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Une véritable grenouille de bénitier !

Eglise_Saint-Paul_-_Narbonne

Détail du bénitier de la basilique Saint-Paul de Narbonne.

Sophie Roubertie - publié le 28/09/24
Dans la basilique Saint-Paul de Narbonne, une grenouille accueille les paroissiens et visiteurs dans un bénitier. Pourquoi ce batracien dans une église ? Les histoires, miracles et récits à son propos abondent.

Grenouille de bénitier, l’expression est peu flatteuse. Mais pourrait-elle être prise au pied de la lettre ? Un étonnant batracien est en effet sculpté dans le marbre d’un bénitier de la basilique Saint-Paul, aussi appelée Saint-Paul-Serge, de Narbonne (Aude) et n’en a pas bougé depuis la Renaissance. Mais quelle histoire a valu à la grenouille de finir dans la pierre ? À son sujet, plusieurs récits circulent, variant en fonction de ceux qui les racontent, comme bien souvent lorsque des éléments insolites apparaissent. Mais la grenouille reste bien réelle, dans cette église bâtie aux XII et XIIIe siècles.

La tradition la plus ancienne rapporte que saint Paul Serge, venu d’Asie Mineure au IIIe siècle, décide d’aller évangéliser les pêcheurs du lac de Bages. Ceux-ci se moquent de lui, le font fuir, lui ordonnant d’utiliser un bloc de pierre pour en faire un bateau. Il s’exécute… Premier miracle, la pierre se met à flotter. Le missionnaire n’a aucune notion de navigation, mais, second miracle, une grenouille saute à bord et parvient à le mener de l’autre côté du lac. Pour la remercier, le prêtre, qui sera l’évangélisateur de Narbonne et le premier évêque de la cité romaine, décide d’immortaliser son sauveur dans un bénitier de son église. 

Une histoire de chant 

On raconte aussi, qu’en passant près de l’église Saint-Paul-Serge, une grenouille est saisie par les chants des fidèles. Elle entre dans l’église, joignant sa voix (moins harmonieuse…) à celle des fidèles. L’archevêque demande à Dieu de la changer en pierre, ce qui fut fait et la rendit muette. Encore une belle histoire ? Celle d’une jeune chrétienne qui aurait dû épouser l’empereur Justinien mais refuse d’abjurer sa foi. Elle est condamnée à la mort par noyade. Elle se serait transformée en grenouille. La sculpture dans le bénitier serait un souvenir de l’événement.

Si vous regardez bien la grenouille, vous verrez qu’il lui manque une patte. Frédéric Mistral, dans Mémoires et Récits, relate l’histoire d’un apprenti sculpteur, dit Pignolet, qui rentre dans sa région sans être allé voir LA grenouille, alors qu’il est passé à Narbonne. Son père l’oblige à refaire le long voyage, ce qui le rend furieux. Le poète provençal raconte :

Le sacripant tira de son paquet son maillet et son ciseau, et pan ! d'un coup de maillet il fit sauter la grenouille… L'eau bénite, soudain comme teinte de sang, devint rouge, dit-on… Et voilà comment périt la grenouille de Narbonne.

Que d’histoires pour une petite grenouille !

Si elle est certainement la première en date à avoir été sculptée, la grenouille du bénitier de Narbonne n’est pas la seule. Le région en abrite d’autres. En cherchant bien, vous pourrez trouver ses petites sœurs dans les églises de Fontfroide et de Montjoi, situées dans les Corbières. 

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