seront tirées sous un format argentique.