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Ces Belges qui ont fait la grandeur de l’Église catholique

GEORGES LEMAITRE

Georges Lemaître.

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Camille Dalmas - publié le 25/09/24
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De tous les catholiques, les Belges sont-ils les plus braves ? Voici huit grandes figures de l’histoire de l’Église qui montrent le zèle remarquable qui a animé le Plat Pays dans son histoire jusqu’à récemment.

Georges Lemaîtrel’inventeur du Big Bang

Lemaitre

Physicien, mathématicien, cosmologiste, théologien, prêtre et jésuite : Georges Lemaître, né à Charleroi en 1894, est un personnage unique en son genre. Rescapé de la Première Guerre mondiale pendant laquelle il est décoré de la Croix de guerre, cet intellectuel brillant décide de rejoindre les jésuites et est ordonné en 1920. Il se lance ensuite dans la recherche dans le domaine de la physique, fréquentant Harvard et le MIT avant de rentrer enseigner à Louvain. Ses travaux, reconnus par ses pairs, notamment Albert Einstein, le mènent à travailler sur l'expansion de l'univers et sur l'hypothèse de l'atome primitif, connue comme le Big Bang. Intellectuel de haut vol, écouté par Pie XII comme Jean XXIII, il prend la tête de l'Académie pontificale des sciences en 1960.

Père Damienapôtre des lépreux d’Hawaï

Jozef de Veuster est né en 1840 à Tremelo dans le Brabant flamand, qui intègre en 1859 les Picpuciens – pères des Sacrés-Cœurs de Jésue et de Marie, un ordre missionnaire, prenant alors le nom religieux de Damien. En 1863, encore séminariste, on l'envoie dans les îles du Pacifique, une destination dont il ne sait rien et qui le mène dans l'archipel d'Hawaï. Il y est ordonné et commence sa mission en construisant de nombreuses chapelles et en impliquant les communautés. L'archipel est alors frappé par la lèpre, et une île, Molokaï, est transformée par le gouvernement en léproserie. Le père Damien décide de s'y installer et devient le pasteur de près de 800 lépreux qui vivent dans des conditions très difficiles. En 1884, il contracte la lèpre. Bien que lâché par sa hiérarchie et critiqué par des missionnaires protestants envieux, il continue sa mission, attirant de nouveaux missionnaires, notamment la future sainte franciscaine Marianne Cope. Peu après mort en 1889, l'écrivain Robert Louis Stevenson enquête sur sa vie et publie un magnifique article pour prendre sa défense dans le Times. Il a été canonisé en 2009.

Roi Baudouinpieux souverain aimé par son peuple

BELGIUM - KING BAUDOUIN

La jeunesse du prince Baudouin est particulièrement difficile : il perd son grand-père puis sa mère dans des accidents tragiques et voit son pays plongé dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale. Le choix de son père de demeurer en Belgique pendant l'occupation allemande, considéré comme une faute par la majorité des Belges, le propulse sur le trône en 1951 à seulement 21 ans. Solitaire et pieux, il attend 9 ans avant de rencontrer l'amour de sa vie, l'aristocrate espagnole Fabiola de Mora y Aragon. Le couple ne réussira cependant jamais à avoir d'enfant, et Baudouin prépare alors son neveu Philippe pour qu'il lui succède. Le roi meurt en 1993 après deux années de maladie. Son décès provoque une vague d'émotion populaire dans tout le pays. Son style de vie emprunt de simplicité, sa défense des valeurs familiales et des pauvres, en ont fait un pilier de la société belge. Le lancement d'un procès en vue de sa béatification a été plusieurs fois évoqué.

Sœur Emmanuellepetite sœur des chiffonniers du Caire

SIOSTRA EMMANUELLE

Madeleine Cinquin est née à Bruxelles en 1908 dans une famille fortunée. Elle voit son père se noyer sous ses yeux à huit ans, un traumatisme qui la rapproche de Dieu. Contre l'avis de sa mère, elle rejoint la congrégation de Notre-Dame de Sion en 1929 et prononce ses vœux deux ans plus tard, prenant le nom qui la rendra célèbre : sœur Emmanuelle. Envoyée en Turquie et en Tunisie où elle enseigne dans des établissements huppés, elle commence à douter de sa mission, et est renvoyée à Paris puis à Istanbul. Finalement, on l'envoie en Égypte pour enseigner dans un collège chic d'Alexandrie, mais elle se désintéresse totalement de ses élèves et commence à s'occuper des filles d'un quartier défavorisé. Inspirée par le père Damien, elle profite de sa retraite en 1971 pour se donner entièrement aux pauvres. Elle s’installe alors dans un bidonville du Caire où elle va vivre au milieu des chiffonniers. Soutenue par le gouvernement et vite reconnue à l'étranger, d'où affluent les dons, elle va scolariser des milliers d'enfants et donner un toit et de la nourriture à de nombreuses familles. Elle se retire finalement en France en 1993, à 85 ans, mais continue de s'occuper de SDF et de soutenir son association pour les pauvres du Caire. Elle meurt à un mois de ses 100 ans, en 2008.

Julienne de Cornilloninventrice de la Fête-Dieu

Née à la fin du XIIe siècle à proximité de Liège, Julienne perd ses parents en bas-âge et est confiée à des religieuses du mont Cornillon, d'où son nom. Elle rejoint leurs rangs à 14 ans. Mystique particulièrement sensible à la dévotion eucharistique, elle reçoit de mystérieuses visions dans sa jeunesse sans les comprendre. En 1222, elle devient prieure de sa communauté et comprend alors le sens des visions qui la hante : elle doit créer une nouvelle fête religieuse consacrée au Saint-Sacrement. Avec la bienheureuse Ève de Liège, elle compose alors l'office et obtient le soutien de l'archidiacre de Liège, Jacques Pantaléon, futur pape Urbain IV, mais pas de la population liégeoise, qui ne veut pas d'un jour de jeûne en plus. Julienne meurt en 1528, sans avoir assisté à ce qui sera plus tard connu comme la Fête-Dieu. Ève de Liège poursuit cependant son œuvre et la fête est finalement adoptée en 1246, puis étendue à toute l'Église en 1264 par Urbain IV.

Jan Van Eyckpeintre de l’Agneau mystique

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De Jan Van Eyck, on ne connaît que peu de choses sur sa vie. Natif, dit-on, de la région de Liège, en 1395, il est tenu pour un des plus grands maîtres de l'école de peinture à l'huile flamande. Son chef d'œuvre incontesté est l'Adoration de l'Agneau mystique, un polyptyque splendide se trouvant dans la cathédrale de Saint-Bavon de Gand, qui aurait été commencé par son frère Hubert et que Jan aurait achevé en 1432, à la demande de Joos Vijd, échevin de cette puissante cité marchande. En véritable catéchiste, le peintre raconte des épisodes bibliques en alliant une peinture plus "naturaliste" à un symbolisme pleinement médiéval. Le panneau central, qui donne son titre à l'œuvre, représente un épisode particulièrement significatif de l'Apocalypse de Jean : "Ils se tenaient devant le trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, portant des branches de palmier à la main."

Léon-Joseph Suenenspilier du concile Vatican II

Né à Ixelles en 1904, Léon-Joseph Suenens rejoint le grand séminaire de Malines à la fin de sa scolarité et devient rapidement un éminent professeur de philosophie, avant d'occuper le poste de recteur de l'Université de Louvain pendant la Seconde Guerre mondiale. Proche des milieux charismatiques, il est nommé archevêque de Malines-Bruxelles en 1961 et est créé cardinal par Jean XXIII l'année suivante. Le pontife lui confie ensuite la tâche la plus importante de sa vie, celle de modérateur – ils furent quatre - lors du Concile Vatican II. Son rôle pendant tout le concile fut déterminant. Il démissionne en 1979 et meurt en 1996 à l'âge de 92 ans.

Adrien VIun pape presque belge

Il n’y a pas de pape belge… ou presque pas. Adriaan Floriszoon Boeyens est né à Utrecht aux Pays-Bas. Cependant, le nom de ce prêtre reste attaché à l'université de Louvain, où il a enseigné la théologie entre 1476 et 1507, occupant le poste de recteur puis de chancelier. Il devient ensuite le précepteur de Charles Quint à Gand puis en Espagne, où il est nommé archevêque de Tortosa, puis est créé cardinal à la demande de l'empereur. Il est ensuite élu pape à la surprise générale en 1522, sans même avoir participé au conclave. L'intellectuel, réputé pour son austérité aurait accueilli la nouvelle avec un soupir, et choisi, contre tous les usages, de garder son prénom, devenant Adrien VI. À Rome, il surprend par son indépendance et sa vie simple et pieuse, réduisant drastiquement le faste de la cour pontificale. Proche des pauvres et théologien intransigeant, il reconnaît les torts de la curie romaine qui ont entraîné la Réforme et s'attaque aux abus du clergé, ce qui lui vaut de très nombreux ennemis. À Rome, on commence à honnir ce barbare "buveur de bière" qui combat vaillamment la corruption. Il aurait à l'époque confié à un ami :  "Comme on serait mieux si j’étais encore paisiblement à Louvain !". Il meurt en 1523 sans avoir parvenu à instaurer sa réforme des institutions, au grand soulagement de la Curie romaine.

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