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Le calice de l’abbé Ferdinand, une histoire de famille et de foi

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Messe de remise officielle du calice du père Ferdinand Bodart au père Patrick Bodart, 11 août 2024, Rhisnes (Belgique).

Agnès Pinard Legry - publié le 27/09/24
Le père Patrick Bodart, 45 ans, ordonné en juin dernier à Namur (Belgique), célèbre la messe avec un calice dont l'histoire est touchante. Le vase sacré appartenait à son grand oncle et on en avait perdu la trace depuis quarante ans. Retrouvé grâce à un appel à témoins, c’est désormais lui qui en aura l’usage le temps de son ministère. Plongée dans une histoire de famille et de foi.

Il est au cœur de la liturgie. Le calice, vase sacré qui reçoit lors du sacrifice de la messe le vin destiné à devenir le corps du Christ, fait partie de ces objets qui portent et emportent la foi des fidèles vers Jésus. Alors, quand en plus ce dernier se trouve être aussi une histoire de famille, difficile de l’oublier. Tout commence par une image gravée dans la mémoire du père Patrick Bodart. Dès son plus jeune âge, il entend parler de son grand-oncle, le père Ferdinand Bodart, ordonné prêtre en 1904 et curé de Rhisnes (Belgique) de 1931 à 1955. "C’était un prêtre très proche de ses paroissiens", confie à Aleteia le Patrick Bodart, 45 ans, ordonné en juin dernier. "En 1940, lors de la messe de Pentecôte, un bombardement a lieu, créant un mouvement de panique", se remémore-t-il. "Tous les participants se précipitent hors de l’église où mon grand-oncle donnera l’absolution générale." Au fil de la conversation, les souvenirs contés par les Anciens affluent. Son engagement sans faille pour restaurer le clocher de l’église, sa proximité avec chacun et sa grande qualité d’écoute. Décédé en 1968, Patrick Bodart se souvient d’une photo de son grand-oncle sur son lit de mort à côté d’un calice qui lui appartenait.

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Le calice du père Ferdinand Bodart.

Les années passent et née peu à peu chez Patrick le désir de consacrer sa vie au Christ. Lorsqu’il entre au séminaire de Namur, il garde en tête le souvenir de ce grand-oncle qui l’a précédé sur ce chemin mais aussi l’image de ce calice. Et la solide envie de le retrouver également. Plus il avance dans son cursus, plus sa volonté de le retrouver est grande. "J’ai écumé les ventes aux enchères publiques en essayant de le reconnaître mais sans succès", reprend-t-il. Peu avant son ordination, un ami du service liturgique du diocèse décide de partager cette recherche sur la page Facebook du diocèse. "C’est comme cela que l’on a retrouvé la trace du calice", s’amuse le père Patrick. Le père Libbrecht, curé à Rhisnes, lui apprend qu’il fait partie de l’inventaire des biens de la paroisse. "Le père m’a informé que si je le désirais, je pouvais l’avoir pour célébrer lors de ma messe d’ordination", se rappelle-t-il encore.

Chacun s’inscrit dans une histoire qui ne cesse de se construire.

Une proposition que Patrick Bodart a joyeusement accepté. "J’étais si heureux de pouvoir célébrer avec ce calice que mon grand-oncle avait lui-même tenu entre les mains", se remémore-t-il. "Chacun s’inscrit dans une histoire qui ne cesse de se construire. Il y a un siècle, mon grand-oncle a fait les mêmes gestes que moi lors de ma messe d’ordination. Il a prononcé les mêmes paroles", s'émerveille le jeune prêtre. "Il prit ensuite une coupe ; et, après avoir rendu grâces, il la leur donna, en disant : Buvez-en tous ; car ceci est mon sang, le sang de l’alliance, versé pour la multitude en rémission des péchés." (Mt 26, 27-28). "Cette phrase, cette si belle phrase que chaque prêtre répète en consacrant le vin en sang du Christ lors de la messe", Mais c’est un cadeau encore plus grand qui l’attendait. La fabrique d’église, établissement public chargé de gérer le temporel du culte dans une paroisse en Belgique, a accepté de lui prêter ce calice tout le temps de son ministère. Une convention a été rédigée afin d’officialiser ce prêt et le calice lui a été remis officiellement lors d'une messe célébrée à Rhisnes le 11 août.

Abîmé par les affres du temps, le calice, dont la dorure montrait plusieurs signes d’usure, est pour le moment en réparation. Mais le père Patrick Bodart devrait prochainement le retrouver. "Familialement, il y a une continuité, c'est celle de la transmission de la foi par ce signe visible qu’est l’eucharistie", assure-t-il. "Le calice est un signe de ce passage de la foi à d’autres fidèles, d’autres générations." Et le jeune prêtre de conclure : "Mais ce calice, comme moi, ne sommes que des intermédiaires, des passeurs. C’est le Christ qui est présent, c’est Lui qui passe et transmet !"

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