Le synode sur la synodalité, entamé en 2021, est déjà dans sa forme une petite révolution. Ce synode des évêques accueille en effet, « pour garantir une certaine variété », des personnes qui ne le sont pas. La proportion n’est pas considérable pour autant : sur les 368 membres qui se réuniront pour la deuxième session du synode entre le 2 et le 27 octobre prochains, 272 sont évêques pour 96 « non-évêques ». Dans le monde, l’Église compte un peu plus de 5.300 successeurs des apôtres pour 1,375 milliard fidèles catholiques.
D’autant que les 96 membres évoqués ne sont que moins de la moitié à être laïcs (41), la majorité étant composée de prêtres et de religieux hommes ou femmes. Ces dernières, qui sont au cœur des discussions pour davantage prendre la mesure de leur apport pour la vie et les décisions de l’Église, ne seront que 53, dont 25 religieuses, à s’asseoir autour des tables de la salle Paul VI. La plupart ont été choisies par les Assemblées continentales, qui envoient chacune neuf ou dix représentants à Rome comme « témoins du processus synodal ».
28% d’Européens
La diversité géographique de l’Église est également présente dans la répartition des évêques élus par les conférences épiscopales même si les proportions s’éloignent parfois de la réalité ecclésiale. Les Européens, 21% des catholiques aujourd’hui, sont ainsi 28% dans les évêques élus, et même 50% des membres désignés par le pape ou des 21 chefs de la curie, avec une forte présence italienne. Les Américains, du nord et du sud, sont quant à eux sous-représentés chez les évêques, à 27%, pour 48% des fidèles catholiques de ce continent. Afrique, Asie et Océanie seront cependant présents à Rome dans des proportions proches de leur poids actuel dans l’Église.
Depuis la première session, il n'y a que 26 changements dans la liste des membres, souvent pour des substitutions, car le souhait du pape, qui aime dire que « le temps est supérieur à l’espace » est de pouvoir récolter les fruits de l’expérience de l’an passé. Le souhait de François s’exprime aussi à travers les 57 personnes qu’il a lui-même désignées : un synodo-sceptique, le cardinal Müller, côtoie des personnalités proches de sa vision pastorale, comme le cardinal français Jean-Marc Aveline, l’évêque de San Diego (États-Unis) Mgr McElroy, le prêtre italien et théologien Joseph Bonfrate – l’un des neuf présidents-délégués, l’archevêque de Luxembourg et rapporteur général du synode Jean-Claude Hollerich, ou encore le prêtre américain James Martin.
Beaucoup de jésuites
Ces deux derniers partagent avec le Saint-Père l’origine jésuite. La Compagnie de Jésus est particulièrement bien représentée dans la liste des 368 membres avec, outre François et les deux déjà mentionnés, le supérieur général Arturo Sosa ou le père Costa, secrétaire spécial du synode. Si l’on compte les experts, où l’on en compte dix sur 70 personnes, les jésuites sont 24, pour six dominicains. Il faut dire que les premiers sont 14.500 dans le monde actuellement, contre 5.000 prêcheurs, et que la « conversation dans l’esprit » promue par le Saint-Père est un héritage de la spiritualité ignatienne. Ce qui n’empêche pas les deux assistants spirituels d’être pour l’un disciple de saint Dominique et pour l’autre de saint Benoît.