Jeudi, le Vatican donnera une conférence de presse sur le sanctuaire de Medjugorje (Bosnie-Herzégovine). Nombre de journaux italiens, mais aussi anglophones ou hispanophones, ont déjà fait leurs titres sur cet évènement qui suscite un grand intérêt, étant donné que ce lieu d’apparitions mariales présumées depuis les années 1980, fait preuve d’une attention toute particulière du Saint-Siège cette dernière décennie.
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Ces derniers mois, le dicastère pour la Doctrine de la foi, doté de nouvelles normes d’investigation sur les phénomènes surnaturels depuis mai, s’est prononcé sur divers lieux de dévotion. Après Pellevoisin, Amsterdam ou encore Fontanelle, Rome va passer au crible "l’expérience spirituelle" du célèbre sanctuaire de Medjugorje qui attire chaque année plus d’un million de pèlerins. Mais cette fois-ci, le verdict sera annoncé d’une façon sensiblement différente : alors que les autres lieux ont suscité la publication d’une lettre, Medjugorje a droit à une conférence de presse qui fait couler déjà beaucoup d’encre par anticipation. Et pour cause : la légitimité de cette dévotion et la gestion de ce sanctuaire sont au cœur de controverses.
Pèlerins au sanctuaire de Medjugorje.
Ajdin Kamber | Shutterstock
Le Vatican a lancé une commission d’enquête en 2010, sous Benoît XVI, puis le pape François a nommé en 2018 un "visiteur apostolique" afin d’encadrer les dévotions et les pèlerinages autour de ce site, où les apparitions n’ont pas été formellement reconnues par le Saint-Siège. Le préfet du dicastère pour la Doctrine de la foi, le cardinal Victor Manuel Fernández, analysera donc ce phénomène initié autour de six "voyants"– qui étaient des enfants au moment des premières apparitions en 1981 – à la lumière des nouvelles normes. Celles-ci établissent un barème de six niveaux pour permettre de statuer, allant du "nihil obstat" – feu vert pour la dévotion – au "constat de caractère non-surnaturel" – correspondant à un voyant rouge. Sauf intervention du Pape, les normes expliquent que Rome ne reconnaîtra jamais la surnaturalité du phénomène étudié.
Des détails à clarifier
Le cardinal Fernández avait déjà évoqué le dossier Medjugorjeil y a quatre mois en présentant les normes d’investigation. "Il n’y pas de conclusion encore mais avec ces normes nous pensons que ce sera plus facile d’avancer et de parvenir […] à une conclusion de prudence", avait-il confié. "Mais même en supposant qu’il y ait un nihil obstat, peut-être devra-t-on clarifier que certains détails ne doivent pas être pris au sérieux", avait précisé le prélat argentin. Et de glisser : "Si je me souviens bien, la Madone là-bas donnait des ordres, sur l’horaire, le lieu, ce que devait faire l’évêque… Cela doit être clarifié".
Nikola Mijic | Shutterstock
Pour le Vatican, "un phénomène peut être considéré bon, non dangereux à l’origine, et présenter des problèmes dans son développement", avait-il souligné. Il avait également recommandé de ne pas canoniser le voyant d’une apparition. "Il n’est pas dit du tout qu’il soit saint. […] Le voyant peut être une bonne personne aujourd’hui, et demain peut faire n’importe quoi. Il est libre et faible comme tout le monde", avait asséné le cardinal gardien du dogme.