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Si Internet est un baromètre de la popularité des saints, nul doute que Pio de Pietrelcina tienne l’une des premières places dans le cœur des fidèles. Cela ne va pas d’ailleurs parfois sans dérives, certains sites se risquant à des affirmations un peu délicates, tel celui qui n’hésite pas à présenter le saint capucin comme « la réincarnation du Christ », ce que certains internautes ignorants pourraient à tort prendre au pied de la lettre. Sans doute faut-il comprendre, et cela serait vrai, que le religieux est parvenu à vivre parfaitement sa vocation sacerdotale, conformé tout entier à son Seigneur crucifié, par les stigmates devenant à l’autel et ailleurs, un alter Christus, un autre Christ.
Une vocation qui effraie les démons
Cet idéal, il faut l’avouer, est terrifiant et le curé d’Ars l’a bien dit : « Si l’on savait en ce monde ce qu’est le prêtre, on en mourrait », y compris les prêtres eux-mêmes saisis d’effroi devant ce que Dieu leur demande. Car l’autre Christ devient l’Agneau immolé pour le salut du monde, confronté à la nuit du jardin des Oliviers, au sentiment de l’abandon et de l’à quoi bon devant l’ingratitude de ces hommes qui ne comprennent rien, ne savent pas ce qu’ils ont coûté à Dieu. Il y a de quoi s’enfuir, épouvanté, du moins si l’on prend la vocation au sérieux.
Et Francesco Forgione, l’enfant qui devint le frère Pio, l’a toujours prise terriblement au sérieux, car sa proximité, depuis l’enfance, avec le monde invisible, lui a permis de voir les enjeux de la partie entamée entre Dieu et le diable : rien moins que le salut des âmes. Cela suffit à expliquer pourquoi une vocation si profondément comprise et appréhendée a effrayé les démons, conscients des dégâts que ce petit jeune homme souffreteux, frêle et constamment malade, infligera à leur empire. Aussi feront-ils obstacle tant qu’ils le pourront à son ordination, la retardant à défaut de l’empêcher, s’ingéniant à lui susciter d’incompréhensibles ennuis de santé qui l’écartent de son couvent, lui interdisent d’étudier. Il faudra finalement le sacrifice d’une de ses bienfaitrices, qui offre les souffrances de son cancer et sa mort pour permettre au jeune religieux de « s’avancer enfin vers l’autel du Dieu qui réjouit sa jeunesse ».
Au rendez-vous du Golgotha
Jésus lui-même va se faire l’enseignant de son nouveau ministre, lui faire comprendre et vivre de l’intérieur ce qu’est le sacrifice de la messe, ce qui explique le grave recueillement de Padre Pio quand il célèbre, la durée de ses messes, qui lui sera reprochée, car il est véritablement le prêtre et la victime. Quand il sera stigmatisé, l’on viendra trop souvent le voir telle une attraction de foire, on l’accusera de fraude, mais ce qu’il aurait fallu contempler, ce sont simplement ses messes, qu’on lui interdira de célébrer en public, comme on lui interdira de confesser et remettre les péchés, alors que tout le prêtre est dans ces deux fonctions.
Longues, certes, ses messes, comme les trois heures de l’agonie au calvaire que Pio revit dans sa propre chair, offert, immolé lui aussi, par amour du Bien Aimé crucifié, des âmes et de l’Église. Dix prêtres de son espèce suffiraient à triompher des enfers mais, ainsi que Jésus le lui révèle en mars 1913, les prêtres ne sont pas au rendez-vous du Golgotha. Pio reçoit en ce printemps des révélations qui l’emplissent de douleur mais l’aideront, lui, à assumer son rôle de réparateur. Le Christ en larmes lui dit :
« Mes ministres que j’ai aimés d’un amour de prédilection devraient réconforter mon cœur broyé de chagrin et m’aider à sauver les âmes. […] Ne crois pas que mon agonie n’ait duré que trois heures, à cause des âmes qui me sont le plus chères, je serai en agonie jusqu’à la fin du monde. Pendant mon agonie, il ne faut pas dormir. Mon cœur est à la recherche de quelques larmes de compassion humaine mais on me laisse seul sous le poids de l’indifférence. L’ingratitude et la léthargie de mes ministres rendent mon agonie plus pénible. Comme ils répondent mal à mon amour. »
Des mains trouées, mutilées, sanglantes
Et Jésus d’évoquer l’hypocrisie et les mensonges de trop nombreux clercs qui ne croient plus au mystère qu’ils célèbrent indignement, se rendant coupables de sacrilèges. Dans une vision, Il montre à Padre Pio l’innombrable procession de ceux qui, des sommets de l’Église jusqu’en bas, profanent l’Eucharistie, infligeant par leurs mains indignes des blessures supplémentaires au Supplicié qui, dans une plainte d’agonie, les larmes ruisselant sur ses joues ensanglantées, finit par gémir en les regardant : « Bouchers ! », ce qui ouvre dans l’âme du pauvre capucin une blessure qui ne se refermera plus.
« Seigneur, je voudrais que toutes ces mains consacrées qui vous touchent soient des mains amies dont le contact vous soit doux » dit une vieille prière pour les vocations et les prêtres. Padre Pio fera en sorte, toute sa vie, que ce soit le cas des siennes, trouées, mutilées, sanglantes, conformes à celles du Crucifié qui lui fait face quand il célèbre. Et ses messes, pour des milliers de gens, rappelleront que tout cela est vrai, qu’il s’agit bien du renouvellement non sanglant du sacrifice du Calvaire et qu’il faut prendre cette histoire terriblement au sérieux. C’est cette vérité qui permettra à Padre Pio d’assurer aux pécheurs repentants, grands coupables parfois, qui gémiront qu’il est trop tard pour eux : « Tu as coûté trop cher à Jésus pour qu’Il t’abandonne. »
Pour aller plus loin :
La nuit du 22 septembre 1968, un visiteur apostolique frappe à la porte du couvent de San Giovanni Rotondo en Italie. Il veut avoir un dernier entretien avec le Padre Pio. Convaincu de la supercherie autour des miracles attribués au vieux moine stigmatisé, il espère obtenir du capucin à l’agonie une ultime confession qui révélerait au grand jour la vérité. Padre Pio consent à lui raconter sa vie…