L’adolescence rime parfois avec oppositions et montagnes russes émotionnelles. Plus ou moins compliquée, cette période demande attention, souplesse et bienveillance aux parents parfois démunis face aux réactions et aux choix de leur adolescent. Les parents ont aussi des raisons de s’inquiéter tant les dangers du monde sont nombreux. Laëtitia Hassoun, psychologue et auteur du livre Mon ado m’inquiète (Mame), souhaite équiper les parents pour vivre cette étape de façon apaisée.
1Rester à sa place
En écho à leur propre histoire, certains parents ont tendance à redevenir adolescent avec leur adolescent. Soit pour réparer les erreurs de leur jeunesse, soit pour pimenter leur quotidien et vivre ce qu’ils n’ont pas vécu à ce moment. Pourtant, "une jeune fille a besoin de son père comme d’un homme stable de 50 ans", met en garde Laëtitia Hassoun. "L'adolescence de son enfant demande au parent un humble retour à sa propre histoire pour mieux se comprendre et ajuster son comportement dans sa vie d’aujourd’hui", explique la psychologue. L’histoire de chaque conjoint, les principes éducatifs, les relations avec le jeune, tout ceci entre en jeu pour construire, ensemble, un nouvel équilibre.
2Détecter les signaux d’alarme
Le monde d’aujourd’hui n’est pas le même que celui qu’ont connu les parents de l’adolescent. Laëtitia Hassoun s’est intéressée aux chiffres actuels. "Le taux d’anxiété et les crises d’angoisse ont fortement augmenté. Le monde extérieur est intense, les adolescents sont davantage malmenés, constate-t-elle, mais les parents peuvent apprendre à détecter les signaux d’alarme". "Une crise suicidaire peut parfois survenir, même chez les adolescents qui ne sont pas dépressifs", souligne-t-elle. Ces idées peuvent se présenter un court instant ou durer plusieurs semaines. Les parents doivent avoir en tête que le questionnement sur le sens de la vie va de paire avec la réflexion sur la possibilité de la mort. L’écoute bienveillante d’un oncle, d’un professeur, d’un parent, d’un professionnel aura toute son importance pour accompagner le jeune, lui redonner un élan de vie et l’aider à résoudre ses difficultés.
Par ailleurs, "un adolescent en souffrance est très souvent révélateur d’une souffrance ou d’un dysfonctionnement familial", poursuit Laëtitia Hassoun. Tel a été le cas d’un adolescent exclu du lycée alors que son comportement était habituellement bon. Il s’est avéré qu’en agissant ainsi, cela lui permettait d’être quotidiennement à la maison pour aider sa mère sévèrement malade. Dans ce cas, l’adolescent va souvent mieux quand la famille est prise en charge.
3Donner confiance en l’avenir
De plus en plus de jeunes craignent de rejoindre le monde des adultes. Comment les parents peuvent-ils témoigner à leur adolescent que grandir est enthousiasmant ? "Le vieillissement est quelque chose de compliqué en Europe", observe Laëtitia Hassoun. "Ne pas vouloir vieillir, ou passer trop de temps à se plaindre de son travail ou de la société sont des freins pour le jeune." Certains groupes (associations sportives ou caritatives, scouts, clubs) peuvent donner envie aux adolescents d’explorer le monde, d’y voir tout ce qu’il y a de beau et de positif. Une curiosité et une confiance en l’avenir permettront à l’adolescent de s’épanouir et d’oser aller de l’avant.
4Fixer des limites
"Mon fils de 15 ans ne cesse de négocier", s’agace Marie, maman de trois garçons tous adolescents. "Sur les sorties par exemple, quelque soit l’heure fixée pour rentrer, il demandera toujours 30 minutes de plus. C’est exténuant." La psychologue confirme : l’adolescence est une période de recherche de limites, mais ces limites sont bonnes. "Le jeune a besoin de savoir qu’il y a certaines choses qu’il ne choisit pas, et il sera bon de lui ré-apprendre comment choisir, comment mesurer les conséquences de ses actes, comment persévérer. Ces compétences sont des apprentissages extrêmement importants."
Finalement les parents ont devant eux leur enfant et tout son potentiel. Comme lorsqu'il était tout petit, les parents voient leur enfant et toutes les possibilités qui s’offrent à lui. S’ils ont des inquiétudes, Laëtitia Hassoun conseille de suivre cette piste en toute simplicité et avec humilité. "L’inquiétude est toujours légitime, il est bon de la suivre pour savoir où elle va mener et ce qu’elle mettra en lumière, sinon elle risque de se transformer en angoisse ou en peur." Accompagner ce devenir, cette liberté dont l’adolescent doit se saisir, est un beau chemin à parcourir en famille.
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